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Patrimoine mondial de l'UNESCO : L'Assemblée de Corse demande l’inscription du site d’Aleria


Nicole Mari le Vendredi 28 Juillet 2023 à 14:55

L’Assemblée de Corse demande l’inscription du site archéologique d’Aleria sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Avec trois options possibles : l’inscription sur la liste française, sur la liste italienne, ou sur une liste transfrontalière Corse-Toscane dans le cadre du paysage culturel étrusque. Deux autres procédures ont déjà été lancées pour les Bouches de Bunifaziu et les sites de la civilisation torréenne du Sud de la Corse en lien avec la Sardaigne.



Le site archéologique d'Aleria. Photo Isula corsa.
Le site archéologique d'Aleria. Photo Isula corsa.
Le site archéologique d’Aleria sera-t-il inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO ? La demande a été faite par la Collectivité de Corse qui a missionné le CoPaM (Co-développer le Patrimoine mondial en Méditerranée) pour sélectionner plusieurs sites d’exception et constituer des dossiers d’inscription sur la liste indicative de l’UNESCO. Le CoPaM, qui est né lors du Sommet des Deux Rives en 2019 à Marseille, s’emploie à favoriser la coopération et le développement durable des territoires par la valorisation de leur patrimoine. Plus de 800 sites méditerranéens sont déjà inscrits au Patrimoine mondial. La démarche corse a été présentée vendredi matin en session de l’Assemblée de Corse par la conseillère exécutive en charge de la culture et du patrimoine, Antonia Luciani. « Les potentiels sites ont été sélectionnés selon deux thématiques majeures. La première est l’Antiquité avec les sites grecs, romains et étrusques en relation avec la région Toscane. La seconde est le mégalithisme et la civilisation torréenne avec les sites du Sud de la Corse et en relation avec la Sardaigne. Trois biens ont été identifiés comme ayant de bonnes chances d’être inscrits sur la liste indicative française du patrimoine mondial : les Bouches de Bunifaziu, les sites de la civilisation torréenne et le site d’Aleria », explique-t-elle.

Antonia Luciani. Photo Michel Luccioni.
Antonia Luciani. Photo Michel Luccioni.
Un paysage exceptionnel
Des procédures ayant déjà lancées pour les Bouches de Bunifaziu et les sites torréens, le site d’Aleria, après une visite des vestiges sur l’oppidum et une analyse patrimoniale de la pertinence de la candidature en fonction des critères exigés, a reçu l’assentiment général. « Identifié et reconnu dès le milieu du XIXe siècle, fouillé et étudié depuis les années 1950, le site d’Aleria présente un caractère remarquable qui n’est plus à démontrer. Il bénéficie d’une considérable réserve archéologique dont l’intérêt exceptionnel est attesté par la richesse des collections issues des fouilles du site et des nécropoles, en partie présentées au musée », affirme Antonia Luciani. Et de préciser : « La visite des lieux a permis de confirmer l’intérêt de la candidature d’Aleria sur la liste indicative des biens du Patrimoine mondial sous la forme d’un dossier de type « Paysage culturel exceptionnel », tant le rapport du lieu à son environnement naturel est déterminant sur le plan paysager comme sur celui de l’histoire : topographie, tracé du fleuve Tavignanu, étang de Diane, mer Tyrrhénienne... ». Cependant, reconnaît-elle, cette candidature isolée aura sans doute du mal à aboutir. Aussi le CoPaM a-t-il recommandé d’élargir le site d’Aleria à d’autres colonies étrusques de la côte italienne et d’élaborer « un dossier transnational cohérent et incontestable pour mieux justifier de sa valeur universelle exceptionnelle (VUE) ». La VUE suppose une importance culturelle ou naturelle tellement exceptionnelle qu’elle transcende les frontières nationales et présente un caractère inestimable pour l'humanité.

Une candidature italo-corse
Chaque État établit une liste indicative des Biens susceptibles d’une inscription au patrimoine mondial. L’insertion sur cette liste est la première étape à franchir. 35 candidatures figurent actuellement sur la liste française. « Il est, donc, possible que nous inscrivions le Bien, soit sur la liste française, soit sur la liste italienne, soit sur une liste transnationale », indique la conseillère exécutive. Le choix n’est pas encore validé, mais il est décisif en termes de délai de soumission du dossier et de responsabilité de la gestion du Bien devant l’UNESCO. « Le choix de déposer une série transnationale en partenariat avec la Région Toscane est, pour le moment, l’option la plus cohérente. L’inscription du paysage culturel étrusque, réalisée de manière transfrontalière en reliant les sites d’Aleria à ceux de la Toscane, augmentera le caractère exemplaire de la liste du patrimoine avec un important facteur porteur de principes des échanges et des relations multiculturelles à l’échelle internationale et méditerranéenne, fondamentaux dans l'histoire de l'humanité », déclare Antonia Luciani. Elle rappelle qu’il y a quelques mois, la Corse a participé au salon italien Tourisma, spécialisé dans le tourisme culturel : « Ce qui nous a permis de nouer des contacts. Nous travaillons en parallèle à la mise en place d’une route étrusque qui relie la dimension touristique à la dimension patrimoniale ».

Ghjuvan Santu Le Mao. Photo Fa Populu Inseme.
Ghjuvan Santu Le Mao. Photo Fa Populu Inseme.
Une opportunité unique
Si le rapport a été voté à l’unanimité, il n’a guère suscité de débat. Seule la majorité territoriale souligne l’importance stratégique de la démarche. Ghjuvan Santu Le Mao insiste sur « la valeur éducative et sociale » du patrimoine insulaire qui va, selon lui, « contribuer à renforcer la cohésion de notre peuple. Les sites d’Aleria et du Sud de la Corse sont des trésors inestimables et des témoins de notre histoire mégalithique et de nos liens étroits avec les civilisations méditerranéennes, particulièrement romaine et étrusque. Ils réaffirment notre place dans le récit de l’humanité et mettent en évidence l’importance de la Corse dans l’histoire méditerranéenne ». L’élu de Fa Populu Inseme valide l’approche transnationale avec la région Toscane qui « nous permet de présenter notre patrimoine et notre histoire communes, et de tisser de nouveaux liens et de nouveaux partenariats avec nos voisins. L’inscription de ces sites au Patrimoine mondial de l’Unesco apportera une reconnaissance internationale de notre histoire et de notre culture tout en offrant des opportunités économiques majeures. Ce projet ambitieux va toucher de nombreux domaines et attirer de nombreux visiteurs sur des sites qui peuvent devenir des points essentiels en matière de développement, d’éducation, de recherche et d'industrie créative ». Citant le CESEC qui voit dans ce projet « une véritable prise de conscience de la valeur de ces biens et de l’espace culturel », il estime qu’elle est « une occasion unique de dynamiser le territoire du Fium’Orbu-Castellu-Oriente dans le cadre d’un tourisme culturel et patrimonial durable. L’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco n’est pas seulement une reconnaissance de notre propre histoire, c’est surtout une opportunité pour notre avenir ». Une opportunité qui devra cependant attendre, tant le chemin d’une telle candidature est long, complexe et dure plusieurs années.
 
N.M.

Le site et le village d'Aleria. Photo Isula corsa.
Le site et le village d'Aleria. Photo Isula corsa.