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Port du masque obligatoire en entreprise : « Il faut tenir compte des spécificités des territoires »


C.-V. M le Mercredi 19 Août 2020 à 08:02

Parmi les principales annonces de la ministre du Travail, la généralisation du port du masque en entreprise devient obligatoire dès fin août. Et pour cause, les statistiques sur le COVID-19 ont tendance à inquiéter le gouvernement qui instaure cette mesure par précaution sanitaire. Elle s’appuie sur les recommandations du Haut Conseil scientifique et notamment sur le risque de projections par aérosols. Sébastien Ristori, consultant, directeur des ressources humaines et directeur financier en PME répond à nos questions sur le sujet.



(Photo Ivan Samkov)
(Photo Ivan Samkov)
- Pourquoi une telle mesure décidée par la ministre du travail ?
- Le ministère du travail a organisé une concertation avec les partenaires sociaux et à proposer des évolutions des règles sanitaires déjà mises en œuvre dans les entreprises. Parmi les annonces, le port du masque est obligatoire dans tous les espaces clos en entreprise. Cette mesure a pour fondement la protection des salariés qui rentrent de vacances et qui étaient en « zone rouge ». Les bureaux individuels fermés font exception. Cette obligation concerne les open-space, les espaces de réunion et de circulation, les vestiaires, réserves et autres lieux ou les collaborateurs sont amenés à se rencontrer. Cette mesure est complémentaire des nombreux protocoles déjà mis en œuvre par le ministère pour différentes branches d’activités et disponibles sur le site du ministère. En complément de cette mesure, le gouvernement préconise la continuité du télétravail, selon la volonté de l’employeur, dans les zones ou le virus circule activement.


- La généralisation de cette mesure est-elle une bonne chose ?
- Il faut rester vigilant avec les mesures généralisées ! Tous les territoires ont leurs spécificités, en termes de fréquentation, de salariés qui rentrent de vacances, de tailles d’entreprises et de propagation du covid-19. Au-delà des mesures de sécurité actuelles en présence du public qui sont nécessaires à la protection individuelle, l’obligation du port du masque obligatoire dans les entreprises ouvre deux sujets : Tout d’abord, un sujet lié aux ressources humaines. L’obligation de porter le masque laisse sous-entendre aux salariés et au grand public que le virus circule activement partout, ce qui, nous concernant en Corse et à la lecture des indicateurs transmis par les autorités de santé, n’est pas le cas. Les malades actuels recensés chaque jour appellent à conserver notre vigilance mais il n’y a aucun signe alarmant d’une reprise épidémique. Le signal envoyé peut donc être anxiogène pour certains salariés dans des zones ou le virus a quasiment disparu, et avoir des répercussions non étudiées à ce jour sur la productivité, l’emploi et l’économie. Ensuite, il y a un sujet financier : le coût du masque sera à la charge de l’employeur, tout comme l’approvisionnement, et quelques questions restent en suspens : Quel masque sera utilisé ? S’il s’agit du masque lavable, il faudra compter sur l’assiduité du salarié pour le nettoyer. Si le masque est jetable, il faudra que l’entreprise gère les commandes, le stock, et veille à ce que chaque masque soit correctement jeté. Le coût est différent entre les deux types de masques : Un masque lavable est de 3€, lavable entre 10 et 30 fois, quand le masque jetable est de 50 centimes d’euros en moyenne, plafonné par la loi à 95 centimes. Sachant que le masque doit être renouvelé souvent dans la journée, notamment en cas de contact rapproché, le nombre de masque utilisé par jour multiplié par le nombre de salariés et par le nombre de jours ouvrés mensuel permet de calculer le coût supplémentaire qui incombe à l’employeur.


- Cette mesure peut-elle évoluer ?
- Il s’agit de suppositions, mais nous pouvons espérer qu’après la rentrée, la mesure soit assouplie en fonction des spécificités de chaque territoire. Par ailleurs, les syndicats patronaux continuent les discussions avec le gouvernement pour espérer une prise en charge par l’état du coût des masques, au moins pour les PME qui sont en recherche de pistes d’économies pour pérenniser leurs activités après le confinement. Dans tous les cas, dès fin août, les entreprises sont amenées à protéger leurs salariés. Il est conseillé d’adapter les postes de travail des salariés, de modifier si possible les zones de circulation dans les locaux de l’entreprise et de limiter le nombre d’interactions entre collaborateurs pour limiter les risques, les coûts et être en conformité avec la loi.