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Sylvain Gregori écrit une "Nouvelle histoire de la Résistance en Corse"


Philippe Jammes le Mardi 31 Octobre 2023 à 20:31

Historien, conservateur du Musée de Bastia, Sylvain Gregori vient de publier « Nouvelle histoire de la Résistance en Corse (Juillet 40 – Septembre 43) », en 2 tomes qui donnent un nouvel éclairage sur cette période.



En 2 tomes, Sylvain Gregori nous plonge dans l'histoire de la Résistance en Corse (Juillet 40 – Septembre 43)
En 2 tomes, Sylvain Gregori nous plonge dans l'histoire de la Résistance en Corse (Juillet 40 – Septembre 43)
- Dans le titre de votre livre on peut être étonné du mot « Nouvelle ».. 
- Il s’agit en fait d’une mise à jour de toute cette période, une période qui n’avait quasiment pas été traitée dans son intégralité, en tout cas sous cet angle du phénomène résistance, depuis la parution de « Tous bandits d’honneur »** des années 50. Cela faisait partie de ma thèse de doctorat.

- Comment votre travail s’est-il articulé ?
- J’ai dépouillé énormément de sources aussi bien au niveau national que dans les archives départementales. J’ai aussi eu accès à des sources privées. Il y a une quinzaine d’années beaucoup de témoins étaient encore vivants donc j’ai pu effectuer des mises à jour. J’ai découvert de nombreuses choses inédites. Dans les deux tomes, soit 1000 pages, on trouve pas moins de 5000 références de notes de bas de page.

- A l’époque, contrairement au continent, on était plutôt favorable à Pétain ...
- Oui, au tout début, il y avait une vague maréchaliste car les Corses craignaient la voisine, l’Italie fasciste. Et pour les corses la figure du maréchal Pétain incarnait une sorte de bouclier protecteur qui pouvait empêcher l’annexion de l’île par l’Italie.

- Il est bien sûr question des rôles déterminants des résistants comme Jean Nicoli, du Parti Communiste et du Front National ...
- Oui, parce que ce sont des opérateurs symboliques dans notre mémoire collective de cette résistance, de la libération de la Corse. Des rôles parfois obscurs que j’ai voulu mettre en lumière. On comprend par exemple comment le Parti Communiste, avec sur l’île une propagande complètement autonome par rapport à l’hexagone, réussira à prendre ses racines dans la société corse. PC et résistance vont s’enraciner en captant le mécontentement social dû au rationnement et l’isolement progressif de l’île dans cette période et en tenant des discours mobilisateurs portés sur la défense de l’identité insulaire.   

- La jeunesse corse a également eu son importance ...
- Un rôle très important parce qu’à travers des organisations comme les Jeunesses Communistes et le Front Patriotique des Jeunes, il y aura une véritable action portée par les plus jeunes générations. En étudiant les sources de la répression on voit comment en tant que groupe social la jeunesse apparait comme porte-parole de la société corse désormais en rupture avec Vichy.

- Cette libération de la Corse n’était pas dans le plan des alliés ?
- En effet, ce n’était pas tout dans le plan des alliés. Tout part de la décision du Parti Communiste clandestin insulaire de lancer une insurrection en Corse à partir de l’été 1943 et de l’armistice italien. Cette insurrection va déclencher de façon très précoce, et contre l’avis des alliés et du Général Giraud, cette libération de la Corse.

- Les projets ?
- Un livre est en train de prendre forme sur une période beaucoup plus antérieure, sur les 18ème et 19ème siècles, sur certaines formes de violences que l’on retrouve en Corse.


*Editions Piazzola
** Maurice Choury a écrit cet ouvrage en 1956.