Dès le début de la session extraordinaire consacrée aux dérives mafieuses, ce 18 novembre, la présidente de l’Assemblée de Corse l’avait annoncé : le but serait de s’accorder autour d’un texte commun à la hauteur de l’enjeu. Mais après de longues heures de travail en conférence des présidents suite aux débats qui avaient occupé la matinée, les élus de l’Assemblée de Corse ne seront pas parvenus à se mettre d’accord sur un document unique.
À la reprise de la session, peu après 20 heures, la présidente Marie-Antoinette Maupertuis, indique ainsi que deux résolutions solennelles ont été déposées. L’une par les trois groupes nationalistes, la conseillère territoriale non-inscrite, Josepha Giacometti-Piredda, le président du Conseil Exécutif et elle-même. Mais aussi une proposition substitutive d’Un Soffiu Novu. Si le document du groupe de droite partage l’essentiel de la philosophie de la résolution majoritaire, notamment en ce qu’il reconnait et aspire à combattre les dérives mafieuses en Corse, son leader, Jean-Martin Mondoloni explique en effet avoir proposé des amendements pour préciser que ce phénomène trouve « racines dans les différentes formes de violence, parmi lesquelles la violence politique ». Un point unanimement rejeté par les nationalistes qui a donc conduit à formuler cette proposition. « La violence génère la violence. Nous pensons qu’on ne peut pas compartimenter, isoler et rendre étanche la violence mafieuse du terreau et des racines dans lesquels elle trouve naissance. On ne naît pas mafieux, on le devient car on évolue dans un écosystème de violence. Il y a la violence de type ravageuse qui est celle de la mondialisation, il y a la violence que renvoie la précarité, la violence de droit commun, la violence institutionnelle, la violence liée à l’injustice. Et puis, c’est bien ce qui nous distingue, nous disons tranquillement, posément, sereinement, qu’il y a eu une violence historique à laquelle certains ont tourné le dos et il y a des résurgences de violences de caractère politique qui continuent à gangréner la société corse. Il s’agit simplement de marquer cette différence tout en partageant l’essentiel des attributs de cette journée pour laquelle nous étions réunis et pour laquelle nous réitérons le souhait de continuer à être des artisans de la paix, et la paix ne peut pas se passer d’une expression libre. Y compris quand elle parait gênante », précise le conseiller territorial d’un Soffiu Novu.
« Pas la place pour de la diffamation et pour une distorsion de l’histoire »
Un discours qui a du mal à passer sur les bancs des groupes nationalistes qui tirent tour à tour à boulets rouges sur la résolution présentée par la droite. « Je ne peux pas vous laissez dire que la violence politique est à la racine de la violence et des dérives mafieuses. C’est factuellement et chronologiquement faux », tâcle ainsi Josepha Giacometti-Piredda en poursuivant : « Mais je vais aller plus loin. Si j’avais souhaité aussi mettre la mienne sur les considérants, j’aurais pu demander à ce que soient évoqués explicitement la violence d’État, les sollicitations des voyous pendant certaines années par des polices parallèles, le SAC, les assassinats, les tentatives d’assassinats reconnues par de hauts commissaires. J’aurais pu demander à ce que soient mis en avant les dérives, le lascia corre volontaire, les yeux détournés de l’État sur un système mafieux qui s’est mis en place et qui a prospéré, qui a pu s’enraciner. J’aurais pu demander qu’on fasse explicitement référence à la violence d’État dans son aspect premier : dans son abus de la force. Moi aussi, j’aurais pu le demander ce soir et très certainement avec d’autres ».
