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Itinéraire des patrimoines accessibles : Des projets concrets en Corse et en Toscane


Nicole Mari le Mercredi 10 Septembre 2014 à 00:36

Projet européen de coopération maritime transfrontalière entre l’Italie et la Corse ACCESSIT- Itinéraire des patrimoines accessibles est piloté par la Collectivité Territoriale de Corse (CTC), qui organisait, mardi 9 septembre, une journée de présentation des actions réalisées. Une délégation des partenaires ligures, sardes et toscans a découvert, le matin, le sentier du patrimoine de Penta-di-Casinca et le site archéologique de Mariana à Lucciana. Explications, pour Corse Net Infos, de Charles Pasqualini, coordinateur à l’Office de l’Environnement du sous-projet B du projet Accessit, suivies de celles de Maurizio Martinelli, fonctionnaire de la région Toscane en charge des musées.



Maires corses et partenaires du projet Itinéraire des patrimoines accessibles.
Maires corses et partenaires du projet Itinéraire des patrimoines accessibles.
- Quel est le but d’Accessit ?
- Le but est de proposer un grand itinéraire transfrontalier de découverte du patrimoine commun de l’ensemble des projets développés en région toscane, ligure, sarde et corse. Nous avons créé un premier réseau qui propose 19 itinéraires, soit des itinéraires de découverte physique, à pied, en voiture et même en bateau, soit des itinéraires virtuels. Par exemple, en Sardaine, nous avons créé un circuit reliant par bateau les 4 îles mineures. Ce projet prévoit, aussi, des visites culturelles virtuelles via des sites Internet pour des personnes âgées ou handicapées ou pour des touristes qui veulent venir en Corse et avoir, au préalable, une première approche du patrimoine local.
 
- Combien d’itinéraires ont été créés en Corse ?
- Six sentiers du patrimoine ont été ouverts, depuis deux ans, sur les communes de Serra-di-Scopamena en Alta Rocca, Vero et Cuttoli-Cortichiato dans la vallée de la Gravona, Penta di Casinca, Sorio di Tenda dans le Nebbiu et Lama en Balagne. Ces circuits ont été ouverts dans le cadre de la programmation 2007-2013 du Feader, Fonds de développement rural, sur lesquels 12 sentiers corses ont été programmés. Huit sont achevés. D’ici à la fin 2015, les 12 seront terminés. Le département de la Haute Corse propose une visite virtuelle du Musée Pascal Paoli de Morosaglia.
 
- Quels sont les premiers bilans ? Ces sentiers attirent-ils du monde ?
- Oui ! Aux dires des élus de Cuttoli, de Serra di Scopamene ou du maire de Penta, la demande est forte de la part d’un public externe, mais aussi de la population corse, pour redécouvrir ce patrimoine commun à l’ensemble des villages de la Corse. Par exemple, le maire de Cuttoli nous dit qu’il est fréquenté, chaque jour, par une cinquantaine de personnes.
 
- D’autres projets sont-ils prévus ?
- Accessit étant terminé, nous nous inscrivons dans une démarche à plus long terme dans la période de programmation 2014-2020. Là, nous avons déposé, dans le cadre du futur plan de développement rural de la Corse, une nouvelle demande d’ouverture d’une ligne spécifique « Sentiers du patrimoine ». Ceci, au vu des résultats très positifs enregistrés sur la période précédente.
 
- Allez-vous ouvrir d’autres sentiers du patrimoine en Corse ?
- Nous allons, en effet, ouvrir deux nouveaux sentiers. Mais, l’objectif est, aussi, de conforter les circuits que nous avons créés, les mettre en réseau, vérifier qu’ils fonctionnent bien, mettre en place des animations et des formations, voir les initiatives prises par les différentes collectivités pour faire vivre ces sentiers… L’enjeu est là !
 
