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Rassemblements contre l'antisémitisme : Près de 400 personnes mobilisées à Bastia


MV le Dimanche 12 Novembre 2023 à 16:39

Dans un contexte de conflit au Proche-Orient et de regain des actes antisémites en France, les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher ainsi que l'Association des maires de France appelaient ce dimanche à une "grande marche civique" qui s'est tenue dans plusieurs villes de France, dont Bastia où deux rassemblements étaient organisés.



Ange-Pierre Vivoni
Ange-Pierre Vivoni
La Haute-Corse a doublement affirmé son refus de l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre. Alors qu’une grande marche civique était organisée à Paris, à Bastia, deux rassemblements ont été organisés.
C'est à la préfecture qu'une première mobilisation a eu lieu à 10 heures. A l'appel de l'Association des maires de Haute-Corse, plus de 200 personnes se sont réunies  "pour dénoncer la recrudescence de l'antisémitisme qui s'opère en marge du conflit israélo-palestinien", dans la lignée des appels des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, et de l'Association des maires de France. Pour l'occasion, les grilles de la préfecture à Bastia ont été ouvertes afin que "la maison de la République puisse accueillir les élus de la République", comme l'a souligné Michel Prosic, le préfet de la Haute-Corse, présent au rassemblement.

Dans la cour, des nombreux maires et élus du département, les députés Michel Castellani et Jean-Felix Acquaviva ainsi que le sénateur Santo Parigi étaient présents aux côtés de citoyens laïques et juifs, du président de l’association cultuelle israélite de Bastia et de la Corse, Gérard Levy, venus tous exprimer leur refus à cette "vague antijuive".
"Je veux d'abord remercier le préfet de nous avoir autorisés à rentrer dans l'enceinte de la préfecture, car c'est la première fois pour moi qu'un rassemblement se tient à l'intérieur de ses murs", a souligné Ange-Pierre Vivoni, le président des maires de Haute-Corse. "Nous nous sommes rassemblés pour condamner ce qui s'est passé le 7 octobre en Israël.", a ajouté l'élu qui a aussi remercié les maires présents, soulignant l'unité de la Corse face aux grandes causes. 

La diversité politique était également présente, avec la participation de différents partis politiques, ce qui, selon Vivoni, témoigne de l'unité de la Corse face à des enjeux cruciaux. "Votre présence fait chaud au cœur parce que nous nous connaissons pas aujourd'hui des attentats ou d'actes antisémites sur l'ile, mais sait-on jamais ... et cette unité montre que nous sommes là pour protéger la Corse. Tous ensemble nous dirons non à tout acte répressif, toute forme de terrorisme et nous serons toujours unis pour la paix et cette île sera toujours une terre d'accueil."

L'édile de Sisco n'a pas été le seul à prononcer un discours ce dimanche. La ligue des droits de l'homme a décidé de s'associer à la démarche de l'association des maires, pour souligner "son opposition à tous les racismes et discriminations." Dans sa prise de parole Me Marie-Josée Bellagamba, avocat au barreau de Bastia et de la LDH a rappelé que la Ligue elle s'est créée au moment de l'affaire Dreyfus "donc son engagement depuis cette date a toujours été bien entendu dans la dénonciation de tous les actes d'antisémitisme qui pouvaient  se produire."


 

Environ 200 personnes étaient présentes
Environ 200 personnes étaient présentes
Une communiqué inquiète  
Dans une foule un couple résident dans l'Extreme-Sud de l'ile affirme sa présence pour dire "non" à l'antisémitisme et à toute forme de racisme. "On est là pour dire non contre l’antisémitisme et toute autre forme de racisme et la haine qui est en train de monter depuis les derniers événements internationaux, nous inquiète  Même si l'antisémitisme ne fait pas partie des valeurs corses, il peut toujours y avoir des fous.".

Depuis les attaques du 7 octobre, l'inquiétude au sein de la communauté juive en France ne cesse en effet de croître. Avec environ 1 200 actes antisémites recensés, le pays connaît une forte hausse de ces incidents. Même si la Corse semble être épargnée, à l'exception d'un tag découvert récemment à l'extérieur du cimetière juif de Bastia, les habitants ne baissent pas la garde. "On ne peut pas préjuger de ce qui peut se passer en Corse, et malheureusement, la logique de haine peut conduire à des fractures partout, même en Corse, malgré son histoire et l'accueil des Juifs." souligne un femme qui a pris part au rassemblement.

Parmi les participants se trouve aussi René Carruggi, un Corse récemment revenu d'Israël, où une partie de sa famille réside. Affichant des images choquantes de sa nièce, "égorgée par le Hamas" il exprime son indignation. "Ce que j'ai pu voir là-bas est innommable. Quand j'entends Mélenchon et d'autres dire que le Hamas est la résistance, je dis qu'ils sont des terroristes." René justifie sa présence au rassemblement en soulignant la perte de membres de sa famille en Israël et l'inquiétude croissante face au contexte actuel. "Je ne pouvais pas être ailleurs aujourd'hui, le contexte actuel est déplorable et cela devient inquiétant.".

Une deuxième mobilisation "citoyenne" à Bastia

Un deuxième rassemblement "citoyen" a eu lieu à 15 heures devant le monument aux morts de la place Saint-Nicolas, organisé par un groupe de citoyens. Environ 150 personnes ont participé à cet événement. "Nous ne sommes pas encartés", explique Hervé Cheuzeville, l'un des initiateurs. "Il y a des juifs, des catholiques et des citoyens qui se sont réunis pour dénoncer la montée de l'antisémitisme en France ou pour être plus exact de l'anti-judaïsme puisque ces incidents ciblent exclusivement la communauté juive."

Cependant, Hervé Cheuzeville écrivain qui connait bien la question du Proche-Orient a exprimé des regrets quant à la division des manifestations, estimant que cela a probablement réduit la participation à celle de l'après-midi.
Le rassemblement de 15 heures qui a réuni entre 150 et 200 personnes
Le rassemblement de 15 heures qui a réuni entre 150 et 200 personnes