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Nicolas Guérin, président de la Fédération française des Télécoms : "la 5G offrira de grandes possibilités en Corse"


Livia Santana le Jeudi 15 Octobre 2020 à 17:22

A l'occasion de sa venue à Corte pour le congrès de l'ANEM ce jeudi 15 octobre, Nicolas Guérin, président de la Fédération Française des Télécoms a fait pour CNI, un état des lieux de la couverture mobile insulaire. Cela a également été l'occasion d'évoquer le très épineux sujet de l'installation de la 5G sur l'ile.



Nicolas Guérin, président de la Fédération Française des Télécoms
Nicolas Guérin, président de la Fédération Française des Télécoms
- Avant de parler de 5G, où en est-on du déploiement de la 4G en Corse ?
- Les groupes de téléphonie mobile ont signé un accord avec l’Etat français qui vise à améliorer la couverture du réseau en Corse, supprimer les zones blanches et établir un plus haut débit. Pour cela, ce sont les Collectivités qui désignent les zones à couvrir et où poser les pylônes. Pour le moment, 93% des sites sont couverts en 4G. Il faudra 849 sites pour toute la Corse et d'ici à 2022, 52 de plus seront installés. 
 
- Qu’apporterait la 5G sur l'île ?
La 5G établit une connexion très rapide, une instantanéité dans la transmission des données. Elle permet d’avoir une multitude d’objets connectés, des multitudes d'applications au quotidien. Plus concrètement, j'ai vu que récemment des capteurs pour mesurer la pollution de l'eau ont été installés dans le port d'Ajaccio. Grâce à la 5G ces données pourraient remonter instantanément sur les smartphones des contrôleurs. On pourrait également l'appliquer au tourisme, en décomptant le nombre de personnes qui visitent des lieux grâce à des capteurs sous terre. La 5G offrira de grandes possibilités en Corse.
Pour l'éclairage public par exemple, on pourrait imaginer un système de transfert de données qui permettrait d'allumer les lampadaires uniquement lorsque le signal d'une voiture 5G transmet qu'elle va passer.

- Cela ne pose-t-il pas un problème de protection de données ? 
- Ce n'est qu'une transmission des données, c'est leur conservation qui pose problème. Par exemple, la voiture citée précédemment communiquera uniquement son passage pour allumer et éteindre le lampadaire mais les données ne seront pas gardées en mémoire. En France, nous avons une règlementation concernant les données qui est très stricte et très protectrice. L'usager est le seul propriétaire des données.

- Que répondez-vous aux opposants à la 5G qui avancent des arguments environnementaux ?
- En France il y a 68 millions d’abonnés mobiles. Sur ces millions de personnes, 77% ont un smartphone. 51% des utilisateurs d'internet se connectent via leur mobile, 39% par ordinateurs et 6% par tablette. 94% des abonnés mobiles se connectent tous les jours et la consommation internet via les mobile a augmenté de 50% en 2019. Tous ces chiffres pour montrer que nos besoins augmentent massivement. Il faut passer à la technologie suivante. La 5G consomme dix fois moins au démarrage que la 4G. A terme, ce sera 20 fois moins. Pourquoi ? Car les antennes 4G émettent tout le temps contrairement à celles de la 5G qui se mettent en veille quand elle ne détecte pas d'utilisateurs. 

- Il faudra tout de même changer de téléphone pour pouvoir accéder à cette nouvelle technologie, ce n'est pas très écologique.
- Oui, pour le moment il y en a une vingtaine sur le marché. Il faut savoir que chaque année 20 millions de personnes changent de mobiles. Et seulement 13% le font pour acquérir une nouvelle génération. 87% le font car il est cassé ou abimé. La durée moyenne d'un téléphone est de 2 ans et demi à 3 ans donc les gens se doteront automatiquement de téléphones 5G au bout d'un moment. Aujourd'hui on prépare déjà le marché. Concernant l'environnement, les télécoms ont tous leur service de reconditionnement et de revente. 

- Le 15 juillet dernier, l’Assemblée de Corse a demandé un moratoire sur le déploiement de la 5G dans l'île. Qu'en pensez-vous ? 
- On entend le message, il n'est pas la question d’imposer la 5G. Mais on a du mal à comprendre ce moratoire... en attendant quoi ? 14 autorités sanitaires ont déjà décrété que la 5G ne posait aucun problème de Santé. L'Assemblée de Corse attend le rapport complémentaire de l’ANSES qui sortira au printemps 2021. Je ne vois pas comment il pourrait conclure en notre défaveur. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités environnementales. Je pense qu'il y a simplement un manque d’information des élus. Je suis partisan du dialogue, d'un débat, pour qu’ils fassent des choix éclairés.