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Michel Luccioni : 45 clichés de stars pour être "Plus près des étoiles"


Livia Santana le Mardi 1 Décembre 2020 à 11:47

Le photo-journaliste Michel Luccioni vient de publier "Plus près des étoiles", un ouvrage regroupant 45 clichés de stars rencontrées durant sa carrière. Passé par Var-Matin, Nice-Matin et le Figaro Magazine c'est en 1993 qu'il rejoint Corse-Matin où il exercera jusqu'en 2018. Aujourd'hui à la retraite, le Bastiais d'origine et Ajaccien de cœur qui collabore à CNI, revient en images sur les artistes et écrivains qui ont bercé les années 70.
Anecdotes sur Sting, Johnny ou encore Eddy Mitchell... le livre de 85 pages paru aux éditions clémentines replonge agréablement le lecteur dans les secrets de ces années folles.
CNI a rencontré pour vous la "mémoire corse" des stars.



Michel Luccioni a photographié plus de 2 500 personnalités durant sa carrière.
Michel Luccioni a photographié plus de 2 500 personnalités durant sa carrière.
- A quel moment avez-vous décidé de sortir un livre retraçant 40 ans de travail ? 
- C'est vrai que ça faisait longtemps que je lorgnais mes cartons d'archives. Je me disais qu'il fallait en en faire quelque chose car plus de 2 500 clichés de personnalités dormaient dedans mais je n'avais pas d’éditeur. Il y a deux ans, j'ai été mis en relation avec les éditions clémentines qui voulaient en faire un livre. Je me suis mis à trier les images de personnes plus ou moins connues. J'ai sorti 200 personnages qui allaient de sportifs de très haut niveau, aux ministres et aux 7 présidents de Pompidou jusqu’à Macron. Ensuite j'ai écrit des textes qui contextualisent l'année de la rencontre.

- Louis de Funès, Charles Aznavour, Juliette Gréco, Sylvie Vartan... autant de grands noms de la culturepop française photographiés. Une rencontre qui vous a marqué ? 
- Sans aucun doute Aragon. Mais ça n'a pas été facile. La première fois que j'ai voulu le rencontrer il a refusé. L’année qui a suivi,  grâce à son secrétaire j'ai pu rencontrer le maître. Pendant 4 ans je l’ai côtoyé dans la région toulonnaise où il passait l’été. Il m'a ouvert un boulevard intellectuel. Quand il parlait de poètes ou de peintres il m'a donné la curiosité d'ouvrir des livres pour me renseigner. Depuis, j’ai continué.

- Une personnalité "coup de cœur" ?
- Brigitte Bardot, c'est une bonne amie qui est très fidèle. Je n'ai pas beaucoup de photos d’elle pourtant c'était la personne avec qui j’étais le plus proche. On est tellement amis que j’en oubliais de la photographier. C'est d'ailleurs elle qui a signé la préface de mon livre. 
 
- Celui ou celle que vous avez eu le plus de plaisir à photographier ? 
- Laetitia Casta, elle avait 16 ans quand je l'ai rencontrée. C'était une petite jeune fille et dès la première photo c'était une réelle explosion. Tous les angles étaient bons. Elle avait une manière incroyable de se positionner devant l'objectif. C’est assez rare. Mais j'ai pris du plaisir à tous les photographier. A chaque fois que j'allais rencontrer quelqu'un c’était un évènement. Je me souviens de Dalida, ça a duré trois minutes avant qu'elle rentre sur scène, c’était très furtif mais si intense.
 
- Une personne avec qui cela ne se passait jamais bien ? 
- Eddy Mitchell. Le courant n’est jamais passé entre nous,  il aimait pas trop se faire photographier. Après coup, je pense que c’était simplement de la pudeur ou de la timidité. C’est un peu comme David Halliday, il est pas comme son père. Johnny avait ses photographes, notre relation était basée sur la confiance et il appréciait beaucoup la presse locale. 

- Il y a quelqu'un qui nous a quitté et que vous auriez aimé photographier ? 
- Fernandel, ce devait être un personnage extraordinaire, et Bourvil qui l'était tout autant. 
 
-  Et aujourd'hui ?
- Gérard Depardieu, parce que c’est un très grand acteur, quelqu’un de très controversé. J'aimerais faire la photo qu’il n'a pas envie de faire.

- Une anecdote de votre livre pour nos lecteurs ?
-A l’époque en presse quotidienne, on rencontrait les stars avant les concerts pour les annoncer. Il n'y avait pas la facilité des réseaux sociaux, nous étions un trait-d’union entre eux et le grand public. Je travaillais pour Var-Matin et le groupe Police était en tournée méditerranéenne pour 3 dates. La direction du journal a demandé de faire une interview et la maison de production a refusé. A l’époque, il n'y avait pas de refus pour ce type de papiers. Il se trouve que quand le groupe arrive à Toulon, j’apprends par le bagagiste dans quel hôtel ils sont. Je m’habille en serveur et je vais avec ce bagagiste. Sting commande à manger au bord de la piscine, ce qui était interdit. Alors, le bagagiste passe un deal : il le sert s'il peut prendre une photo avec, ce qu'il accepte. Alors j'ai pris la photo du groupe et de l'employé de l'hôtel puis après je lui ai demandé de se décaler pour prendre les trois britanniques. C'était dans la boîte ! Le lendemain elle paraissait dans le journal. 

- Qu’est-ce qu’il faut pour faire LA bonne photo ?
- Beaucoup de patience. Souvent les stars disent  "ah non je suis pas bien aujourd'hui", alors on reporte souvent. Il faut aussi se mettre à l’écart et se faire apprécier. Je me souviens quand j'ai photographié Sean Connery, je voulais l’assoir sur un gros rocher et comme d'habitude il était en costume trois pièces. Alors il met la main sur le rocher et fait dire à sa femme qui parle un peu français que le rocher est sale. Immédiatement j'ai enlevé ma veste, je l'ai pliée, il a pu s'assoir dessus, il a souri et on a fait la photo. Avec des compromis on arrive à les faire poser où on veut.

-  Les années 70 ou 2020 ?
- Avant c'était plus facile, on suivait les gens pendant plusieurs années. Les relations duraient dans le temps, tout marchait à la confiance. Aujourd’hui, comme la photo s’est banalisée, les artistes se méfient beaucoup. C’est plus compliqué, car elles peuvent être pris par n'importe qui à leur insu. La maîtrise de leur image est plus compliqué et les relations de confiances aussi. Après, chaque époque à sa manière de faire.