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Libération de la Corse : L'hommage aux Goumiers à Teghime


Nicole Mari le Jeudi 3 Octobre 2013 à 20:49

A la veille de la venue de François Hollande pour commémorer le 70ème anniversaire de la libération de la Corse, le ministre des anciens combattants, Kader Arif, a rendu, jeudi après-midi, hommage aux Goumiers marocains qui ont participé à la bataille de Teghime. En présence de Goumiers revenus en Corse pour l’occasion, d’élus de Haute-Corse et d’écoliers, il a lancé un message de paix, de fraternité et de courage.



Le ministre des anciens combattants et les Goumiers devant la stèle de Teghime.
Le ministre des anciens combattants et les Goumiers devant la stèle de Teghime.
« Il s’appelait Addou, Ahmed, Ali, Aqqa, Bassou, Hamou, Jean, Lhaboub, Lhassen, Mohammed, Nasser. Ils ont fait le sacrifice de leur vie. Durant trois jours de combat obstiné, souvent au corps à corps, 49 hommes sont tués, 130 blessés. Teghime tombe le 3 octobre, dans l’après-midi, ouvrant la voie vers Bastia. Le 4 octobre 1943, la Corse est le 1er département français à être libéré. » En quelques phrases, un panneau, au pied de la stèle commémorative du col de Teghime, résume ce que la Corse doit aux Goumiers marocains, venus se battre et mourir loin de chez eux pour aider à libérer un pays qui n’est pas le leur. La stèle, qui rappelle le souvenir de ces sacrifices dans les deux langues, français et berbère, est unique en France. Alors, malgré le vent glacé qui soufflait sur le col de Teghime, jeudi après-midi, c’est avec beaucoup d’émotion qu’un hommage a été rendu à ces combattants de la liberté. Pour l’occasion, certains survivants, âgés de 90 à 104 ans, ont retraversé la Méditerranée et sont revenus, pour la 1ère fois, sur la terre corse, sans avoir rien oublié de la dureté des combats.
 
L’émotion du ministre
Devant les caméras des télévisions françaises et marocaines, en présence de quelques personnalités politiques de Haute-Corse, le député Sauveur Gandolfi-Scheit, le président du Conseil général Joseph Castelli, le maire de Bastia Emile Zuccarelli, le leader nationaliste Gilles Simeoni, l’élu communiste Michel Stefani, le maire de Barbaggio Etienne Marchetti, mais aussi le Consul du Maroc et le préfet Alain Rousseau, ils ont écouté le ministre des anciens combattants, Kader Arif, expliquer combien il tenait à être là pour leur rendre hommage. Avec une émotion visible, le ministre a rappelé leurs faits d’armes, comment ils ont, après des combats acharnés, libéré les cols de San Stefanu et de San Leonardo. Sur la djellaba immaculée des survivants, resplendissent les nombreuses décorations qui attestent de leur bravoure.
 
Un engagement sans faille
« Teghime est l’un de ces endroits qui porte la mémoire de l’engagement des troupes marocaines dans la libération de la France… Loin de leur terre, épuisés par deux semaines d’âpres combats dans les maquis corses dont ils ignoraient tout, quelques jours auparavant, les soldats marocains maintiennent, sans relâche, la pression sur les troupes ennemies. La faim, la fatigue et la souffrance physique sont leur quotidien, ils puisent, alors, dans l’affinité de leur pays à la France et dans la volonté d’élever la liberté au-dessus de la barbarie, la force de poursuivre. Ils voient tomber leurs camarades au champ d’honneur français. Ils voient leurs frères d’armes corses mourir sur leur propre terre. C’est l’arrivée du 2ème groupement Tabor marocain qui permet de repousser définitivement l’ennemi. Au soir du 2 octobre, le col de Teghime est franchi, telle une frontière conduisant au pays de la liberté. Le 4 octobre, les Goumiers entrent dans la ville de Bastia », raconte Kader Arif.
 
Un message de fraternité
Le ministre lance, ensuite, un message de rassemblement, de fraternité et de tolérance à la jeunesse. « Préserver cette mémoire commune est la seule garantie d’une paix durable et solide au sein de la société, mais aussi entre les nations ». Avant de conclure, en s'interrogeant : «  Je ne sais pas ce que nous aurions fait si nous avions été à leur place. Aurions-nous eu le même courage ? Aurions-nous été capable d’un tel engagement ? Je ne sais pas ! La seule chose, que j’ai envie de vous dire, c’est que j’aurais aimé ressembler à ces hommes ! ».
Un message entendu par les écoliers des classes de CM1 et de CM2 de Patrimoniu qui, conduits par l’association US-Corsica, sont partis, le matin même, à pied de leur école, ont parcouru les sentiers de montagne et sont arrivés, vers 15 heures devant la stèle de Teghime. Une manière symbolique de commémorer la libération de leur village.
Après un dépôt de gerbes, la cérémonie s’est achevée par un magnifique Libera Me interprété par a Cunfraternità San Martinu di Patrimoniu (cf vidéo par ailleurs). L’hommage s’est poursuivi à Saint-Florent.
 
N.M.