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RETRO. Autonomie de la Corse : que peut-on retenir de 2023 ?


Paule Cournet le Vendredi 29 Décembre 2023 à 10:45

L’actualité politique en 2023 aura été riche et prenante. Entamé dès le mois de février, le dialogue entre l’Etat et les élus insulaires se poursuivra en 2024 afin de doter l’île « d’une autonomie dans la République », selon les mots du Président Macron en visite en septembre dernier.
Retour sur une année de négociation.



Dégel

Le 6 février, alors que le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, se déplace sur l’île pour commémorer le 25 e anniversaire de l’assassinat du Préfet Claude Erignac, une première pour un membre du gouvernement depuis 5 ans, celui-ci ouvre la voix au dialogue et à la paix : « Le temps a fait son œuvre, une génération est passée. Si l’assassinat du Préfet Claude Erignac avait fait tomber la France dans les ténèbres, 25 ans plus tard, nous devons faire le choix de la lumière, estime-t-il dans son allocution avant de proposer « la main tendue » du gouvernement pour que Paris et la Corse « sortent du carcan du ressentiment ». Le ministrese rendra à nouveau en Corse ces 18 et 19 février. Au cours de cette visite il rencontrera plusieurs élus de Corse pour évoquer notamment les projets inscrits au Plan de Transformation et d'Investissement pour la Corse (PTIC) mais aussi Gilles Simeoni et des membres de l'exécutif corse. C'est la reprise du dialogue entre la Corse et Paris à l'arrêt depuis quatre mois à la suite du refus par la cour d'appel de Paris d'accorder la semi-liberté à Pierre Alessandri.
Photo archives CNI - Michel Luccioni
Photo archives CNI - Michel Luccioni

Le 24 février, une délégation d’élus insulaires se rend à Paris dans le cadre de la reprise des discussions sur l’avenir institutionnel de la Corse menées avec le gouvernement. Un troisième comité stratégique qui avait reçu la visite surprise d’un Emmanuel Macron venu pour écouter « sans tabou ni solution prédéterminée » mais aussi rappeler deux « lignes rouges » : la Corse doit rester dans la République et ne pas créer « deux catégories de citoyens ».   

 
RETRO. Autonomie de la Corse : que peut-on retenir de 2023  ?

Attentats

Déjà rapprochés à la prison de Borgo après la levée de leur statut de DPS (détenu particulièrement surveillé) et l’assassinat d’Yvan Colonna en prison, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, les deux derniers membres du Commando Erignac accèdent au régime de liberté conditionnelle respectivement en février et mars 2023.  

Au printemps, cependant, une série d’attentats menés contre des mairies et des élus, mais aussi des professionnels du bâtiment, qui dénoncent une violence aveugle et indiscriminée, est revendiquée par un nouveau groupe armé, Ghjuventù clandestina corsa (GCC), dont les actions sèment le trouble dans l’île depuis quelques mois.  
RETRO. Autonomie de la Corse : que peut-on retenir de 2023  ?

Divisions

Le 5 juillet, l’Assemblée de Corse adopte, en pleine nuit, par 46 voix pour, et après deux jours de débats et de tractations, le texte de la délibération sur l’autonomie. Le texte, voté par la majorité nationaliste, réclame notamment la « reconnaissance juridique du peuple corse » et « un statut de co-officialité de la langue corse ». Il demande par ailleurs un pouvoir législatif dans tous les domaines pour l’Assemblée de Corse, sauf ceux relatifs aux pouvoirs régaliens. Mais l’Assemblée ne parvient pas à s’accorder sur un projet unique d’autonomie et un autre texte, celui de l’opposition de droite, est également soumis au gouvernement, lassé des divisions corses. Ce deuxième projet appelle plutôt à un « pouvoir d’adaptation des lois françaises aux spécificités corses », sans gestion autonome de l’éducation et de la santé et sans transfert de la fiscalité.  
Les Nationalistes saluent le vote. Photo CNI.
Les Nationalistes saluent le vote. Photo CNI.

Ouverture

Les 13 et 14 septembre, soit plus de deux mois après le vote de l’Assemblée de Corse, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, se rend à nouveau sur l’île en préparation de la visite présidentielle plus ou moins prévue en fin de mois, pour y rencontrer, outre le président de l’exécutif, Gilles Simeoni, 150 élus insulaires, maires, présidents d’intercommunalités et conseillers municipaux, désireux de ne pas être « les oubliés du processus d’autonomie ».  
afp.com/Pascal POCHARD-CASABIANCA
afp.com/Pascal POCHARD-CASABIANCA

Organisée dans le cadre des 80 ans de la libération de la Corse en 1943, la visite du chef de l’Etat, est l’occasion, après plus d’un an de négociations, d’une prise de parole présidentielle très attendue à la tribune de l’assemblée de Corse, le 28 septembre. Dans son allocution, Emmanuel Macron prône « l’audace de bâtir une autonomie à la Corse dans la République » et se dit favorable « à ce que les spécificités de la communauté insulaire corse soient reconnues dans la Constitution, au sein d’un article propre, des spécificités d’une communauté insulaire historique, linguistique et culturelle », écartant en revanche la définition d’un statut de résident demandé par la majorité territoriale. Le Chef de l’Etat a donné six mois aux élus et à l’Assemblée de Corse pour arriver à un accord avec le gouvernement menant à un texte constitutionnel et organique modifiant le statut de la Corse. Un moment que le Président a lui-même qualifié d’ « historique ».  
e Président de la République s'est prononcé en faveur de l'inscription de la Corse dans la Constitution ce jeudi matin devant les élus de l'Assemblée de Corse (Photo : AFP/ Pascal Pochard-Casabianca)
e Président de la République s'est prononcé en faveur de l'inscription de la Corse dans la Constitution ce jeudi matin devant les élus de l'Assemblée de Corse (Photo : AFP/ Pascal Pochard-Casabianca)

Dans la nuit du 8 au 9 octobre, 24 attentats ou tentatives d’attentats sont commis quasiment simultanément dans au moins 16 communes de l’île et visant principalement des résidences secondaires inoccupées. Une nuit bleue revendiquée dans les heures qui suivent par le FLNC Union des Combattants et 22 octobre qui écrit dans un communiqué : « Nous n’avons pas de destin commun avec la France ».