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Procès de Rédoine Faïd : "Je les connais pas les Corses, j'ai jamais travaillé avec eux !"


CNI avec AFP le Samedi 14 Octobre 2023 à 07:34

Le long procès à la Cour d’Assises de Paris qui juge12 accusés, dont Jacques Mariani, pour l'évasion de Redoine Faïd de la prison de Réau en 2018 se poursuit. Ce vendredi 13 octobre, dans le box, les deux hommes nient tout projet commun : "Je les connais pas les Corses, j'ai jamais travaillé avec eux !"



Croquis d'audience de Jacques Mariani, au palais de justice de Paris, le 11 septembre 2023 AFP
Croquis d'audience de Jacques Mariani, au palais de justice de Paris, le 11 septembre 2023 AFP
C'est Rédoine Faïd qui commence. Tête baissée, l'air grave, le braqueur multirécidiviste de 51 ans assure qu'il va exercer son droit au silence sur ces "pseudo-faits" de projet d'évasion avorté avec son voisin de box corse, qui ont déjà fait perdre bien "trop de temps" à la cour d'assises. "Vous allez m'amener à me justifier sur quelque chose qui n'existe pas", s'excuse-t-il presque... avant de se lancer dans une démonstration enflammée de plus d'une heure pour soutenir qu'il n'y a "rien, rien" dans ce volet du dossier. 

Rédoine Faïd aurait demandé à Jacques Mariani de l'aide pour un précédent projet d'évasion (de Fresnes, en 2017, sans lien avec le volet principal du procès - l'évasion par hélicoptère de Réau en 2018). En échange il aurait promis d'assassiner "trois piliers" d'un clan rival corse de Jacques Mariani. Un "tissu de mensonges", des "salades", des "conneries", répète Rédoine Faïd. "Je les connais pas les Corses, j'ai jamais travaillé avec eux !"

Le gros de l'accusation repose sur les déclarations de Marc (prénom modifié), un coaccusé de 48 ans, ex-ami de Jacques Mariani, qui a changé de vie et d'identité après l'avoir "balancé" dans cette affaire et, plus grave, dans un dossier de double assassinat. "Il m'a pas balancé, il a inventé, il a menti !", corrige Jacques Mariani, bouillonnant dans le box. 

La présidente Frédérique Aline interroge les deux hommes au crâne chauve l'un après l'autre. Chacun a sa manière de faire le show et ses propres punchlines, mais leur version est la même.

"Sale mec" 
Ils admettent ce qu'ils ne peuvent pas nier, les textos et les rencontres entre Rachid Faïd - "le frère de qui tu sais" - et Jacques Mariani, avec l'intermédiaire de Marc, pour faire passer une "lettre" écrite par le braqueur depuis sa prison.
Ce dernier voulait simplement avertir le Corse de "menaces de mort" planant sur sa soeur jumelle, jurent les deux grands bandits, mais pas planifier une évasion comme l'assure Marc.
 
A ce moment, Jacques Mariani est en liberté conditionnelle depuis quelques mois, après 17 ans de prison. Il a retrouvé "sa femme, son fils". "Faudrait vraiment être un sale mec pour lui dire +allez, viens me chercher+", fulmine Rédoine Faïd. 

Jacques Mariani "parle avec le coeur" - "vous commencez à me connaître" dit-il à la cour. Un proche, il serait "aller le chercher". Mais Rédoine Faïd il ne "le connaissait pas". "Si jamais j'avais eu quelque chose à voir, ils auraient eu plus de mal à le trouver, il n'aurait pas fini en burka", lâche-t-il, arrachant une fois encore un sourire à son coaccusé, et à la cour. 

Trois mois après sa spectaculaire évasion de Réau, Rédoine Faïd avait été arrêté dans sa ville de Creil grâce un renseignement sur une silhouette masculine sous un voile intégral.  Après l'"info" du braqueur sur sa soeur, dit Jacques Mariani, il avait passé quelques coups de fil en Corse. Pas "pour savoir", pour "prévenir". 

A écouter les deux hommes, l'histoire finit là. Pourquoi alors activer une ligne téléphonique sous un faux nom, échanger des textos codés avec Marc pendant des mois ? Ce dernier s'est "inventé une vie", il est "amoureux" des voyous, éludent les deux hommes. Ils s'amusent tour à tour de la "pseudo" liste de course révélée par Marc pour le "pseudo" projet d'évasion, comptant "10 kilos d'explosifs". "Il veut faire péter la tour Eiffel celui-là", se tord Rédoine Faïd. "Avec 10 kilos on fait tomber le mur, il a plus besoin de sortir de sa cellule", rajoutera Jacques Mariani, hilare. 
"L'évasion, elle est pas là", lance le Corse aux avocats généraux. "Vous l'avez pas. Arrêtez le cinéma, demandez l'acquittement".

Les réquisitions sont prévues mardi.