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Òmara, une nouvelle maison d’édition se lance en Corse


Philippe Jammes le Samedi 29 Janvier 2022 à 09:28

Òmara Editions est une maison d'édition qui a pour but de porter et mettre en valeur la création littéraire en Corse. Créée, il y a quelques semaines à peine, trois auteurs viennent de la rejoindre, bien d’autres sont annoncés.

CNI a rencontré Marc Biancarelli qui avec Jérôme Luciani l'a fondée.



Les trois premiers ouvrages sont disponibles à Bastia (Alma, Papi, Piuma Lesta), Ghisonaccia (presse Micheli), Folelli (Espace Casinca),  Propriano (Marine presse), l'Ile Rousse (l'Alba), Corte (Librairie Valentini) et Furiani (Fnac), à Ajaccio aux librairies Palmiers et La Marge et à Porto-Vecchio : La Clairière, Le Verbe du Soleil, Grand Sud
Les trois premiers ouvrages sont disponibles à Bastia (Alma, Papi, Piuma Lesta), Ghisonaccia (presse Micheli), Folelli (Espace Casinca), Propriano (Marine presse), l'Ile Rousse (l'Alba), Corte (Librairie Valentini) et Furiani (Fnac), à Ajaccio aux librairies Palmiers et La Marge et à Porto-Vecchio : La Clairière, Le Verbe du Soleil, Grand Sud
- Pourquoi avez-vous fait le choix de créer une nouvelle maison d’édition ?
- Il s’agit d’un projet global articulé autour de la création littéraire, et que nous annoncions dès la sortie du premier numéro de Litteratura en octobre 2021. C’est un acte de passion et de foi autour de la culture et de la mise en avant des auteurs insulaires qui nous guide, parce qu’il nous semble toujours important d’infuser de la culture dans une île où les talents sont nombreux, et que cela est bon aussi pour le lectorat et le public. Nous avons vu, lorsque nous en étions privés, avec quelle nécessité les gens se dirigent vers les livres, et le contexte général de notre île mérite que des acteurs culturels s’investissent en profondeur, et avec professionnalisme, pour que toutes les connexions se fassent entre créateurs, libraires et un lectorat qui est toujours à développer et encourager. Au-delà de ça, la maison d’édition a son siège social à Olmiccia, en Alta Rocca, et l’équipe se répartit un peu sur toute la Corse, mais nous cherchons un lieu pérenne entre le Sud et la Plaine, afin d’y établir notre base et y organiser le plus de rencontres et d’évènements possibles autour des livres que nous portons.


- Qu'est-ce que signifie Òmara?
- Òmara veut simplement dire « le soc de la charrue » en variante corse de l’extrême sud, même si on a parfois d’autres prononciations un peu moins jolies. Au-delà de la symbolique, qui est celle de creuser un sillon pour les œuvres littéraires, l’euphonie du mot nous plaisait bien, tout le monde peut le prononcer avec l’accent qu’il veut, et surtout ça a un petit côté irlandais qui doit parler à notre imaginaire, qui est tout de même très inspiré par la littérature anglo-saxonne et des lieux de pêche en pays nordiques où nous avons des habitudes.


- Un mot sur vos parcours respectifs ?
- Les éditions Òmara ont été fondées par la même équipe qui porte la revue Litteratura, sauf qu’il s’agit ici d’une entreprise et non d’une association, même si les deux sont appelées à aller main dans la main dans un projet global. Jérôme Luciani et moi officions directement en tant qu’éditeurs, avec une équipe un peu élargie où chacun donne son appui, notamment pour la distribution, ou plus tard pour la direction de collections particulières.


- Quelle est votre politique en matière d’édition ?
- Notre ligne éditoriale est assez ouverte, même si nous favorisons la prose littéraire et envisageons des collections futures autour de la poésie et de l’histoire. Mais le critère premier est la rigueur de l’écriture et la qualité du texte, et ce quelle que soit la langue de création, corse ou française. Pour nous un texte est bon selon des critères objectifs et professionnels qui sont les mêmes partout, et ce sont ces critères que nous favorisons. On peut être une petite maison d’édition, même établie dans une île aux marges des grands centres de diffusion, et ambitionner de produire des œuvres qui peuvent potentiellement plaire et parler au plus grand nombre, donc pour un public qui soit corse mais aussi extérieur à l’île. C’est très important pour nous que la qualité soit produite ici, et que des gens puissent en être heureux.


- Les ouvrages déjà proposés ?
- Nous avons donc trois premiers ouvrages édités lors de notre « rentrée hivernale », et trois prévus en septembre. Il s’agit de textes inédits de jeunes auteurs que nous connaissions ou qui sont venus vers nous, donc une majorité de premières publications, ce qui est très important aussi à nos yeux. Parce que mettre en lumière des auteurs et les aider à franchir le cap vers une carrière aboutie, même vers d’autres horizons que le nôtre, c’est tout ce qui nous motive. Nous avons donc ici deux romans bilingues, de Philippa Santoni et Jean-François Rosecchi, et un premier recueil de nouvelles de Nicolas Rey, celui-ci uniquement en français. Ce qui est bien c’est qu’il s’agit là de trois plumes très éloignées les unes des autres, mais qui ont en commun d’offrir un bel exemple de la richesse et de la beauté de la littérature corse actuelle, de sa modernité aussi, qui est parfois décapante. La vertu des paysans, de Rosecchi, est un roman aux tonalités post-modernes et ironiques qui évoque la lente décomposition de notre société depuis les années 70, quand Santoni nous propose avec Da Parighji sin’à tè, un texte profondément original sur un amour déchiré entre deux jeunes femmes, mais qui n’ont vraisemblablement pas comme seuls comptes à régler que ceux des sentiments. Enfin Nicolas Rey, avec Utah, présente une dizaine de nouvelles d’une veine cruelle, caustique et réaliste que l’on pourrait qualifier de très américaine, tout ça dans une ambiance western des plus abouties. Bref, chacun de ces livres est un régal, et c’est une grande fierté pour nous de les faire découvrir au public. Un mot aussi sur les remarquables traductions de Jean-Yves Acquaviva et Fabien Raffalli, qui permettent d’entendre les deux romans dans une variabilité de tons qui nous tient particulièrement à cœur.


- Les projets ? 
- Ils sont nombreux, et sensiblement liés à ceux de le revue Litteratura. Tout d’abord nous ancrer dans un lieu qui nous permettra de mettre plus directement nos ouvrages à disposition du public, ainsi que les parutions des éditeurs et associations avec lesquels nous sommes en lien. Nous voulons aussi, dans cet espace, offrir un lieu de rencontre permanent avec le public, au cours de conférences, de signatures ou d’ateliers où l’on pourra venir perfectionner son écriture. Et bien sûr il y a le numéro deux de la revue, qui sort en février, et les trois ouvrages d’Òmara à paraître en septembre. Au passage, un grand merci à Xavier Dandoy de Casabianca, qui a la main artistique et professionnelle sur la confection de tous ces livres. Et puis aussi, pour ne rien vous cacher, nous travaillons déjà aux sorties de 2023, avec la certitude de proposer encore de très bons titres aux lecteurs insulaires.
 

 

Signatures le 29 janvier à Porto Vecchio. D'autres suivront dans les principales librairies insulaires