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San-Martino-di-Lota menacé de sécheresse en plein mois de novembre


le Lundi 20 Novembre 2023 à 18:19

Vendredi, Acqua Publica a incité les habitants des hameaux de San Martino à restreindre leur consommation en eau potable, en raison du tarissement de la ressource. La régie des eaux bastiaises n'exclut pas de procéder à des coupures d'eau en journée si la situation ne s'améliore pas.



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Le réservoir de captage des sources, à San Martino di Lota, est peu rempli en ce moment.
Le réservoir de captage des sources, à San Martino di Lota, est peu rempli en ce moment.
"De mémoire de tous ici, c'est la première fois que ce réservoir n'est plus alimenté. C'est du jamais vu, d'autant plus en novembre." Marie-Hélène Padovani oscille entre incrédulité et inquiétude. La maire de la commune a été informée vendredi de la situation, qui concerne "entre 400 et 500 habitants", dans les secteurs du village de San Martino et ses hameaux de Canale, Castagnetu, Mucchiette, Mola et Aneto.

Tous sont habituellement alimentés par les sources de Catarelle, et uniquement par celles-ci. Une dépendance aux sources de montagne qui fait la spécificité des hameaux de San Martino, tout comme dans d'autres territoires montagneux du cap Corse, tels que Suerta ou Figarella. Mais là-bas, "ça tient le coup", précise Fabien Bonifaci, ingénieur des travaux hydrauliques chez Acqua Publica.

Habituellement, les sources de Catarelle fournissent un débit de "13 à 14 m3 d'eau à l'heure, énonce l'expert. Mais en début de semaine dernière, on a eu une alerte. Elles ne donnent plus que 2 m3 d'eau à l'heure, ce qui correspond au débit qui est consommé par les abonnés du secteur."


Éviter de laver sa voiture

En conséquence, il est demandé à la population de faire preuve de sobriété dans l'utilisation de la ressource. Acqua Publica recommande notamment aux Sanmartinaghji de ne pas arroser les jardins ni de laver les voitures, encore moins de remplir leurs piscines (ce n'est, a priori, pas la saison...). Les habitants de Pietranera et de Grisgione ne sont pas concernés, étant alimentés par le réseau de Bastia qui n'est pas impacté.

Ce tarissement des sources de Catarelle trouve son explication dans les très faibles précipitations de l'automne sur le bassin bastiais et le Cap Corse. Ainsi en novembre, seulement 14,2 mm de pluie se sont abattus dans la région, selon les données enregistrées par la station météo de Bastia Poretta, ce qui représente une diminution de 88 % par rapport aux normales de saison. La majorité des pluies (12,8 mm) étant tombées le 2 novembre, lors de la tempête Ciaran. En octobre, on était déjà à -93 % de précipitations. Il faut remonter au mois de mai (77,2 mm) pour retrouver un niveau de pluviométrie conséquent (+ 56 %).

Cette sécheresse a donc fini par avoir une incidence sur le débit des sources Catarelle. Mais pourquoi pas sur les autres sources de montagne environnantes ? Cela dépend des sources, répond Fabien Bonifaci : "Certaines ont un débit plus faible, mais une présence en eau pérenne. Pour d'autres, le débit sera plus important, mais il s'effondrera plus rapidement. C'est le cas ici et c'est la première fois que je le vois s'effondrer comme ça", s'étonne l'ingénieur.

Les fuites en cause ?

Marie-Hélène Padovani avance une autre explication : "Il y a des fuites dans les canalisations qui s'usent avec le temps. Il faut les changer". En effet, selon les chiffres de l’Observatoire national des services d’eau et d'assainissement, ce taux de fuite atteint 32,2 % en Haute-Corse en moyenne. Malheureux hasard, les équipes d'Acqua Publica sont précisément intervenues ce lundi matin à... San Martino di Lota pour colmater une fuite qui avait été détectée. Pour autant, c'est une hypothèse qui est réfutée par Fabien Bonifaci : "Sur le secteur, toutes les canalisations ont été changées, elles sont neuves. Et depuis, on est sur un rendement de réseau qui est de l'ordre de 90 à 95 %."

L'ingénieur accrédite la piste de la sécheresse, et se montre pessimiste quant à une amélioration rapide de la situation : "Il y aura peut-être un peu de pluie en milieu de semaine, mais ce sera très léger et ça ne contribuera qu'à humidifier les sols. Or, si on n'arrive pas à inverser la tendance, on devra procéder à des coupures." D'où la nécessité pour les habitants de se discipliner, au risque de voir le robinet tourner à vide aux heures les plus creuses de la journée.

Une situation qui rend perplexe Marie-Hélène Padovani : "Ce qui est inquiétant, c'est que ça arrive en novembre. S'il ne pleut pas maintenant, qu'est-ce qui va se passer cet été ?