Corse Net Infos - Pure player corse

Nuciola di Cervioni : renaissance gourmande au cœur de la Corse


David Ravier le Vendredi 18 Août 2023 à 09:03

Depuis 2014 et l’obtention de son indication géographique protégée (IGP), la noisette de Cervione , la noisette de Cervione connaît une dynamique ascendante, marquée par un nombre croissant de producteurs embrassant ce secteur, ainsi qu'une évolution constante des techniques visant à rehausser sa qualité.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Depuis 2014 et l’obtention de son Indication Géographique Protégée (IGP), la noisette de Cervioni rayonne d'une dynamique croissante qui fait la fierté de la microrégion bien au-delà des frontières de la Corse. Jadis délaissées, ce fruits sont en train de devenir un symbole de renaissance agricole et de savoir-faire ancestral. En effet, cette précieuse noisette occupe désormais une place d'honneur sur la Costa Verde et ses environs, où une centaine d'exploitants agricoles, principalement issus du monde de la clémentine, s'investissent dans cette industrie florissante.

Chaque année, entre 50 et 60 tonnes de noisettes sont méticuleusement récoltées, marquant un retour en force de cette culture qui, jadis, était à l'apogée de la production insulaire. « Jadis, la Corse était le premier producteur national de noisettes. Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale a engendré des défis majeurs, et la production a considérablement décliné lorsque la valeur de la noisette a chuté », résume Patricia Soulard, conseillère à la Chambre d'Agriculture de Corse et membre de l'association A Nuciola. À cette époque, l'île possédait près de 500 hectares de noisetiers, comparativement aux maigres 150 hectares actuels. La majeure partie des noisettes était envoyée dans le sud-ouest de la France, à la coopérative Unicoque, qui se chargeait de leur transformation.

Une production diversifiée

Face à cette histoire agricole glorieuse ayant sombré dans l'oubli, A Nuciola a vu le jour en 1999 grâce à l'initiative de Charles Sforzini et d'autres passionnés. Cette association, dédiée à la promotion de la variété de noisette « fertile de coutard », a décidé d'acheter la production des agriculteurs locaux pour la valoriser sous forme d'amandons de noisettes. Cette stratégie a créé une chaîne de valeur ajoutée pour les producteurs locaux. Patricia Soulard se souvient : « Au début, les ventes étaient modestes. Puis, nous avons développé un nouveau produit, la pâte à tartiner à base de noisettes, qui a remporté un franc succès. Cela a attiré l'attention des artisans sur la noisette ». En plus de la pâte à tartiner, de nombreuses autres déclinaisons ont vu le jour, comme l'huile, la farine de noisette et même le salinu. Ces innovations ont diversifié l'utilisation de la noisette corse, renforçant son attrait sur le marché. Pour donner une visibilité accrue à la « fertile de coutard », l'association A Nuciola a organisé la Festa di a Nuciola en 2001, qui a rapidement gagné en popularité tant auprès de la population insulaire que au-delà des frontières. Dans l'optique de promouvoir davantage ce produit de qualité, les professionnels du secteur se sont rapprochés de l'Aprodec, l'association de promotion et de défense de la clémentine corse. Depuis lors, la filière a gagné en dynamisme avec la création d'une section dédiée à la valorisation de la noisette corse. L'obtention de l'Indication Géographique Protégée (IGP) pour la fertile de coutard en 2014 a marqué une étape cruciale. Renommée noisette de Cervione pour l'occasion, cette reconnaissance géographique s'étendant de Ghisonaccia jusqu'à Borgo vise à préserver la spécificité, l'authenticité et la qualité de cette production locale.


Préservation d'une excellence agricole
Cette labellisation a incité de nombreux producteurs à rejoindre cette aventure, plantant près de 80 hectares de noisetiers certifiés par le Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTIFL) depuis 2014. Cependant, la patience est de mise pour les nouveaux venus, car il faut attendre entre 5 et 7 ans avant qu'un noisetier ne puisse produire ses premiers fruits. À terme, avec ces nouvelles plantations, la production corse de noisettes pourrait s'accroître de 15 tonnes supplémentaires, une fois que tous les arbres auront atteint leur maturité. Cette IGP a insufflé une nouvelle énergie à toute la filière, avec des organisations de producteurs travaillant constamment à améliorer la qualité de ce fruit à coque.
Cette amélioration passe également par la lutte contre la punaise diabolique, scientifiquement connue sous le nom de "halyomorpha halys". Originaire d'Asie du Sud-Est, cette espèce envahissante a été détectée pour la première fois en Corse en 2018, mais n'a commencé à s'attaquer aux noisetiers que depuis deux ans. Pour préserver au maximum les arbres, des mesures ont été prises pour contrer son expansion, telles que l'installation de pièges autour des arbres pour capturer les punaises. De plus, une attention particulière est portée à l'inspection de chaque noisette pour garantir leur qualité. Si elles ne satisfont pas aux normes, elles sont exclues de la production, souligne Patricia Soulard.
La filière, qui a déjà connu un déclin après la guerre, vise à éviter une répétition de l'histoire. Au sein de l'association A Nuciola, une collaboration a été établie avec l'Areflec, l'association de recherche et d'expérimentation sur les fruits et légumes en Corse, pour pratiquer le marcottage, une technique de multiplication des arbres tout en préservant la plante originelle. Cela constitue une étape importante pour maîtriser la production des arbres fruitiers. « Pour la première fois cette année, nous allons commercialiser des noisetiers certifiés », se réjouit Patricia Soulard. Ces arbres, rigoureusement testés et exempts de parasites, sont prêts à être plantés par des producteurs soucieux de contribuer à cette aventure unique et d'étendre cette filière qui fait briller la réputation de la Costa Verde.