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Pas de Mc Do, pas de gros ? La Corse en exemple ?


Damien Bianchi le Vendredi 11 Octobre 2013 à 16:10

Le taux d’obésité en Corse est-il un bon argument pour disculper les restaurants Mc Donald’s de favoriser l’obésité ?



Pas de Mc Do, pas de gros ? La Corse en exemple ?
Comme le relève le site A Piazzetta, une étude réalisée par des médecins français sur 44 pays démontre un lien de corrélation très net entre le taux d’obésité et la densité de restaurant Mac Donald’s à proximité. Plus il y a de restaurants Mc Donald’s, plus le nombre de personnes obèses augmente.
Jean-Pierre Petit, PDG de la chaîne de restaurant en France, a contesté les résultats de l'enquête sur les ondes de France Inter. Il a habilement utilisé le contre-exemple de la Corse venant infirmer la règle générale : Bien que l’île ne possède aucun Mc Donald’s, elle est la région en France où le taux d’obésité est le plus élevé.
Dans une chronique sur France Infos, un journaliste revient sur cette déclaration et essaie de démêler le vrai du faux. Il admet que l’argument du directeur de Mc Donald’s n’est pas valable car on ne connaît pas le taux d’obésité sur l’île. En effet, la Corse ne fait pas partie de la statistique Obépi car, comme souvent d’ailleurs, elle figure dans la catégorie « échantillon non représentatif ».


Les études pour la Corse

Cependant, il existe bien des études incluant le taux d’obésité en Corse. Elles ne portent pas sur l’obésité globale dans la population mais sur le taux d’obésité infantile. Même si les différences avec les autres régions françaises sont faibles, une nombre d'enfant en surcharge pondérale supérieur à la moyenne est toujours retrouvé dans les différentes études.
Une enquête a été publiée en 2011 par L’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique mesurant la surcharge pondérale et obésité des enfants de 5 à 6 ans. La Corse se classe 3ème sur 28 académies : 19,6 % des enfants de cette classe d’âge sont en surcharge pondérale ou obèses. La moyenne nationale se situe à 15,1 %.  La région se classe en tête pour le taux d‘obésité chez les filles, plus touchées que les garçons avec 6.5 % d’obésité.
Une autre étude publiée en décembre 2003, réalisée par l’Office Régional de Santé de Corse en relation avec l’Union Régionale des Caisses d’Assurance Maladie et l’Education Nationale portant sur 6500 élèves du CE² à la 3ème montre que 21,60 % des enfants et des adolescents sont en surcharge pondérale (en France la moyenne nationale est de 18 %).
Ces chiffres ne sont pas sans interpeller l’association corse « ensemble contre l’obésité » qui œuvre sur le terrain pour la prévention. Elle affirme que "cette maladie prend une ampleur nouvelle surtout pour les populations jeunes." D'autant que la tendance semble s’inscrire dans le temps long puisqu’une ancienne étude portant sur de jeunes hommes âgés de 17 à 25 ans entre 1987 et 1996 démontrait déjà la prévalence importante de la Corse en matière d’obésité. Le rapport notait « une nouvelle fois, précarité et obésité semblent se conjuguer »

La précarité en jeu

La qualité de l’offre alimentaire et les habitudes de consommation sont des facteurs favorisant l’obésité. Cependant, les chercheurs en conviennent eux-mêmes. L’enseigne américaine n’a pas forcément un rôle direct dans l’obésité des populations. Il s’agit d’une corrélation et non d’un lien de causalité. Le professeur Frédéric Lapostolle  à l’origine de l’étude a indiqué sur Europe 1 : “Il y a beaucoup de facteurs qui expliquent l’obésité d’une population. Si on faisait la même étude en prenant Coca, Nike ou Apple, il est très probable que l’on trouverait les mêmes résultats”.   
D’autres facteurs parmi lesquels sont souvent cités les revenus des familles et la sédentarité. Il est évident que se nourrir plus gras et plus sucré revient moins cher qu’opter pour une alimentation saine et équilibrée. La dernière étude Obépi montre bien que l’obésité augmente lorsque les revenus baissent. Pour1.000 euros par mois de revenus, le taux d'obésité est de 20 à 24% en moyenne. Il chute à 10% à partir de 3.500 euros mensuels. Ainsi, le revenu médian en Corse nettement inférieur à la moyenne nationale pourrait contribuer à expliquer un taux d’obésité supérieur chez les enfants.