Derrière elle, le président de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, enchaîne : « Je pensais qu’on pourrait avoir un texte généreux, porteur au moins d’espoir, pour tous ceux qui ont souffert, qui continuent à souffrir, ceux qui sont en deuil. Et on n’y arrive pas. J’espère que l’on reconstruira quelque chose et que l’on obtiendra un consensus sur des méthodes, sur des analyses. Mais je ne peux pas accepter qu’on nous oppose la genèse de cette violence crapuleuse dans les racines de notre politique de nationalistes. C’est une construction qui est tendancieuse. Elle rejoint les propos sournois que l’on entend dans les salons parisiens où on dit « plus d’autonomie peut conduire à plus de mafia, parce que plus d’autonomie, c’est plus de nationalisme, et les nationalistes et la mafia sont dans les mêmes logiques, puisqu’ils pratiquent tous la violence et que les violences sont toutes les mêmes, puisque l’État n’a jamais reconnu la violence politique ». Il poursuit en lisant un texte l’archevêque brésilien Helder Camara qui définit trois sortes de violences. « La première, et mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle. Celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations. Celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet d’étouffer la seconde, en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première qui l’a fait naître et la troisième qui la tue. Aujourd’hui, ce débat il a été apporté par la mort d’un patriote, Maxime Susini, tué par des crapules. Il n’y a pas la place pour de la diffamation et pour une distorsion de l’histoire », souffle-t-il.
Désigner le mal
« Parler de violences politiques aujourd’hui, comme on en aurait parlé dans les années 1980 ou 1990, ce n’est pas juste. La violence politique qui était clandestine et structurée est aujourd’hui ponctuelle et spontanée. Je ne dis pas qu’il n’y a pas encore des choses ici ou là qui sont planifiées voire revendiquées. Ce que je dis que lorsqu’on parle aujourd’hui de violences, moi je parlerais de l’expression d’une révolte », abondera pour sa Jean-Christophe Angelini pour Avanzemu. « Je pense sincèrement qu’il y aura un avant et un après les débats d’aujourd’hui. Et à tous ceux qui pensent que l’on a bavardé pour rien, je voudrais dire que l’on a quand même avancé et beaucoup dans une double direction. Premièrement on a désigné le mal. Pendant des décennies on a disserté ad nauseam sur les violences criminelles, les violences mafieuses, les bandes… Aujourd’hui notre assemblée, au travers cette résolution, pose un acte clair qui désigne les choses. Parce que parler de violences c’est une chose. Parler d’un fait mafieux en Corse, qu’on le veuille ou non, cela en est une autre. Parce que les mots ont un sens il fallait que l’on désigne précisément ce dont on parle depuis un moment », posera-t-il par ailleurs.
Le président de Fà Populu Inseme, Jean Biancucci, s’étonnera lui aussi de ces divergences dans la rédaction des deux résolutions en lançant à l'adresse de la droite : « Nous allons entrer dans un cycle de travail, j’espère que vous allez participer et que nous aurons certainement des points d’accord. Mais la force des choses, à l’heure où on parle, c’est quand même la volonté d’ensemble de l’Assemblée d’aller jusqu’au bout de la dérive mafieuse. Sinon tout le travail qu’on a fait, notre réflexion, nos propositions n’auront pas la signification qu’elles doivent avoir »
Enfin, le président du Conseil Exécutif, Gilles Simeoni, conclura les débats en exprimant un sentiment « de déception et d’incompréhension par rapport au choix du groupe d’opposition de droite de présenter une résolution substitutive » tout en marquant sa volonté « de concrétiser ce que nous avons initié ensemble ». « Aujourd’hui la parole des élus a été portée de façon claire, publique, assumée et elle se concrétise par un acte fondateur : la résolution que nous allons voter avec une définition claire qui emprunte notamment au droit positif français et italien et qui définit ce que nous qualifions de dérives mafieuses et ce que nous entendons combattre dans des termes clairs », se réjouira-t-il avant de fustiger : « Je crois qu’à ce moment de notre histoire collective, avec ce qui s’est passé depuis 40 ans, avec ce qu’il s’est passé depuis trois ans, il était préférable de faire le choix de la convergence et de l’unanimité que celui de la différentiation. Je pense qu’au moment de la vie collective de la Corse où nous sommes, réintroduire dans ce texte la violence politique comme un facteur qui contribue aujourd’hui à la dérive mafieuse est une erreur scientifique, politique et un anachronisme ». Sans surprise, la proposition de texte de la droite sera rejetée dans la foulée.
