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Nos chers amis...les réseaux sociaux


Laurina Padovani le Mardi 5 Mars 2019 à 12:06

Avec ou sans mon réseau social ? Aujourd'hui, la réponse semble toute trouvée : jamais sans mes amis Facebook, Snapchat ou Instagram.
Mais que recherchent les jeunes sur les réseaux sociaux ? Quels sont les risques d'une potentielle addiction? Ne nous éloignent t'ils pas de la réalité ?
Le psychothérapeute Toussaint Corticchiato répond.



Après la journée mondiale sans téléphone portable, la journée mondiale sans Facebook. Le  28 février, les aficionados étaient priés de se passer pendant 24 heures du réseau social longtemps numéro un de l'univers friendly. 
Mais Facebook, qui a fêté ses 15 ans cette année, est désormais considéré comme un ancien auprès des jeunes de son âge. Cette baisse d'utilisation s'explique notamment parce que les adolescents d'aujourd’hui n’ont que l’embarras du choix : Twitter, Snapchat, Instagram (propriété de Facebook), Pinterest…
Les deux rois des réseaux sociaux sont désormais Instagram, qui a atteint le milliard d'utilisateurs et Snapchat. Le premier fait le bonheur des photographes amateurs tandis que le second séduit les ados avec ses photos et vidéos éphémères. Tous rivés sur leurs écrans de téléphones, les jeunes ne semblent plus intéressés que par le dernier post qu'ils vont mettre en ligne mais surtout par le nombre de like et de commentaires qu'ils vont obtenir. 
 


Le psychothérapeute Toussaint Corticchiato nous explique le rapport qu'entretiennent les jeunes avec cet univers où l'image et la popularité sont la priorité. 



Que recherchent les jeunes sur les réseaux sociaux ?
 
Ces réseaux répondent à 4 désirs et besoins. Tout d'abort, il y a le désir d’avoir un écho à ce que l’on pense. Il est important de pouvoir d’une part se formuler à soi-même ce que l’on souhaite communiquer et en même temps être certain que ce message sera lu par quelqu’un. Donc de valoriser sa façon de vivre un évènement ou une émotion et d’en recevoir un écho.
On retrouve aussi le besoin d’exister, de ne pas sombrer dans l’oubli. Les notifications incessantes remplissent ce rôle, savoir que les autres pense à nous, même en notre absence. Le besoin de contrôler la distance relationnelle avec les amis de pouvoir oser en étant protégé par un écran et contrôler la relation. L' écran désinhibe les internauts et ils peuvent en un clic s'extraire de la conversation. Il y a un sentiment de puissance et une impression d'être le maître du jeu. 
 
Quels sont les dangers d'une trop grande utilisation des réseaux sociaux? Y a t'il un risque réel d'addiction ?
 
Les risques liés à l’outil numérique et aux réseaux sociaux sont à différencier du risque addictif. L’addiction avant d’être un risque est une solution à une souffrance. Cela peut être un vide affectif, de l'anxiété, des difficultés à gérer ses émotions, un problème de construction identitaire. Mobilisable à volonté, l’objet addictif permet d’apaiser l’anxiété. 
Le risque majeur de toute addiction est de devenir l’ultra solution. Devenue centrale, l’addiction va organiser le vie entière, coupant l’individu de ses relations affectives et de ses ressources.
Pour ce qui est des réseaux sociaux, ils permettent de créer des espaces d’intimité plus larges. Une intimité mal contrôlée ou insuffisamment sécurisée expose à des menaces d’intrusions. Un enfant ou un ado n’a pas forcement le recul nécessaire pour savoir ce qu’il peut dévoiler et le risque qu’il encourt à partager certaines séquences intimes. Le rôle des parents est là indispensable et salutaire.
L’autre danger, le plus important, est que si un enfant est victime de harcèlement, celui-ci ne s’arrête plus aux portes du lycée, laissant l’enfant trouver un moment de répit dans sa maison. Cet harcèlement va occuper tous les espaces relationnels où il peut être engagé. C'est à ce moment là qu'il peut y avoir un réel danger.

Les réseaux sociaux éloignent t'ils les individus ?
 
Je ne crois pas que les réseaux sociaux créent une rupture des rapports réels. Ils permettent bien souvent à ceux qui ont des difficultés relationnelles d’avoir une approche plus sécurisante. Car la pression de la rencontre, présence des corps et partages émotionnels, est moindre.
Le rapport faussé à sa propre image n’est pas directement imputable aux réseaux sociaux. Notre construction identitaire a toujours été lente et difficile. Mais nous sommes dans une culture où nous devons nous vendre. Une culture de la lutte des places. Nous devons donc nous rendre désirable, comme une marchandise est « marketée » pour trouver un acheteur. Les ados, confrontés à une étape de leur développement où leur corps change et où leurs émotions trahissent leurs malaises, sont particulièrement sensibilisés à la volonté de maîtriser ce qu’ils vont montrer d’eux-mêmes. Ils ont un besoin très fort de construire une image favorable (selon des critères correspondants à leurs groupes d’appartenance) que le regard des autres pourra avantageusement réfléchir. Les réseaux sociaux sont particulièrement adaptés à cela et c’est un bénéfice. La difficulté la plus sensible me semble-t-il, c’est que cela va renforcer dangereusement chez les jeunes la volonté de contrôle et de maîtrise dont le corollaire sera l’anxiété liée à tout ce qui peut leur échapper. Mettant ainsi en péril le rapport qu’ils entretiennent avec leur vie émotionnelle qui joue un rôle crucial dans la possibilité de créer des liens sincères.

Quels conseils pouvez-vous donner aux parents qui se retrouvent parfois démunis face à des adolescents hyper connectés? 
 
Etre parents n'est pas chose facile. Il ne faut jamais perdre de vue que ce qui importe, c'est de faire de son mieux ! Ils doivent surtout limiter le temps d’exposition aux écrans et interdire formellement la présence des smartphones pendant les temps d’échanges familiaux.
Il faut également proposer des activités de plein air, favoriser le contact avec l'extérieur. Mais surtout il faut parler, échanger, s’intéresser à ce qui occupe leur enfant même si ce monde peut leur sembler très éloigné du leur.