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Porto-Vecchio : dans un cadre bucolique, le premier Mercateddu de l’Alma Salvatica a pris date une fois par mois


le Lundi 19 Mai 2025 à 09:59

Ce dimanche 18 mai, l’association L’Alma Salvatica a organisé son premier Mercateddu paesanu è artisgianu dans le jardin botanique de Ferruccio à Porto-Vecchio, à l’arrière de la route de l’Ospedale. Il a regroupé treize producteurs qui cultivent ou transforment eux-mêmes les produits, ainsi que des artisans exposant leurs créations fait-main.



La promesse d'un Mercateddu bucolique et authentique un dimanche par mois, c'est derrière les serres de Ferruccio, dans le jardin botanique de l'Alma Salvatica.
La promesse d'un Mercateddu bucolique et authentique un dimanche par mois, c'est derrière les serres de Ferruccio, dans le jardin botanique de l'Alma Salvatica.
Qualité et authenticité sont les maître-mots de ce Mercateddu, qui répond à un cahier des charges strict : « Avoir un vif intérêt pour la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité ; être passionné par son métier et transmettre sa passion au public ; produire soi-même les produits ou créations présentés ; proposer des produits de qualité, originaux, et valorisant la culture locale ; porter une attention particulière au choix des matières premières, aux contenants… ; s’intégrer dans une démarche éthique, sociale et environnementale », énumère le communiqué de presse. 

Contrer « la concurrence déloyale du made in China »

Un cahier des charges que Stevana Careddu, la directrice de l’Alma Salvatica, dit parfois ne plus retrouver dans les marchés et foires insulaires : « J’aime m’y rendre, mais souvent, je suis déçue car je ne tombe pas vraiment sur de la production locale. Entre fabriquer un produit, ou bien l’acheter et le revendre sur les marchés, ce n’est pas la même chose. Si, par exemple, on fabrique des bougies et que d’autres à côté vont vendre du made in China, c’est de la concurrence déloyale. » Un avis que partage Ségolène De Foucher, tapissière décoratrice de fauteuils, venue présenter son travail ce dimanche, sous les oliviers du jardin botanique porto-vecchiais : « Je ne voulais pas aller dans n’importe quel marché purement commercial, je voulais un marché qui a du sens », confirme l’artisan, qui est installée entre Corte et Aleria. Par exemple, pour rembourrer les fauteuils, elle n’utilise pas de mousse, mais « du crin de fibre de coco ». Et pour fixer les tissus, elle opte pour des clous de tapissier au lieu d’agrafes. Du fait-main qui a un coût, forcément, mais « le fauteuil durera mieux dans le temps », assure-t-elle.

Ce dimanche, un food truck et des chants corses ont accompagné la première édition du Mercateddu.
Ce dimanche, un food truck et des chants corses ont accompagné la première édition du Mercateddu.
Tous les deuxièmes dimanches de chaque mois

De son côté, Mylène Daniel ne pense pas qu’il y ait tromperie sur la marchandise dans les marchés traditionnels : « Les clients font la différence entre les savons industriels à 2 € et les miens », suppose l’artisan-savonnier basée à Sotta.  Sarah Pavone, artisan-bijoutière, ne fait pas le même constat : « De ce que j’ai vu, les gens ne font pas forcément la différence entre le fait-main et la revente, mais c’est bien aussi, car il en faut pour toutes les tirelires. »  Fauteuils, savons, bijoux, mais aussi bougies, bières, produits de la ferme, herbes aromatiques et miel... Au total, treize producteurs et artisans ont participé à ce premier Mercateddu de l’Alma Salvatica. Il sera reconduit tous les deuxièmes dimanches de chaque mois, « de juin à septembre, peut-être jusqu’en octobre », annonce Stevana Careddu. La directrice souhaiterait convier d’autres exposants : « On essaie de faire venir un vannier notamment. L’idée, c’est de préserver les savoir-faire ancestraux, pour éviter qu’ils se perdent. » Et dans un cadre agréable qui fait aussi une place à un food truck, à une guitare et à quelques chansons corses : « Ici, on est comme en famille, au milieu du maquis, savoure Lili Gatier, qui fabrique des bougies à la cire de soja. C’est la convivialité qui prime. Et puis on est sur les pas de Stéphane, aussi... »

Stevana Careddu, directrice de l'Alma Salvatica.
Stevana Careddu, directrice de l'Alma Salvatica.
Des projets à foison sur deux hectares

Stéphane Rogliano, décédé en 2022, a consacré quarante ans de se vie aux plantes aromatiques et sauvages du maquis. L’Alma Salvatica, présidée par sa sœur, Florence Colonna Cesari, a été créée dans la continuité de son travail passionnel. A moyen terme, Stevana Careddu ambitionne de faire aboutir plusieurs projets sur les 2 hectares du jardin botanique porto-vecchiais : un jardin d’enfants avec plantation d’agrumes, plantes aromatiques et fleurs comestibles ; la balade avec un nez, soit une découverte odorante des plantes dans un labyrinthe ; un espace pour faire pousser des plantes sauvages qui entreront dans la recette de la soupe corse ; un jardin scientifique dont le comité vient tout juste d’être constitué, et qui sera chargé d’étudier les plantes du maquis, pour mieux les confronter à la problématique du réchauffement climatique ; enfin, un jardin en mouvement, dont on pourra scruter les évolutions de floraison selon la saison ou les semis qui auront été plantés d’une année sur l’autre. 

Stevana Careddu tient à tordre le cou à une idée reçue : « On veut montrer aux gens qu’on peut laisser pousser l’herbe, ce n’est pas grave, c’est même bénéfique car ça profite à la biodiversité. Il y a besoin de changer le champ lexical du jardin : pourquoi qualifierait-on de propre ce qui a été tondu et de sale ce qui est plein de vie ? » De plus, en Corse, où la sécheresse sévit l’été, « avoir un couvert végétal haut, ça nous permet de garder l’humidité dans le sol ».