Une résolution qui acte l’ouverture d’un cycle de travail
La résolution adoptée, avec les seules voix des groupes nationalistes, vient tout d’abord rappeler dans ses considérants « l’aspiration du peuple corse à vivre dans une société libre, démocratique, et apaisée », pointant que cette dernière « est menacée par un phénomène de dérives mafieuses qui est allé en s’aggravant depuis des décennies » et souligne la volonté partagée « des élus de la Corse et des forces vives de la société insulaire à combattre démocratiquement ce phénomène et à y mettre un terme ».
Le texte réaffirme par ailleurs « solennellement la volonté des Corses de vivre dans une société libre, démocratique, et apaisée », avant de convenir « de définir comme « dérive mafieuse » toute forme de crime ou de délit, ou tout comportement, émanant de groupes appartenant à la sphère de la criminalité organisée, et usant de violence ou contrainte, ou menaçant de le faire, pour influer sur les choix individuels et collectifs des citoyens, et/ou des décideurs, et/ou des élus, et de la société corse, notamment dans la sphère économique et/ou politique ».
De par cette motion, les élus aspirent encore à rappeler « que les réponses policières et judiciaires aux dérives mafieuses relèvent exclusivement des compétences régaliennes » et en appellent de facto « aux autorités administratives et judiciaires de l’État en Corse pour communiquer, sur la base des éléments objectifs en leur possession, de leur analyse de la situation et de leurs propositions en matière de politique pénale contre les dérives mafieuses ».
Ils renouvellent également « leur demande de communication du rapport de la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de Marseille, lequel aurait objectivé l’existence d’un « système mafieux » en Corse, ainsi que celui du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (SIRASCO) pointant, selon les autorités judiciaires, l’existence d’ « entre 20 et 25 » bandes criminelles en Corse ».
Enfin, la résolution vient acter la mise en place d’un cycle de travail de cinq « associant organes de la Collectivité de Corse, communes, intercommunalités, et forces vives » autour de cinq thèmes prioritaires : « Éthique et politiques publiques ; Secteurs économiques particulièrement exposés ; Drogues, commerces illicites ; Dérives mafieuses : Instruments d’analyse et de quantification, Procédure, droit et politique pénale ; et Enjeux éducatifs, culturels et sociétaux ».
« Au terme ces travaux, un rapport du Conseil exécutif de Corse et de l’Assemblée de Corse sera soumis au débat et au vote au plus tard lors de la session de juin 2023 », conclut la résolution.
À la reprise de la session, peu après 20 heures, la présidente Marie-Antoinette Maupertuis, indique ainsi que deux résolutions solennelles ont été déposées. L’une par les trois groupes nationalistes, la conseillère territoriale non-inscrite, Josepha Giacometti-Piredda, le président du Conseil Exécutif et elle-même. Mais aussi une proposition substitutive d’Un Soffiu Novu. Si le document du groupe de droite partage l’essentiel de la philosophie de la résolution majoritaire, notamment en ce qu’il reconnait et aspire à combattre les dérives mafieuses en Corse, son leader, Jean-Martin Mondoloni explique en effet avoir proposé des amendements pour préciser que ce phénomène trouve « racines dans les différentes formes de violence, parmi lesquelles la violence politique ». Un point unanimement rejeté par les nationalistes qui a donc conduit à formuler cette proposition. « La violence génère la violence. Nous pensons qu’on ne peut pas compartimenter, isoler et rendre étanche la violence mafieuse du terreau et des racines dans lesquels elle trouve naissance. On ne naît pas mafieux, on le devient car on évolue dans un écosystème de violence. Il y a la violence de type ravageuse qui est celle de la mondialisation, il y a la violence que renvoie la précarité, la violence de droit commun, la violence institutionnelle, la violence liée à l’injustice. Et puis, c’est bien ce qui nous distingue, nous disons tranquillement, posément, sereinement, qu’il y a eu une violence historique à laquelle certains ont tourné le dos et il y a des résurgences de violences de caractère politique qui continuent à gangréner la société corse. Il s’agit simplement de marquer cette différence tout en partageant l’essentiel des attributs de cette journée pour laquelle nous étions réunis et pour laquelle nous réitérons le souhait de continuer à être des artisans de la paix, et la paix ne peut pas se passer d’une expression libre. Y compris quand elle parait gênante », précise le conseiller territorial d’un Soffiu Novu.
