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Nuit bleue : Les premières réactions des politiques corses


le Lundi 9 Octobre 2023 à 18:58

Dans la nuit de dimanche à lundi, une série d'attentats a touché une vingtaine de résidences secondaires aux quatre coins de l'île. La classe politique insulaire réagit à ces actes



(Crédit photo : AFP/ Pascal Pochard Casabianca)
(Crédit photo : AFP/ Pascal Pochard Casabianca)
« Nous n’avons pas de destin commun avec la France ». Ce lundi matin, c’est par ces mots inscrits dans un communiqué laconique transmis à nos confrères de Corse Matin que le FLNC est venu revendiquer la série d’actions qui a visé principalement des résidences secondaires quelques heures plus tôt aux quatre coins de l’île. Une nuit bleue comme la Corse n’en avait plus connu depuis longtemps, et qui laisse un goût amer aux élus insulaires en plein processus de discussions avec l’État.
 
Un Soffiu Novu condamne ainsi « avec fermeté la série d’attentats perpétrée la nuit dernière ». « À l’heure où les élus de la Corse sont engagés dans un processus de discussion avec le Gouvernement pour inscrire la Corse dans la Constitution et envisager une évolution de notre statut particulier, ce type d’exactions est contre-productif et fait peser un risque sur la réussite du processus », martèle ainsi le groupe de droite à l’Assemblée de Corse, tandis que son co-président, Jean-Martin Mondoloni déroule : « Je pensais, comme d'autres, que nous avions définitivement tourné la page de ces années de plomb et que seul comptait désormais le difficile exercice de la démocratie. Je constate que d'autres continuent à privilégier le retour à une forme de violence qui n'a rien amené lorsqu'elle s'est exercée. Je peux comprendre que le chemin soit long et qu'il soit difficile, que certains se hâtent, que d'autres veuillent aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin, mais nous sommes dans le cadre d'un processus dans lequel les choses vont au rythme où elles doivent aller. L’effort de la démocratie, de la discussion, de l'échange est parfois long, laborieux dans la recherche d’un point d’équilibre ».
 
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jean-Baptiste Arena de Core in Fronte estime pour sa part que cette vague d’attentats vient répondre « au fait que l'attente exprimée depuis 2015 par tout un peuple n'a pour l’instant pas été entendue du point de vue politique ». « Les élections ont par trois fois validé le score des autonomistes et des indépendantistes à l'Assemblée de Corse avec un projet bien défini. Et surtout, je pense qu’il y a une grosse partie de la jeunesse corse qui aujourd'hui a peur pour son avenir sur sa terre, à savoir ne plus avoir accès au foncier et à l'immobilier dans des conditions dignes pour elle », explique le conseiller territorial en se refusant toutefois à condamner cette vague d’attentats. « Nous l'avons toujours dit, nous ne condamnerons jamais des résistants qui s'en prennent à des biens matériels tant qu'une solution politique ne sera pas trouvée pour ce pays. Nous avons toujours été clairs sur cela. Maintenant, il est bien entendu qu'il est temps de trouver les véritables voies du dialogue pour sortir de cette spirale infernale de violence/répression. Mais quand la démocratie et la loi ne sont pas appliquées de la même manière à tout le monde, c'est là où on trouve souvent les premières formes de violence. Nous continuerons à discuter parce que nous pensons que quelque chose de positif pourra jaillir du processus », pose-t-il en insistant : « Il faut que tout le monde se mette sérieusement autour de la table, que les différentes parties puissent s'exprimer, s'entendre et s'écouter. Mais il faut surtout que l'État prenne au sérieux le fait démocratique corse qui s'est exprimé depuis maintenant huit ans. À un moment donné, on ne peut pas venir nous demander de chercher une unanimité générale quand ce même Gouvernement gouverne en France à coups de 49.3 ».
 
 
Pascal Zagnoli, secrétaire national du Partitu di a Nazione Corsa, souligne de son côté que cette résurgence de violence était « prévisible ». « Malheureusement, on s'y attendait un peu. À longueur de conférences de presse, nous avions alerté sur le climat que connaît la Corse avec d'une part une forte pression sociale en matière de foncier, de logement, d'emploi, et d'autre part des divisions au sein du mouvement national depuis 2021, qui, malheureusement, amènent au retour de la violence clandestine », souffle-t-il. « En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais prôné cette voie et nous continuons de penser que stratégiquement, ce n'est pas la bonne voie. Mais d'un autre côté, on est malheureusement contraint de prendre acte d'une situation qui se dégrade de semaine en semaine », ajoute-t-il en disant espérer que cette vague d’attentats n’aura pas de conséquence sur le processus de discussions engagé avec l’État : « On considère qu'au contraire, il faut aller au bout de ce processus, qu'on ne peut aucunement le remettre en cause parce qu'il y a un retour de la clandestinité et qu'au contraire, c'est aujourd'hui ou jamais qu'il faut une solution politique. Je pense qu’en Corse et à Paris, il faut qu'on comprenne qu'enliser le processus ou y mettre un terme parce qu'il y a un retour de la clandestinité, ça ne résoudrait pas les problèmes. Au contraire, ça les amplifierait ». 
 
« C’est avec fermeté que je condamne ces actions qui mettent sérieusement en péril les discussions de Beauvau qui sont pourtant l’occasion de faire avancer la Corse sur des dossiers structurants. L’irresponsabilité de ceux qui commettent ces exactions menace la Corse entière », fustige quant à lui le sénateur (LR) de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Panunzi en sifflant : « On ne peut pas demander à être écoutés et voir se déplacer en Corse le ministre de l’Intérieur puis le Président de la République, et dans le même temps relancer la violence clandestine. Ça relève de la schizophrénie. Aucune avancée ne pourra se faire sous la contrainte ou l’intimidation ». 
 
Enfin, le président de l’association des maires et présidents d’EPCI de Haute-Corse, Ange-Pierre Vivoni, a également tenu à dénoncer cette série d’attentats. « Alors que l’ensemble des élus corses concoure à créer une perspective politique permettant d’avancer sur les voix du développement et de la paix, dans la démocratie, de tels faits nous ramènent aux heures les plus sombres et ne peuvent en aucun cas être une alternative au débat et au travail », écrit-il dans un communiqué.