C’est devant près de 200 invités, réunis au palais des congrès d’Ajaccio le 24 janvier, que le cardinal François Bustillo a adressé ses vœux pour l’année 2025. Une cérémonie loin d’être intimiste, marquée par la présence d’élus, de membres du clergé, de bénévoles, d’associations, ainsi que de donateurs, venus pour célébrer les temps forts de l’Église de Corse avec en point d’orgue la venue du pape François le 15 décembre dernier.
Dans son discours, l’évêque d’Ajaccio a tenu à remercier tous ceux qui ont contribué au succès de cet événement historique : « Votre altruisme et votre générosité ont permis de tout organiser. Vous avez montré que nous pouvions compter sur vous. » Il a également salué le travail de l’abbé Constant, soulignant que « comme nous le savons, il porte bien son nom », ainsi que celui des nombreux bénévoles qui ont donné de leur temps, même pour quelques heures. les vœux de l’évêque n’ont pas été qu’un simple bilan ou une célébration.
Mais cette année, les vœux de l’évêque n’ont pas été qu’un simple bilan ou une célébration. François Bustillo a voulu « donner une âme » à cette nouvelle année en adressant un message fort sur la situation sociale en Corse, notamment la recrudescence des violences qui secouent la Corse.
« La violence n’est pas culturelle, ni génétique »
François Bustillo a dénoncé les récents actes criminels ayant endeuillé l’île, citant notamment l’assassinat de Pierre-Louis, quelques jours seulement après la venue du pape. « D'autres jeunes ont été blessés. Et puis, en ce début d'année, nous avons connu des assassinats, des incendies, des actes de violence », a-t-il rappelé.
Face à cette situation, il a réfuté toute tentative de normalisation de la violence en Corse : « La violence n’est pas culturelle. La violence n’est pas génétique. Nous ne pouvons pas dire qu'en Corse être violent et sans pitié, c'est normal. »
Avec gravité, l’homme d’Église a posé une question de fond : « Pourquoi en sommes-nous arrivés à cette situation, pourquoi sommes-nous prisonniers de la violence ? Sommes-nous habités par la peur ? »
Un appel à la réconciliation
Malgré ce constat alarmant, François Bustillo a invité à l’espoir et à l’action. Selon lui, il est impératif que la Corse rompe avec les « démons du passé » et retrouve une « liberté intérieure » pour construire un avenir serein. « Notre société ne peut pas démissionner face aux menaces d'une vie sociale triste et malheureuse », a-t-il déclaré, avant de souligner les priorités de l’Église pour l’année à venir : la jeunesse et les confréries, qu’il considère comme des piliers pour une société apaisée.
Le cardinal a également appelé à préserver « l’esprit du 15 décembre », jour de la venue du pape en Corse, comme symbole d’accueil, de collaboration et de lumière. « Cet esprit pourra être notre mémoire et notre moteur social pour que chaque personne se sente respectée et aimée dans notre terre. »