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Sécurité dans les transports scolaires : des mesures difficiles à appliquer en Corse ?


Léana Serve le Vendredi 2 Mai 2025 à 18:54

Trois mois après l’accident mortel impliquant un autocar scolaire à Châteaudun, le gouvernement a présenté ce mercredi un plan de renforcement de la sécurité dans les transports scolaires, articulé autour de quinze mesures. En Corse, les professionnels du secteur saluent certaines annonces, comme le dépistage de stupéfiants chez les conducteurs, mais pointent aussi des difficultés de mise en œuvre sur le terrain pour d'autres dispositions.



Archive CNI
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Trois mois après l’accident d’un autocar scolaire à Châteaudun, qui avait coûté la vie à une lycéenne de 15 ans, le gouvernement a présenté ce mercredi un plan visant à renforcer la sécurité dans les transports scolaires. Quinze mesures ont été annoncées par le ministre des Transports, Philippe Tabarot, avec un objectif clair : lutter contre trois principaux facteurs de risque — la vitesse, l’usage du téléphone au volant et la consommation de stupéfiants. La première mesure mise en avant concerne le renforcement des dépistages de stupéfiants chez les conducteurs, en réponse directe au drame de janvier, où le chauffeur de l’autocar avait été testé positif au cannabis.

En Corse-du-Sud, les contrôles ont déjà été renforcés. Selon la préfecture, 381 contrôles ont été réalisés au premier trimestre 2025, avec quatre infractions relevées, dont deux pour conduite sous l’emprise de stupéfiants. Une évolution que les transporteurs insulaires accueillent favorablement. « Il faut garder à l’esprit qu’on parle de sécurité. Je pense que personne ne sera contre des mesures qui garantissent celle des enfants », souligne Sauveur Grisoni, président de l’intersyndicale des transporteurs corses. Il évoque même la possibilité de dispositifs spécifiques : « Aujourd’hui, avec la salive, on peut détecter la consommation de drogue. Pourquoi ne pas envisager un système comparable à l’éthylotest, mais pour les stupéfiants ? »

Parmi les autres annonces du ministre : la mise en place de caméras à bord des véhicules, ou encore d’un numéro de téléphone dédié pour signaler les comportements à risque. Des propositions qui suscitent davantage de réserves sur le terrain. « Installer des caméras à bord, cela me paraît compliqué à mettre en œuvre, notamment en raison du coût et des contraintes techniques », estime Sauveur Grisoni. « Quant à un numéro à disposition des élèves, pourquoi pas ? Mais je ne suis pas convaincu de son utilité. Il ne faudrait pas non plus multiplier les dispositifs au détriment de l’efficacité. »


La nécessité de responsabiliser

Autre annonce phare du plan du gouvernement : “une meilleure formation des conducteurs sur les risques de prise de produits stupéfiants”. Une initiative jugée peu réaliste par Sauveur Grisoni, qui estime que la dérive n’est pas liée à un manque de formation, mais à un manque de conscience. “Je ne vois pas la nécessité de mettre en place plus de formations. Quand vous passez votre permis, vous êtes formé. Ça n’empêche pas certains de rouler à 150 km/h ou de rouler sous l'effet de stupéfiants.” La difficulté à recruter des conducteurs qualifiés, déjà présente en Corse, complique aussi la situation. “On a du mal à trouver du personnel pour travailler dans les transports. Peut-être que des sociétés sont amenées à prendre des conducteurs sans plus de contrôles…”

Selon lui, il est nécessaire que chacun se responsabilise. “Aujourd’hui, on a un réel problème : des gens sont contrôlés en étant positifs aux stupéfiants. C’est un comportement à bannir. Il est indispensable d’avoir une prise de conscience. Il faut tout d’abord que les gérants des sociétés de transport fassent très attention à leurs chauffeurs, il en va de la sécurité des personnes qu’on transporte. Chaque conducteur doit comprendre qu’il n’est pas possible de rouler sous l’effet de stupéfiants ou d’alcool. Il doit être conscient qu’il transporte des enfants.” Il conclut : “On est preneurs de toutes les mesures pour garantir la sécurité de nos passagers. On verra au fur et à mesure ce qui va être mis en place. Je pense que si on arrive à instaurer trois ou quatre mesures sur la dizaine qui a été annoncée, c’est déjà bien.”