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Cynips : Une nouvelle donation de la Brasserie Pietra pour sauver la châtaigneraie corse


Nicole Mari le Mercredi 14 Octobre 2015 à 21:33

La Brasserie Pietra a remis, le 14 octobre, à Murato, à la filière castanéicole, un chèque de 10000 € pour soutenir la lutte contre le cynips qui décime la châtaigneraie corse. Cette donation, qui s’inscrit dans un plan de financement quinquennal initié en 2013, atteint, globalement, 40 000 €. La Brasserie a, ainsi, aidé à financer 900 lâchers de Torymus sinensis, le prédateur du cynips, sur l’ensemble des châtaigneraies impactées. Une nouvelle campagne de lâchers est programmée au printemps 2016. Dans les zones traitées, les premiers résultats positifs sont déjà visibles. Dominique Sialelli, PDG de la Brasserie Pietra, explique, à Corse Net Infos, les raisons de ce partenariat. En vidéo, Jean-Yves Acquaviva, producteur et président du syndicat de l’AOP-farine de châtaigne, fait le point de la situation. Egalement le témoignage de Ludovic Biaggi, castanéiculteur de Murato.



Dominique Sialelli, PDG de la Brasserie Pietra, entouré des représentants de la filière castanéicole, sur l'exploitation de Ludovic Biaggi à Murato.
Dominique Sialelli, PDG de la Brasserie Pietra, entouré des représentants de la filière castanéicole, sur l'exploitation de Ludovic Biaggi à Murato.
- Pourquoi avez-vous décidé de participer à cette opération de préservation de la châtaigneraie ? Est-ce pour préserver une matière première que vous utilisez ?
- Oui ! La bière Pietra est, effectivement, basée sur la farine de châtaigne. Nous en avons donc besoin. Depuis trois ans, nous sommes très alertés sur cette problématique qui se pose aux castanéiculteurs corses. Mais, ça va au-delà ! Voir le châtaigner menacé en Corse, c’est vraiment un pan de la culture, de l’histoire et de l’âme de la Corse qui est menacé. Notre participation a une dimension citoyenne. Nous essayons d’aider les castanéiculteurs à surmonter cette phase difficile qui durera, encore, quelques années.
 
- Donnez-vous là votre troisième chèque ?
- Tout à fait ! Nous avons établi un programme sur cinq ans pour donner 10 000 € par an. Nous l’avons accéléré l’année dernière parce qu’il fallait intensifier la lutte. Nous avons, donc, donné 20 000 €. Nous venons de remettre notre troisième chèque d’un montant de 10 000 €. Nous continuerons à aider le temps qu’il faudra. Nous serons là auprès des castanéiculteurs. Il n’y a pas de souci !
 
- Est-ce le manque de moyens des pouvoirs publics qui forcent, de plus en plus, les industriels corses à s’impliquer dans ce type d’opération ?
- Ce sont des actions complémentaires. Toutes les énergies doivent aller dans le même sens. Les Brasseries Pietra sont au cœur de cette problématique, donc nous intervenons. Des souscriptions ont été proposées aux citoyens. Beaucoup de personnes ont rejoint cette démarche. L’action des pouvoirs publics est une action de longue haleine. Des programmes ont été développés par l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse) pour aider les castanéiculteurs au niveau de leurs pertes d’exploitation.
 
- L’absence de châtaignes a-t-elle un impact sur la production de la Pietra ?
- Non ! Nous en utilisons plusieurs tonnes comme céréale de fermentation. La production actuelle ne représente que 30 à 35 % de la production normale, antérieur à la crise du cynips. Nous traversons, donc, une phase un peu critique, mais nous avons atteint le point bas de la crise. Nous commençons à voir les résultats de la politique de sauvegarde. Même si c’est un peu tôt pour l’observer sur le fruit, l’amélioration est déjà sensible au niveau du feuillage. Tous les producteurs, que nous rencontrons, nous disent qu’ils ont des espérances positives de voir, l’an prochain ou dans deux ans, la production remonter de manière significative.
 
- Ces proliférations de maladie sur des matières premières alimentaires génèrent-elles des changements de comportement chez les industriels ?
- Oui ! Nous vivons des périodes de grand dérèglement avec le changement climatique, la mondialisation des maladies et des bactéries. Quand nous avons la possibilité d’intervenir, comme nous l’avons sur le cynips, il faut le faire. Il faut lutter quand on peut. Avec la châtaigne, nous étions dans un cas de figure où nous pouvions participer à cette lutte. C’est différent de la xylella sur les oliviers. Je me mets à la place des producteurs d’huile d’olive ! Toucher, en Corse, au châtaigner, à l’olivier et à la vigne, c’est vraiment toucher aux fondements de la culture et de l’économie corses.
 
- Ces maladies, qui touchent le terroir, ont-elles un impact sur les comportements des consommateurs ?
- Les gens sont de plus en plus attirés vers des produits locaux, des produits de terroir, de qualité. La farine de châtaigne, c’est terroir ! L’huile d’olive, c’est terroir ! Les marchés sont bien orientés pour toutes ces catégories de produits en Corse. L’agroalimentaire corse de qualité se porte plutôt très bien dans tous les domaines.
 
- Comment se portent les Brasseries Pietra ?
- Ça va ! Comme il a fait chaud, ce fut une bonne année pour l’eau et la bière. Nous sommes en train d’agrandir nos unités de production et d’accroître nos capacités. Nous inaugurerons, en début d’année prochaine, une toute nouvelle ligne d’embouteillage.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Jean-Yves Acquaviva, président du syndicat de l’AOP-farine de châtaigne : « Il faudra 2 ou 3 ans pour retrouver une récolte à peu près normale »
Ludovic Biaggi, castanéiculteur à Murato : « Je suis confiant ! »


Lutte contre le cynips : Premiers bilans
 
Le cynips, qui est apparu dans l’île en 2010, s’est progressivement propagé sur l’ensemble du territoire, à l’exception de la région d’Evisa. 246 communes sont infectées dont 191 en Haute-Corse et 55 en Corse du Sud. Cette crise a provoqué l’effondrement de la filière AOP-farine de châtaigne avec des chutes récurrentes de productions allant de 50 % à 100 %. La production 2015 atteindra, comme en 2014, 34 tonnes contre 110 tonnes en 2010.
Le seul prédateur du cynips est le Torymus sinensis un parasite qui le neutralise en pondant, au printemps, ses œufs dans les galles vertes (loge du cynips). Des souscriptions, l’aide de l’ODARC et de partenaires privés, comme les Brasseries Pietra, ont permis de mettre en place un dispositif de lutte biologique. Quatre campagnes de lâchers de Torymus ont déjà eu lieu en 2011, 2012, 2013, 2014-2015. Au printemps 2016, est prévu un minimum de 300 lâchers. Sur les sites des lâchers de 2010, le taux de parasitisme atteint des records : 500 Torymus pour 1000 galles. Des améliorations de l’aspect général de l’arbre sont visibles : moins de galles, des feuilles saines, un feuillage plus dense et un début de récolte.
 
Toute personne ou entreprise souhaitant participer au programme de soutien à la châtaigneraie corse peut s’adresser au :
GRPTCMC ou Syndicat AOP Farine de châtaigne corse.
Tel : 06 70 06 50 45
grptcmc@wanadoo.fr
www.salvemuicastagni.org