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Zonza a reçu Jean-Marc Todeschini pour un hommage aux Harkis de Corse


Marilyne SANTI le Vendredi 17 Juillet 2015 à 22:59

Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, était en Corse ce jeudi. Un déplacement inscrit dans le cadre du plan d'actions en faveur des harkis présenté en septembre 2014 par le Premier ministre Manuel Valls. A ce titre, le gouvernement s’est notamment engagé à transformer en lieux de mémoire les anciens hameaux de forestage, comme celui de Zonza dans l’Alta-Rocca, qui accueillirent plus de 10 000 harkis, conjoints et enfants de harkis après 1962. Une cérémonie s’est donc déroulée dans le village où a été dévoilée la première plaque mémorielle en hommage aux Harkis, cérémonie qui fut suivie de la visite du musée de la Résistance insulaire de Zonza.



Zonza a reçu Jean-Marc Todeschini pour un hommage aux Harkis de Corse
C’est devant une assistance nombreuse, en présence d’une communauté harki particulièrement émue et d’un monde combattant très concerné, que Jean-Marc Todeschini a salué la mémoire de tous les supplétifs, rendant un hommage appuyé à ceux qui arrivèrent sur le sol Corse à Zonza et à Casamozza. A ses côtés étaient présents Véronique Caron, sous-préfète de Sartène représentant le préfet de Corse empêché, Camille de Rocca-Serra, député de la 2ème circonscription de la Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi, sénateur de la Corse-du-Sud, ainsi que le sénateur Alain Neri, secrétaire de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat et le Général Thierry Cayet, commandant la région de gendarmerie de la Corse.
Une section en armes de la base aérienne 126 de Solenzara accompagnée d’un clairon du 2ème REP de Calvi a rendu les honneurs.
 
Une visite ministérielle dans le cadre du plan harki
Le plan harki a été présenté en septembre 2014. Le service départemental de l’ONACVG de la Corse-du-Sud a mis en place un comité régional de concertation de la mémoire harki qui a été le premier à être installé sur le territoire national par Christophe Mirmand, préfet de Corse, le 20 janvier 2015. Cette visite de Jean-Marc Todeschini, entendait mettre à l’honneur l’efficacité du travail entrepris.
Le secrétaire d’Etat a procédé au dévoilement accompagné du maire de Zonza, Henri-Paul Agostini, après que Jacques Vergellati, directeur du service départemental de l’ONACVG, ait lu le texte inscrit dans le marbre. Le représentant du Ministre de la Défense, dans son allocution a rendu hommage à l’engagement au service de la Nation et aux sacrifices consentis par les harkis et les anciens membres des forces supplétives. Il a rappelé le travail accompli dans les hameaux de forestage et l’accueil de 29 familles par la population de Zonza.
 
Réparer une injustice historique 
Parce qu’ils se sont battus pour la France durant la guerre d’Algérie, les harkis seront victimes de représailles atroces dès le cessez-le-feu. Désarmés, abandonnés, privés de la protection de la France, plusieurs dizaines de milliers d’entre eux furent exécutés sommairement et leurs femmes et leurs enfants, massacrés. Pour survivre, ils seront condamnés à un exil précipité et beaucoup ne gagneront la métropole qu’en outrepassant les instructions officielles, avec, souvent, la complicité courageuse de certains cadres de l’armée française.
Débarqués sur le sol français sans ressources, sans attaches, sans perspectives, l’accueil se fera dans des conditions souvent indignes. La plupart seront hébergés dans des cités urbaines ou des hameaux forestiers. Puis, au déracinement, s’ajoutera l’oubli : leur histoire sera occultée, leur engagement aux côtés de l’armée française effacé des mémoires.
 
Pour tous, cette cérémonie au cœur de la montagne corse a représenté une reconnaissance pour les sacrifices subis et une réparation face au sentiment d’abandon. « C’est aussi le moyen de rappeler et de transmettre aux plus jeunes »  soulignera Marius Giudicelli, président des anciens combattants de Zonza et membre de la commission mémoire du Conseil départemental de l’ONACVG.
«  C’est à toutes ces générations de combattants et à leurs familles dont la fidélité et l’attachement à la France n’ont jamais failli, que ce temps de mémoire est dédié. » déclarera dans son allocution Jean-Marc Todeschini.
 
Adoptés par la Corse, aujourd’hui enfants de la Corse
Les harkis sont arrivés en Corse au début des années 70, après un long exil vécu dans les camps du continent. Ils travailleront au sein de l’Office national des forêts, établissement représenté lors de la cérémonie par son directeur régional qui reconnaîtra que leur savoir-faire a été précieux. Connaissant le travail de la terre et la végétation méditerranéenne, ils ont ainsi participé, et leurs enfants participent aujourd’hui encore, aux travaux de reboisement et d’aménagements des forêts domaniales.
Mohamed Némiri, chargé de mission auprès du secrétaire d’Etat, évalue à plus de 1500 personnes la communauté harki présente à ce jour en Corse, en comptant tous les descendants.
Le dépôt de gerbes a été effectué avec les enfants et les petits-enfants de ceux qui sont enfin mis à l’honneur. Une poignante sonnerie aux Morts jouée au clairon a été suivie d’une minute de silence et de la Marseillaise. Puis la délégation ministérielle fut conviée à la visite du musée de la Résistance de Zonza.