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Privés d'encre de couleur, les tatoueurs corses broient du noir


Livia Santana le Mercredi 5 Janvier 2022 à 14:45

Depuis ce mardi 4 janvier, une législation européenne interdit aux tatoueurs d'utiliser 2une vingtaine d'encres et une cinquantaine de composants chimiques jugés toxiques pour la santé.. Pour les professionnels insulaires, la pilule a du mal à passer.



A cause de la nouvelle réglementation, Rafael devra se passer de 25 pigments pour tatouer ses clients
A cause de la nouvelle réglementation, Rafael devra se passer de 25 pigments pour tatouer ses clients
« Ma spécialité c’est de faire des tatouages ressemblant à des tableaux, à des aquarelles… mais à présent c’est fini », déplore Rafael, tatoueur à Bastia. Depuis ce mardi 4 janvier, les professionnels du tatouage européens devront se passer des 25 pigments rouges, oranges et jaunes dans leurs réalisations. Si l’Union européenne a décidé d’interdire ces encres, c’est parce que l’Agence européenne des produits chimiques a trouvé des substances cancérigènes qui pourraient migrer de la peau vers les différents organes.

Toutefois, cette analyse n’est pas partagée par les tatoueurs. « Depuis que le tatouage existe nous utilisons des couleurs, mais est-ce que les personnes qui en ont sont plus sujettes à des cancers ?  Non je ne crois pas. Cette mesure est là pour encore nous empêcher de travailler », poursuit Rafael qui regrette un manque de dialogue entre les autorités et les professionnels concernés par cette nouvelle mesure. Dans un second temps, les pigments verts et bleus devraient également être prohibés d’ici à l’année prochaine. Pour le moment, le professionnel continuera à les utiliser. « On se plie à la règlementation mais ce n’est pas pour ça qu’on va arrêter de travailler. Nous sommes des artistes et ça ne fait que limiter notre créativité », assure-t-il.

Chez Ak-tattoo, les créations en couleur représentent cependant une faible partie de leur activité bien que Rafael soit spécialisé dans cet art. « Il a réalisé un seul un tatouage en couleur sur tout le mois de décembre », raconte Many, propriétaire depuis un mois du salon situé en face du port de Toga à Bastia. Toutefois, ce qui lui fait peur, c’est que les clients uniquement tatoués en couleur ne se dirigent plus chez lui. « Cela va forcément nous faire perdre du travail », regrette-t-il. Sa crainte, c’est aussi que les aficionados de l’encre colorée aillent chez des tatoueurs clandestins car les pigments sont encore vendus par les grossistes. « A domicile, il n’y a pas les mêmes normes d’hygiène. Les risques pour la santé sont plus importants, les encres utilisées de mauvaise qualité… je pense que pour les clients, il y a plus de risques que d’utiliser la couleur . »