« Pas la place pour de la diffamation et pour une distorsion de l’histoire »
Un discours qui a du mal à passer sur les bancs des groupes nationalistes qui tirent tour à tour à boulets rouges sur la résolution présentée par la droite. « Je ne peux pas vous laissez dire que la violence politique est à la racine de la violence et des dérives mafieuses. C’est factuellement et chronologiquement faux », tâcle ainsi Josepha Giacometti-Piredda en poursuivant : « Mais je vais aller plus loin. Si j’avais souhaité aussi mettre la mienne sur les considérants, j’aurais pu demander à ce que soient évoqués explicitement la violence d’État, les sollicitations des voyous pendant certaines années par des polices parallèles, le SAC, les assassinats, les tentatives d’assassinats reconnues par de hauts commissaires. J’aurais pu demander à ce que soient mis en avant les dérives, le lascia corre volontaire, les yeux détournés de l’État sur un système mafieux qui s’est mis en place et qui a prospéré, qui a pu s’enraciner. J’aurais pu demander qu’on fasse explicitement référence à la violence d’État dans son aspect premier : dans son abus de la force. Moi aussi, j’aurais pu le demander ce soir et très certainement avec d’autres ».
Derrière elle, le président de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, enchaîne : « Je pensais qu’on pourrait avoir un texte généreux, porteur au moins d’espoir, pour tous ceux qui ont souffert, qui continuent à souffrir, ceux qui sont en deuil. Et on n’y arrive pas. J’espère que l’on reconstruira quelque chose et que l’on obtiendra un consensus sur des méthodes, sur des analyses. Mais je ne peux pas accepter qu’on nous oppose la genèse de cette violence crapuleuse dans les racines de notre politique de nationalistes. C’est une construction qui est tendancieuse. Elle rejoint les propos sournois que l’on entend dans les salons parisiens où on dit « plus d’autonomie peut conduire à plus de mafia, parce que plus d’autonomie, c’est plus de nationalisme, et les nationalistes et la mafia sont dans les mêmes logiques, puisqu’ils pratiquent tous la violence et que les violences sont toutes les mêmes, puisque l’État n’a jamais reconnu la violence politique ». Il poursuit en lisant un texte l’archevêque brésilien Helder Camara qui définit trois sortes de violences. « La première, et mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle. Celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations. Celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet d’étouffer la seconde, en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première qui l’a fait naître et la troisième qui la tue. Aujourd’hui, ce débat il a été apporté par la mort d’un patriote, Maxime Susini, tué par des crapules. Il n’y a pas la place pour de la diffamation et pour une distorsion de l’histoire », souffle-t-il.
Désigner le mal
« Parler de violences politiques aujourd’hui, comme on en aurait parlé dans les années 1980 ou 1990, ce n’est pas juste. La violence politique qui était clandestine et structurée est aujourd’hui ponctuelle et spontanée. Je ne dis pas qu’il n’y a pas encore des choses ici ou là qui sont planifiées voire revendiquées. Ce que je dis que lorsqu’on parle aujourd’hui de violences, moi je parlerais de l’expression d’une révolte », abondera pour sa Jean-Christophe Angelini pour Avanzemu. « Je pense sincèrement qu’il y aura un avant et un après les débats d’aujourd’hui. Et à tous ceux qui pensent que l’on a bavardé pour rien, je voudrais dire que l’on a quand même avancé et beaucoup dans une double direction. Premièrement on a désigné le mal. Pendant des décennies on a disserté ad nauseam sur les violences criminelles, les violences mafieuses, les bandes… Aujourd’hui notre assemblée, au travers cette résolution, pose un acte clair qui désigne les choses. Parce que parler de violences c’est une chose. Parler d’un fait mafieux en Corse, qu’on le veuille ou non, cela en est une autre. Parce que les mots ont un sens il fallait que l’on désigne précisément ce dont on parle depuis un moment », posera-t-il par ailleurs.
