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Projet régional de santé : l'avis réservé de l'Assemblée de Corse


le Vendredi 27 Octobre 2023 à 16:20

Avis favorable, mais comportant beaucoup de réserves. Elaboré par l'Agence régionale de santé (ARS), le nouveau projet régional de santé (PRS) a été passé au bistouri des élus de la Collectivité de Corse, ce jeudi 26 octobre. Ils se sont globalement tous accordés sur... les désaccords qu'ils nourrissent à l'encontre de ce PRS, lequel fixe la feuille de route des politiques de santé en Corse sur les cinq ans à venir.



Dans le sillage de Bianca Fazi, l'Assemblée de Corse a émis des réserves sur le nouveau projet régional de santé.
Dans le sillage de Bianca Fazi, l'Assemblée de Corse a émis des réserves sur le nouveau projet régional de santé.
Marie-Hélène Lecenne était présente dans l'hémicycle à Aiacciu, jeudi après-midi. La directrice de l'ARS en Corse a entendu les élus de la collectivité émettre bon nombre de critiques sur ce PRS qui a néanmoins recueilli un avis favorable à la majorité (*). Une fois le vote effectué, Marie-Antoinette Maupertuis, la présidente de l'Assemblée de Corse, a tenu à s'adresser à elle : "Je vous remercie de votre présence à ce débat. Bien évidemment, les remarques formulées ici par les groupes ne sont pas dirigées vers une personne, mais vers une politique, vous le savez."

Toujours des craintes concernant la maternité de l'Ospedale et l'hôpital de Bastia

Au cours de son intervention, Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge de la santé, a reconnu qu'il y avait eu des progrès en matière de concertation : "Nous travaillons bien avec l'ARS, nous avons des projets communs, on nous a écoutés." Mais sur le fond, les points de convergence ont été rapidement évacués : "La prévention et la promotion de la santé sont annoncées comme un objectif pour l'ARS. Sur ce point, nous nous rejoignons." L'élue a également salué "une meilleure prise en compte dans le PRS des enjeux liés au maintien à domicile des personnes âgées", tout en regrettant que le plan de rattrapage proposé "ne s'accompagne pas de recettes nouvelles pour la CdC, notamment en faveur des EHPAD, qui gagneraient à être rénovés depuis de nombreuses années", a regretté Bianca Fazi, avant de dérouler le fil de ses regrets.

En premier lieu, la non-révision du coefficient géographique, qui détermine le financement des établissements de santé en tenant compte des spécificités de leur environnement. Or le coefficient géographique ne variera pas en Corse, en dépit "des surcoûts liés à l'insularité qui ne cessent d'augmenter".

Ensuite, sur le dossier de la maternité de la clinique de l'Ospedale à Portivechju : malgré une mobilisation importante de la population et des professionnels de la santé pour la sauvegarder, suivie d'un engagement oral pris par Emmanuel Macron lors de sa venue en Corse, les doutes ne sont pas levés, fustige Bianca Fazi : "Le président de la République  nous a donné des garanties. Mais nous continuons à demander le maintien de la maternité et nous préférons maintenir nos réserves, car nous n'avons aucune visibilité sur le financement de la clinique actuellement." De même, pour l'hôpital de Bastia : "Le sujet n'est pas abordé dans ce document. Or c'est un équipement incontournable dont les Corses ont besoin. L'hôpital actuel est obsolète, il faut absolument que nous ayons un nouvel hôpital pour Bastia", a insisté la médecin généraliste de profession, qui note aussi "la nécessité de renforcer l'accès aux services de santé mentale, et notamment la pédopsychiatrie", ce qui n'est pas consigné dans le PRS 2023-2028.

Prenant la parole chacun leur tour, les différents groupes d'élus ont adhéré aux réserves émises par Bianca Fazi, y ajoutant d'autres regrets, tels que "l'absence d'un projet de centre de l'obésité", pointe Jean-Marc Borri, de Fà Populu Inseme. Ou bien l'absence d'un plan de lutte contre la désertification médicale "qui menace aujourd'hui près de 50 000 personnes en Corse" souligne Cathy Cognetti (Un Soffiu Novu) qui a soumis un amendement (adopté) pour y remédier. Paul Quastana, pour Core in Fronte, abonde : "Aujourd'hui en Corse, il y a deux catégories de personnes. Celles qui habitent dans les villes et celles qui vivent dans l'intérieur. La seule chose qui retient plus de Corse de vivre dans l'intérieur, c'est l'accès aux soins d'urgence qui y est proposé..."

Un PRS "trop technocratique"

Josepha Giacometti (Corsica Libera) voit dans ce PRS 2023-2028 "un copier-coller des stratégies de santé françaises, remises au goût des spécificités géographiques insulaires". Quand Jean-Christophe Angelini "rêve du moment où l'Assemblée de Corse élaborera son propre plan". Le président du groupe Avanzemu et maire de Portivechju ne comprend toujours pas pourquoi "maintenir à Portivechju une maternité de niveau 1 a dû engendre un an de mobilisation, alors que ça reste l'évidence. Nous demandons simplement que l'existant puisse être maintenu." Jean-Marc Panzani (Fà Populu Inseme) enfonce le clou : "Ce PRS est encore notoirement insuffisant, dans les domaines stratégique, opérationnel et infrastructurel. Il est trop technocratique, administratif et standardisé."

D'autres regrets ont été émis, comme sur le vieillissement du corps médical en Corse, mais sur ce point, l'ARS ne peut pas tout, relativise Bianca Fazi : "Chacun de nous doit s'employer à ce que des jeunes de chez nous s'emploient à faire des études de médecine puis revient en Corse." Sur ce point, la perspective de voir construit un centre hospitalier universitaire pourrait faciliter la donne. C'était précisément l'objet de la délibération suivante...


(*) Le groupe Avanzemu s'est abstenu, le groupe Core in Fronte n'a pas participé au vote, de même que les deux élus non inscrits, Josepha Giacometti et Pierre Ghionga.