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Sorru in Musica : "Nuria", avec Juliette Roudet, brave le temps


Eva Mattei le Mardi 30 Juillet 2019 à 11:19

L'équipe technique et les artistes s'y étaient préparés. La pluie annoncée à Vico ce samedi 27 juillet 2019 est finalement venue, empêchant la représentation de « Nuria » sur la scène de la cour intérieure du couvent Saint François. Mais pas ailleurs...



Scrutant la météo, Bertrand Cervera, directeur artistique de Sorru in Musica décidait donc vers 21h d'annuler le spectacle prévu une heure plus tard. Non sans tenter, entre deux averses, une captation vidéo de la fiction imaginée et écrite, spécialement pour le festival, par Stéphane Michaka, ex lauréat du concours Beaumarchais / France Culture et auteur, entre autres, de pièces radiophoniques pour la jeunesse. Repliés dans la salle Albini, les organisateurs y conduisaient les élèves de l'académie Sorru in Musica, hébergés in situ et donc restés là, ainsi que leurs parents. Comédienne et musiciens y tenaient aussi, résilience de l'art oblige.« Nuria » aura ainsi eu lieu dans une version plus intimiste, façon grande générale, le tonnerre et les éclairs s'invitant avec à propos dans la mise en scène de cette oeuvre mi-fantastique mi-romanesque interprétée avec brio par la comédienne, danseuse et réalisatrice Juliette Roudet, connue également pour ses rôles télévisés, notamment dans les séries « Engrenages » et « Profilage ».

Accords et désaccords

L'histoire est celle d'une accordeuse de piano trentenaire qui, débarquée dans le village de sa grand-tante et censée assister aux funérailles de celle-ci, va y découvrir petit à petit de lourds secrets, tout en prenant conscience de ses propres discordances. « Qui se ment reste à la lisière de son existence », dit en substance « Nuria » dans un exercice de narration parfaitement maîtrisé et servi par un texte sublime, aussi poétique que tranchant, pour nous faire traverser un de ces moments de vie où tout s'apprête à basculer... Ce récit-là est musique aussi. Parce que c'est avec des motifs insistants et des rythmes enlevés, voire de la dissonance, que se disent encore mieux les choses et que l'on touche à leur densité. Le violon de Bertrand Cervera, le violoncelle de Miwa Rosso et le piano de Didier Benetti, directeur de ce trio, accompagnent donc le personnage central dans les ruelles d'un petit bourg étrange comme dans le labyrinthe de la vie. Jusqu'à l'harmonie retrouvée. Et sans oublier de nous faire rire et nous surprendre. Un spectacle haletant, bouleversant, création originale dont l'académie de Sorru in Musica aura eu, en Corse, la primeur, au-delà du temps...