Le président de Fà Populu Inseme, Jean Biancucci, s’étonnera lui aussi de ces divergences dans la rédaction des deux résolutions en lançant à l'adresse de la droite : « Nous allons entrer dans un cycle de travail, j’espère que vous allez participer et que nous aurons certainement des points d’accord. Mais la force des choses, à l’heure où on parle, c’est quand même la volonté d’ensemble de l’Assemblée d’aller jusqu’au bout de la dérive mafieuse. Sinon tout le travail qu’on a fait, notre réflexion, nos propositions n’auront pas la signification qu’elles doivent avoir »
Enfin, le président du Conseil Exécutif, Gilles Simeoni, conclura les débats en exprimant un sentiment « de déception et d’incompréhension par rapport au choix du groupe d’opposition de droite de présenter une résolution substitutive » tout en marquant sa volonté « de concrétiser ce que nous avons initié ensemble ». « Aujourd’hui la parole des élus a été portée de façon claire, publique, assumée et elle se concrétise par un acte fondateur : la résolution que nous allons voter avec une définition claire qui emprunte notamment au droit positif français et italien et qui définit ce que nous qualifions de dérives mafieuses et ce que nous entendons combattre dans des termes clairs », se réjouira-t-il avant de fustiger : « Je crois qu’à ce moment de notre histoire collective, avec ce qui s’est passé depuis 40 ans, avec ce qu’il s’est passé depuis trois ans, il était préférable de faire le choix de la convergence et de l’unanimité que celui de la différentiation. Je pense qu’au moment de la vie collective de la Corse où nous sommes, réintroduire dans ce texte la violence politique comme un facteur qui contribue aujourd’hui à la dérive mafieuse est une erreur scientifique, politique et un anachronisme ». Sans surprise, la proposition de texte de la droite sera rejetée dans la foulée.
Une résolution qui acte l’ouverture d’un cycle de travail
La résolution adoptée, avec les seules voix des groupes nationalistes, vient tout d’abord rappeler dans ses considérants « l’aspiration du peuple corse à vivre dans une société libre, démocratique, et apaisée », pointant que cette dernière « est menacée par un phénomène de dérives mafieuses qui est allé en s’aggravant depuis des décennies » et souligne la volonté partagée « des élus de la Corse et des forces vives de la société insulaire à combattre démocratiquement ce phénomène et à y mettre un terme ».
Le texte réaffirme par ailleurs « solennellement la volonté des Corses de vivre dans une société libre, démocratique, et apaisée », avant de convenir « de définir comme « dérive mafieuse » toute forme de crime ou de délit, ou tout comportement, émanant de groupes appartenant à la sphère de la criminalité organisée, et usant de violence ou contrainte, ou menaçant de le faire, pour influer sur les choix individuels et collectifs des citoyens, et/ou des décideurs, et/ou des élus, et de la société corse, notamment dans la sphère économique et/ou politique ».
De par cette motion, les élus aspirent encore à rappeler « que les réponses policières et judiciaires aux dérives mafieuses relèvent exclusivement des compétences régaliennes » et en appellent de facto « aux autorités administratives et judiciaires de l’État en Corse pour communiquer, sur la base des éléments objectifs en leur possession, de leur analyse de la situation et de leurs propositions en matière de politique pénale contre les dérives mafieuses ».
Ils renouvellent également « leur demande de communication du rapport de la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de Marseille, lequel aurait objectivé l’existence d’un « système mafieux » en Corse, ainsi que celui du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (SIRASCO) pointant, selon les autorités judiciaires, l’existence d’ « entre 20 et 25 » bandes criminelles en Corse ».
Enfin, la résolution vient acter la mise en place d’un cycle de travail de cinq « associant organes de la Collectivité de Corse, communes, intercommunalités, et forces vives » autour de cinq thèmes prioritaires : « Éthique et politiques publiques ; Secteurs économiques particulièrement exposés ; Drogues, commerces illicites ; Dérives mafieuses : Instruments d’analyse et de quantification, Procédure, droit et politique pénale ; et Enjeux éducatifs, culturels et sociétaux ».
« Au terme ces travaux, un rapport du Conseil exécutif de Corse et de l’Assemblée de Corse sera soumis au débat et au vote au plus tard lors de la session de juin 2023 », conclut la résolution.