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Christophe Canioni lance une plateforme politique en vue des prochaines élections territoriales


Nicole Mari le Vendredi 28 Juillet 2017 à 20:45

Le président d’Avene Corsu, conseiller territorial non-inscrit, en dissidence du groupe Front National à l’Assemblée de Corse, Christophe Canioni, a annoncé, vendredi matin, la création d’une nouvelle plateforme politique, « Leia Corsa », « Alliance Corse », afin de regrouper des courants de pensée et des personnes autour de deux piliers : l’autonomie et l’immigration. L’objectif est de fédérer les initiatives pour élaborer un programme et constituer une liste en vue des élections territoriales de décembre prochain.



Christophe Canioni, président d’Avene Corsu, conseiller territorial non-inscrit, en dissidence du groupe Front National à l’Assemblée de Corse.
Christophe Canioni, président d’Avene Corsu, conseiller territorial non-inscrit, en dissidence du groupe Front National à l’Assemblée de Corse.
- Vous annoncez la création d’une plateforme politique. De quoi s’agit-il ?
- Avene Corsu, lors de la réunion du Comité exécutif, le 15 juillet dernier à Saint Pierre de Venaco, a décidé la création d’une plateforme que nous avons appelée « Leia corsa », « Alliance Corse », dont la vocation est de regrouper tous les courants de pensée, les mouvements politiques, les associations, les personnes qui partagent nos valeurs et nos idées. Nous les appelons à rejoindre cette plateforme dans le cadre de la création d’une grande famille politique de la droite insulaire, corsiste et autonomiste, en vue des élections territoriales de décembre prochain.
 
- Quelles raisons vous ont poussé à créer cette plateforme ?
- Aujourd’hui, il y a une diversité de courants de pensée dans notre famille politique. Les réunir au sein d’un même mouvement ne nous paraissait pas la meilleure solution, d’autant qu’il y a, comme dans d’autres courants, des querelles de chapelle. Nous ne voulions pas un parti monolithique, mais intégrer la diversité pour qu’elle ne soit plus dispersée, pour créer une synergie et pour porter, à travers l’élaboration d’un programme et la constitution d’une liste, les valeurs que nous défendons à l’Assemblée de Corse.
 
- Sur quelles valeurs fondez-vous cette alliance ?
- Nous sommes une droite libérale qui défend un corpus idéologique basé sur les valeurs de la Corse éternelle et sur notre religion. Même si une formation a sa propre sensibilité qui peut être sociale ou de gauche, tout doit graviter autour de deux piliers phares : le principe d’autonomie et la question de l’immigration.
 
- Quel type d’autonomie défendez-vous ?
- Une autonomie dans le cadre de l’Europe. Nous sommes pour l’Europe des nations et des régions autonomes. Les nations existent, il ne s’agit pas de les détruire pour fragmenter l’Europe. Nous ne sommes pas dans cet esprit-là. La Corse doit s’inscrire comme une région autonome dans l’ensemble européen, comme la Catalogne, la Sardaigne, les Iles Baléares, l’Ecose... Nous devons pouvoir mener nous-mêmes notre politique sur les plans économique, social et culturel, sur le plan de la diplomatie et des relations avec les autres régions. Nous le faisons déjà, mais ce n’est pas suffisant ! Il faut une espèce d’émancipation, ce qui ne veut pas dire une coupure, il ne faut rien couper du tout ! Au contraire, il s’agit d’une intégration avec la possibilité, dans le cadre d’une autonomie, de nous gérer nous-mêmes.
 
- Comment appréhendez-vous la question de l’immigration ?
- Je me suis engagé, il y a des années en arrière, dans un mouvement national parce que la question de l’immigration était, pour moi, très importante. Elle continue à l’être. Il est clair qu’elle l’est aussi pour les membres d’Avene Corsu, comme pour les personnes qui nous rejoignent dans le cadre de cette plateforme. Il est hors de question, pour nous, - je le dis et je le répète – d’avoir une attitude raciste ou xénophobe vis-à-vis de tel ou tel pays. J’étais en Tunisie en mars et j’ai discuté de cette question avec des Tunisiens, des Libyens et d’autres. Là-bas, ils comprennent très bien parce qu’ils subissent l’assaut des flux migratoires venus d’Afrique sub-saharienne. Dans le cadre de l’autonomie de la Corse, nous devons maîtriser les flux migratoires. C’est très important.
 
- C’est-à-dire ?
- On ne peut pas raisonnablement continuer à faire comme si rien n’était, c’est criminel ! La Corse demande la maîtrise des transports et de l’énergie. Au même titre, nous voulons que la future collectivité de Corse, dans un avenir proche, puisse avoir la maîtrise de ses flux migratoires. Démocratiquement, les Corses s’exprimeront. S’ils donnent une majorité à des partis politiques favorables à une immigration, nous en prendrons acte. Et, ça continuera ! S’ils demandent un contrôle des flux migratoires, la majorité, qui sera issue des prochaines élections, devra faire en sorte que ça le soit. Nous n’avons plus les capacités d’accepter tout le monde. Il suffit de regarder les chiffres. La Corse est une des régions les plus pauvres de France avec 29 000 chômeurs. C’est là où les différences entre riches et pauvres sont les plus importantes.
 
- De quels flux migratoires parlez-vous : seulement ceux concernant les étrangers, ou également ceux concernant les Continentaux ?
- La politique migratoire concerne tous ceux qui sont en dehors de Corse. Maintenant, il faut distinguer l’immigration de sécurité qui vient du Nord de l’Europe. Des gens, retraités pour la plupart, viennent en Corse rechercher, - ils le disent-, la sécurité et le bien-être. Nous pouvons encore les leur offrir ! Et puis, il y a l’immigration de travail en provenance des pays de l’Est, d’Europe centrale, qu’il faut maîtriser. Enfin, il y a l’immigration la plus importante qui vient des pays du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne. Il faut être pragmatique ! Ces gens n’ont rien et sont en demande, ils vont travailler dans des entreprises de bâtiment pour 3 sous… et vont mettre en concurrence les entreprises et les salariés en Corse. Ce n’est pas possible ! Cette immigration bouleverse tous nos équilibres, notamment énergétiques. Sa maîtrise est importante.
 
- Pensez-vous que l’immigration soit une préoccupation en Corse ?
- Oui ! On le voit bien à chaque élection, notamment le score d’un certain parti politique aux dernières présidentielles, on ne peut pas dire que les gens ont voté ainsi pour se faire plaisir. Il y a véritablement un malaise. D’une manière ou d’une autre, qu’on le nie ou pas, cette question sera devant nous et nous risquons, un jour, d’avoir, des problèmes très graves. Nous serons, à un moment donné, forcés d’apporter des réponses aux questionnements des Corses. Nous pensons qu’il vaut mieux prévenir que guérir !
 
- Conduirez-vous la liste aux prochaines territoriales ?
- C’est une décision qui se prendra démocratiquement avec les adhérents et les responsables des structures qui ont rejoint cette plateforme. Tout le monde aura son mot à dire, mais, en principe, étant conseiller territorial et disposant d’une certaine expérience, la logique voudrait que je sois tête de liste.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.