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Processus de Beauvau : les réactions des groupes nationalistes d'opposition à l'Assemblée de Corse


le Mercredi 7 Juin 2023 à 22:25

Ce mercredi, les élus corses avaient rendez-vous à Paris dans le cadre du processus de discussions avec le Gouvernement. Après plusieurs semaines d'interruption, cette nouvelle réunion a permis d’évoquer les questions du foncier, du logement et de l’urbanisme sur l’île alors que le cycle de rencontres touche à sa fin. Qu’ont retenu les représentants des groupes nationalistes d’opposition à l’Assemblée de Corse de cette journée ? Retrouvez leurs réactions ci-dessous.



(Photo : Twitter Gilles Simeoni)
(Photo : Twitter Gilles Simeoni)

Paul-Félix Benedetti (Photo : Archives Michel Luccioni)
Paul-Félix Benedetti (Photo : Archives Michel Luccioni)
Paul-Félix Benedetti, le président du groupe Core in Fronte, note avant tout « une réunion de travail qui a commencé de manière bancale ». « Il était proposé une discussion tout autant technique que technocratique qui a été repositionnée sur un cadre plus général avec une position globale des groupes nationalistes pour demander un saut qualitatif, le respect du suffrage des Corses qui ont voté pour nous, pour un droit au changement. La question était donc de savoir si nous allions nous orienter vers un statut spécifique, niveau autonomie, avec un transfert de compétences global et total et inéluctablement une révision institutionnelle et constitutionnelle », explique-t-il. En reprenant : « Je pense que les choses évoluent, mais il y a quand même des sous-entendus qui sont sournois parce que quand on nous propose de dire que le consensus global de toute la Corse serait la solution idéale, cela sous-entend par exemple que, pour nous indépendantistes, qui acceptons un début de consensus, on aille simplement vers plus d’autonomie, ce qui n’est pas pareil ! ». Si l’élu indépendantiste note que « le ministre de l’Intérieur est quelqu’un qui est ouvert sur la forme », il souligne que ce dernier « représente par sa fonction un État centralisateur fermé et archaïque ». « Est-ce que derrière il cherche à gagner du temps et à nous opposer un consensus fait par l’État au nom de l’intérêt de la Corse ? J’espère que non, mais je crains le pire », s’interroge-t-il. En posant : « Je ne sors pas dans un état d’esprit satisfait de cette réunion ». Sur le thème du jour, il souligne avoir « tenu une position politique et pas technique ». « J’ai dit que le problème n’est pas la spéculation immobilière, mais la spoliation des Corses au niveau fiscal et moral. On ne pourra lutter contre cela que par des mesures de protection spécifiques qui, d’un côté peuvent être vues comme des clauses de non droit, mais d’un autre côté comme des clauses salutaires sans aucune autre possibilité », martèle-t-il. 

 

Jean-Christophe Angelini (Photo : Archives Michel Luccioni)
Jean-Christophe Angelini (Photo : Archives Michel Luccioni)
De son côté, le leader d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, indique avoir émis « des réserves et même une forme d’inquiétude » en amont du rendez-vous. « Nous avons en effet des éléments de contexte qui sont préoccupants : interpellations, tensions, difficultés récurrentes. Au sortir de la réunion d’aujourd’hui, ces craintes, même si elles demeurent, sont assez largement dissipées au profit d’une évolution politique claire qui devrait nous conduire à la révision constitutionnelle et pour notre part à l’autonomie », affirme-t-il. « Nous avons parlé du foncier, de l’urbanisme et du logement. Le PNC et le groupe Avanzemu ont été clairement force de proposition avec des contributions à droit constant et en même temps dans le cadre de la révision constitutionnelle. Tout ceci sans bien sûr dissocier le volet sectoriel et technique de la perspective politique et historique. Nous l’avons dit, il ne s’agissait pas pour nous de saucissonner, mais au contraire de proposer des choses dans un cadre global et dynamique. Je suis satisfait que nos propositions aient toutes ou presque été abordées ou reprises par le Gouvernement. Nous avançons, il me semble, dans la bonne direction. Nous avons posé sans tabou la question du statut de résident, et celle des limites constatées aujourd’hui au regard notamment des traités européens. Nous n’avons pas abdiqué pour autant et proposé en écho de continuer à travailler à partir de groupes dédiés d’experts, ce que nous allons faire dans les prochains jours. Nous avons également parlé de la massification des résidences principales, de l’inclusion de la Corse en zone dite tendue, de l’instauration d’un permis de louer à l’initiative des conseils municipaux, de la mutation du crédit d’impôt, notamment pour qu’il répond aux grands enjeux de la transition énergétique. Nous avons abordé la servitude sur les résidences principales dans le cadre des plans locaux d’urbanisme. La démonstration est désormais faite : pour régler le problème du foncier et du logement en Corse, il faut une révision constitutionnelle », affirme-t-il.

Josepha Giacometti-Piredda (Photo : Archives Michel Luccioni)
Josepha Giacometti-Piredda (Photo : Archives Michel Luccioni)
Josepha Giacometti-Pireddade Corsica Libera, reste, pour sa part, très sceptique après ce nouveau rendez-vous parisien. « J’ai maintenu ce qui est mon credo depuis maintenant 14 mois : soit nous sommes dans un cycle de discussions techniques, soit nous sommes dans un processus à vocation historique. Ce qui a changé, c’est que chacun aujourd’hui à sa manière s’est posé la question en des termes différents. Il ne fallait pas être devin lorsque l’on avait suivi ces derniers mois les réunions et lorsqu’on a lu ce qui avait constitué le point de départ de ces discussions, c’est-à-dire le compte rendu du protocole Darmanin-Simeoni, pour savoir qu’il ne pouvait s’agir pour l’heure d’un processus à vocation historique », explique-t-elle. « Pour ce qui est de la suite, cela relève de la capacité du Gouvernement, qui continue par ailleurs à créer des conditions de tension en Corse, puisque des interpellations sont intervenues alors même que nous étions en réunion, ce qui est problématique. Et puis d’un autre côté, cela dépend aussi de la capacité de la majorité territoriale à porter un projet politique qui soit à la hauteur. Je crois que de ce côté-là aussi, il y a des attentes fortes et que pour l’heure elles n’ont pas été satisfaites », déroule-t-elle. En ajoutant :« Aujourd’hui les choses ont été reposées. Certains ont exprimé la nécessité de changer de braquet et de méthode. Va-t-on du côté du Gouvernement s’engager sur le chemin d’une véritable réforme constitutionnelle et d’une solution politique pour la Corse ? Et surtout la majorité va-t-elle créer les conditions d’un rapport de force en portant un projet à la hauteur de ce pour quoi 70% des Corses ont renouvelé leur confiance à trois reprises aux nationalistes ? Ces questions doivent trouver des réponses dans les prochains jours si chacun s’accorde à dire qu’il faut réussir ».