- Quel type d’animation ?
- A l’exemple de ce que nous avons fait, mardi matin, à Penta-di-Casinca. L’animateur culturel de la communauté de communes a servi de guide à la délégation pour lui transmettre tout son savoir sur le patrimoine matériel et immatériel de la commune. Ce patrimoine se retrouve partout en Corse. Il est très important de transmettre, à la fois, aux populations visiteuses, mais aussi aux nouvelles générations, l’importance de ce patrimoine. Nous avons déjà peu connu la vie et le patrimoine rural des villages, il y a quelques dizaines d’années. Les nouvelles générations n’ont aucune notion de ce que ce patrimoine représente et pourquoi nos anciens avaient aménagé de telle façon ces espaces.
 
- L’enjeu n’est-il pas surtout touristique ?
- Oui ! L’enjeu touristique est fondamental. Il est clair que ces circuits doivent générer des activités et des recettes qui permettront de développer et d’entretenir ce type de produits.
 
Propos recueillis par Nicole MARI
 
 

Jean Biancucci, maire de Cuttoli-Corticchiato et Maurizio Martinelli, fonctionnaire de la région Toscane en charge des musées.
Jean Biancucci, maire de Cuttoli-Corticchiato et Maurizio Martinelli, fonctionnaire de la région Toscane en charge des musées.
Maurizio Martinelli : « Chacun doit sentir que le patrimoine lui appartient en propre »
 
- Quel est l’importance de ce projet pour la Toscane ?
- Ce projet est très important pour la région Toscane car il présente de multiples intérêts. D’abord, celui de mettre ensemble des territoires transfrontaliers qui ont une histoire commune et partagée depuis l’Antiquité. Ensuite, de les valoriser. La région Toscane fait, depuis de nombreuses années, un énorme travail de valorisation de son patrimoine. L’accessibilité est un thème très important pour rendre les sites et les monuments accessibles à tous, particulièrement aux personnes ayant un handicap ou des personnes qui ont du mal à comprendre la valeur du patrimoine, d’un village, d’un édifice, d’un lieu…. C’est fondamental pour la valorisation, la diffusion, l’intérêt touristique, mais aussi pour l’identité, l’appartenance à un territoire. Chacun doit sentir que ce patrimoine lui appartient en propre et n’est pas la propriété de l’Etat ou de qui que ce soit d’autre.
 
- Que vous apporte cette coopération avec la Corse ?
- Il est essentiel de chercher des opportunités d’obtenir des fonds européens qui sont une grande source de financement, surtout dans ce moment de crise économique. La coopération particulière entre l’Italie et la France, dans notre cas spécifique entre la Toscane et la Corse, est, aussi, importante par la découverte de l’autre. Avant, je ne connaissais pas la Corse. L’expérience est magnifique non seulement au niveau du travail que nous avons réalisé ensemble, mais aussi au niveau des liens personnels d’amitié que nous avons noués. J’ai rencontré tant de personnes qui ont la même envie forte de faire et de s’engager et qui aiment profondément leur territoire. C’est une très belle chose ! Chez nous aussi, l’attachement est très fort. Je pense que ces projets transfrontaliers nous offrent l’opportunité de mettre ensemble les personnes de bonne volonté à valoriser leur patrimoine, à le rendre accessibles à tous, à mieux le connaître et à mieux comprendre l’histoire des autres qui est reliée à la nôtre. C’est une valeur et un enjeu européen primordial, mais aussi une opportunité de connaissance, de partage et d’amitié.
 
- Concrètement, quels projets avez-vous mis en œuvre ?
- Concrètement, le projet intervient de manière structurelle. Par exemple, à Penta-di-Casinca en créant un sentier, en Toscane en créant, également des sentiers, en rendant des sites archéologiques accessibles physiquement et culturellement à tous, en reconstruisant des bâtiments, en fabriquant des panneaux d’informations très didactiques écrits en plusieurs langues, même la langue des signes ou le braille, afin que tous puissent les comprendre… Le projet contient toutes ces choses et même l’intéressement et l’accueil de la population dans les musées. Nous espérons pouvoir continuer le programme pour la nouvelle période 2014-2020 avec la même volonté et la même espérance de faire de notre mieux.
 
Propos recueillis par Nicole MARI