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Restructuration des cimetières : la Corse s'y met aussi


Julia Sereni le Mardi 7 Juin 2022 à 21:13

Depuis un an, le cabinet Ad Vitam sillonne les routes de Corse avec une mission bien particulière : aider les mairies à restructurer leurs cimetières. Après cinq premières communes en 2021, au tour d’Omessa, Vezzani, Sainte-Lucie de Tallanoad vitam cimetiere
, Peri et Balogna de se lancer dans cette délicate opération.



Les techniciens d'Ad Vitam interviennent en Corse depuis 2021. Photo : Thierry Chenu
Les techniciens d'Ad Vitam interviennent en Corse depuis 2021. Photo : Thierry Chenu

Restructurer les cimetières, c’est la mission peu commune du cabinet de conseil funéraire Ad Vitam. Démarrée en 2021 en Corse - mais forte de 30 ans d'existence sur le continent - l’activité prend de l’ampleur. En février, cinq communes ont fait appel à leurs services : Sollacaro, Bastelica, Marignana, Vero et Cargèse. Du 8 au 12 juin, cinq nouvelles mairies bénéficieront de leurs conseils : Omessa, Vezzani, Sainte-Lucie-de-Tallano, Peri et Balogna.

Il faut dire que le travail ne manque pas. « Regardez sur Google earth n’importe quel cimetière du continent et un de chez nous, vous verrez la différence ! », lance François-Emmanuel Roux, chargé de communication du cabinet. Problèmes de places, tombes en déshérence, absence de documents en mairie… « Les problématiques sont toujours les mêmes, et il y a un besoin réel chez les élus », indique-t-il.
 
Le cas de la commune d’Omessa illustre parfaitement les difficultés rencontrées par les mairies. « Notre cimetière est saturé, et nous avons un problème de gestion quotidienne des concessions », indique le maire Jean-François Filippi. « Notre objectif est de faire le point sur l’existant et de restructurer au mieux afin d’éviter de réaliser une extension, car c’est une démarche compliquée avec beaucoup de contraintes, la première étant que nous n’avons pas de foncier », ajoute l’élu. C’est pourquoi il a décidé de faire appel au cabinet de conseil, qui débutera les opérations dès ce mercredi 8 juin, pour les terminer d'ici trois mois environ.

Audit et drone en renfort

Mais comment s’y prend-on pour restructurer un cimetière ? D’abord, par une visite de terrain. L’entreprise fait alors un premier audit : nombre de tombes, pourcentage de sépultures abandonnées, équipements… Tout est passé au crible. Ensuite, les trois techniciens réalisent, à l’aide de leur drone, un orthoplan, c’est-à-dire une représentation aérienne très précise, effectuée à partir de 300 à 400 clichés. Car la finalité, c’est l’informatisation des données. « Comme une matrice cadastrale, toutes les concessions sont numérotées, avec les informations par tombe », détaille François-Emmanuel Roux.
 
Pour ce faire, l’équipe procède à un recensement des inhumés. « Ensuite, on reprend toutes les épitaphes et on dresse un diagnostic technique et sécuritaire de chaque tombe avec un code couleur ». Avec, éventuellement, la possibilité d’aller jusqu’à la procédure de reprise des concessions funéraires, en cas d’abandon. « Mais ça ne se fait pas comme ça ! On contacte les ayants droit, ils ont trois ans pour remettre la sépulture en état, et en l’absence de réponse, on met en place des travaux de reprise très encadrés pour placer les corps dans un ossuaire », précise le chargé de communication.

Un taux d'inhumation plus important en Corse

Même si, de son propre aveu, la procédure est « délicate », elle n’en reste pas moins « utile ». Surtout sur l’île, où le taux d’inhumation est « bien plus important que sur le continent », selon François-Emmanuel Roux. « S’il est de l’ordre de 1% sur le continent, c’est-à-dire qu’il y a un enterrement par an dans le cimetière pour une commune de 100 habitants, nous sommes à 3 ou 4% ici car même les Corses de la diaspora veulent être inhumés au village », explique-t-il. Autre spécificité, les concessions perpétuelles. « C’est comme un bail emphytéotique, tant que la tombe est entretenue, le bail court encore. Sur le continent, et même à Ajaccio désormais, on est passé à des baux de 15, 30 ou 50 ans », commente le spécialiste. Enfin, de nombreuses communes insulaires se refusent encore à demander une participation pour les concessions, ce qui n’est pas le cas sur le continent.
 
Mais ce qui a surtout frappé les techniciens d’Ad Vitam, c’est l’emplacement et le style architectural des sépultures. « Ils appellent cela les maisonnettes ! », confie François-Emmanuel Roux. « Sur le continent, les chapelles et caveaux sont plutôt réservés aux personnes qui ont les moyens. De même, il y a beaucoup de cimetières privés, ce qui est très rare ailleurs. »