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Ultra Trail di Corsica - Benjamin Roubiol : "je viens à Corte pour gagner"


Mario Grazi le Jeudi 6 Juillet 2023 à 07:41

Champion du Monde de trail long depuis tout juste un mois, le Savoyard de 23 ans, Benjamin Roubiol, est arrivé à Corte ce mercredi matin. Nous l’avons rencontré dans la vieille ville, où il s’est installé avec sa compagne et son chien pour une semaine. Il a affiché clairement sa volonté de remporter l’Ultra Trail di Corsica dont le départ sera donné ce jeudi soir à 23 heures...



Benjamin Roubiol  : prêt pour l'Ultrz trail di Corsica (Photo Mario Grazi)
Benjamin Roubiol : prêt pour l'Ultrz trail di Corsica (Photo Mario Grazi)
- Depuis 2021 et les 100 km de Chamonix, vous avez enchaîné les trails longs avec à la clé ce premier titre de champion du Monde, le 3 juin dernier à Innsbruck. Comment on se prépare pour un tel rendez-vous ?
-Une course longue qui faisait office de championnat du monde avec un profil que j’aime bien. J’étais confiant sur mes capacités puisque je me suis très bien préparé pour ça. Gestionnaire forestier, j’ai arrêté de travailler pour me libérer un maximum de temps et m’entraîner à fond. J’ai pu me préparer parfaitement pour arriver en pleine forme le jour J. La grosse phase de l’entraînement, pour ma part, ça a été beaucoup de volume à pieds durant des heures et surtout beaucoup de dénivelés, car la course présentait des pentes vraiment raides et un cumul de dénivelé important. J’ai aussi essayé de retrouver à l’entraînement un terrain similaire à celui d’Innsbruck, plus ou moins accidenté et revoir un peu en fonction du pourcentage de pente pour travailler au mieux.


- Comment avez-vous géré votre course pour franchir la ligne d’arrivée en tête ?
- J’ai essayé d’avoir un effort lissé, c’est-à-dire d’être à la fois assez rapide au début et économe pour pouvoir garder mon allure. Et forcément je n’étais pas dans les premières positions durant les premiers kilomètres parce que plus ou moins la courbe d’effort en général sur la longue distance est décroissante au fil des heures. La mienne était plutôt lisse c’est ce qui m’a permis d’avoir un peu plus de ressources physiques en fin d’épreuve et sur les 30 derniers kilomètres j’ai pu accélérer pour devancer mes concurrents et franchir victorieusement la ligne d’arrivée.


- Le titre en poche vous vous êtes inscrit pour l’Ultra Trail di Corsica. Quel programme de récupération avez-vous suivi pour ce rendez-vous ?
- En fait, je m’étais inscrit bien avant les championnats du monde, c’était en tout début d’année. C’est vrai que j’ai confirmé ma participation après avoir obtenu mon titre, mais ce n’est pas ce qui m’a motivé pour venir à Corte. Cela faisait deux ans déjà que je rêvais de venir participer à une course en Corse. C’est vrai que l’UTC est assez rapproché de ma dernière épreuve. Seulement quatre semaines et avec la récupération d’après Innsbruck, il était impensable d’avoir une préparation spécifique pour Corte. Je me suis surtout reposé après l’Autriche et j’ai repris tranquillement les bases en essayant de conserver mes qualités, mais sans travailler davantage.


- La Corse est donc une première pour vous ?
- Pas tout à fait. C’est la quatrième fois que je viens en Corse et à Corte, mais ce sera ma première participation sur un trail. Je suis donc venu en vacances et j’ai couru beaucoup à Corte. Je connais bien la vallée du Tavignanu et celle de la Restonica avec ses lacs de Melu et Capitellu. Je connais aussi le lac de Ninu, mais en revanche je pars dans l’inconnu sur toute la partie du côté du Monte Cintu.


- Comment appréhendez-vous cet UTC avec ses 110 km et ses 7 200 mètres de dénivelé positif ? Ses chemins escarpés, rocailleux et très techniques ?
- Je l’appréhende avec humilité, car c’est pas un parcours évident. Je préfère être prudent parce que tout le monde dit que c’est très difficile. Prudence donc, car je ne connais pas tout et je veux éviter la chute, la blessure ou même un surrégime. Ce sera pour moi une grosse découverte et surtout une grosse expérience de courir ici.


- Vous êtes venu pour gagner ? Pour battre le record de Lambert Santelli par exemple qui est de 15 h 41 mn ?
- J’ai l’intention d’essayer de gagner. C’est sûr. Mais surtout de profiter un peu plus que ma dernière course où il y avait un titre de champion du monde en jeu et où je n’avais pas le droit à l’erreur. Là, je sais que je veux profiter beaucoup plus, mais je ne serais pas lent pour autant, c’est certain. J’aimerais bien gagner. Le record est dur à estimer. C’est une durée importante, car le terrain est très difficile. Lambert a prouvé ses qualités maintes fois sur tous les terrains d’Europe et il est une référence ici en Corse. Pour moi, pour une première fois, c’est difficile d’envisager un record. On verra bien comment ça se passe.


- Ce jeudi soir donc, à 23 heures, vous partirez pour cette épreuve avec une première ascension délicate et cassante vers les bergeries de Padule. 1 400 mètres de dénivelé positif sur seulement 5 km de course. Cela fait-il peur ?
- Non, au contraire. J’aime bien grimper pour commencer. Cela permet de prendre le temps de s’échauffer tranquillement. Ce sera, je pense, un départ assez groupé. J’espère qu’il n’y aura pas trop d’écart au début.
Et face à cette fameuse montée cassante, à l’entrée de la vallée du Tavignanu, Benjamin Roubiol lance « c’est magnifique. J'ai des fourmis dans les jambes. J’ai vraiment hâte d’y être... »