«Livia a tendance à disparaître. Taquinant sans cesse le cordon ombilical, coupé à la naissance, mais symboliquement toujours très présent, elle tire sur sa corde comme la petite chèvre de Monsieur Seguin. D’où son jeu primitif de présence/absence avec sa maman, jeu qui dédramatise la situation où le parent perd l’enfant de vue, versant illico dans la panique. Malgré la menace de la galipotte, sorte de loup-garou (créature légendaire et maléfique bien présente dans le centre et le sud-ouest de la France mais aussi au Canada), l’assurance de l’amour maternel rend Livia intrépide ; de galipotte en galipettes, elle renverse toujours la situation ! ». Voilà pour le synopsis…
Un petit livre bien dans la tradition des éditions Eoliennes qui fait siens les codes et le prestige du livre de littérature. Le contraste classique du papier crème et de l’encre noire s’anime d’aplats rose vif, qui insufflent audace et fraîcheur. Un livre chic aux détails soignés: beau grammage, papier texturé et mat, toucher sensuel… Un livre qui a plusieurs niveaux de lecture et usages. L’histoire, simple, fonctionne à partir de trois ans, et plus tard si on considère le joli travail de traduction corse, très élaborée autour des sonorités, des allitérations, des assonances, des rythmes… Le côté poétique est évident avec des leitmotivs, des motifs de comptine, des sonorités : «Poussette, passant, poussif, promeneur, pensif» « Barbarie, rhubarbe et rutabaga ».
Un petit livre bien dans la tradition des éditions Eoliennes qui fait siens les codes et le prestige du livre de littérature. Le contraste classique du papier crème et de l’encre noire s’anime d’aplats rose vif, qui insufflent audace et fraîcheur. Un livre chic aux détails soignés: beau grammage, papier texturé et mat, toucher sensuel… Un livre qui a plusieurs niveaux de lecture et usages. L’histoire, simple, fonctionne à partir de trois ans, et plus tard si on considère le joli travail de traduction corse, très élaborée autour des sonorités, des allitérations, des assonances, des rythmes… Le côté poétique est évident avec des leitmotivs, des motifs de comptine, des sonorités : «Poussette, passant, poussif, promeneur, pensif» « Barbarie, rhubarbe et rutabaga ».
"A Zampugnotta - la galipotte" de Michèle Corrotti.
- Michèle Corrotti, l’histoire de ce livre ?
- Après «L’école des cas désespérés» en 2017, aux éditions Eoliennes, j’avais envie de réécrire pour les enfants. Ce livre s’adresse avant tout aux 3/6 ans. En fait j’avais proposé à l’éditeur une histoire de lapins mais à 2 oreilles cette fois-ci contrairement à mes toiles où ils en ont 3, et cette histoire de petite fille. C’est cette dernière qu’il a retenue.
- Du vécu ?
- Du vécu ?
- Ce sont des souvenirs de maman. J’ai eu un petit garçon espiègle (rire) ! C’est un mélange d’exaspération qu’on peut connaitre et d’amour. Une exaspération parfois désarmée. J’ai imaginé le caractère obsessionnel du lien entre l’enfant et sa mère. Une petite fille qui teste les limites de sa maman.
- Le galipotte ?
- L’histoire de cette petite fille s’est croisée avec l’image du galipotte, un loup-garou qui hante un de mes romans favoris : «Gaspard des montagnes» d’Henri Pourrat. J’ai introduit cet animal, version enfantine, dans le récit. Faire peur est une arme des parents et j’ai trouvé amusant que la petite Livia n’ait peur de rien. Livia est une sorte de petite aventurière dans un jardin de poche qui a des valeurs émancipatrices.
- Les dessins ?
- Les dessins ?
- Ce sont des dessins au feutre noir. Une technique sans filet, assez difficile.
- La traduction ?
- Je connais Ghjermana De Zerbi depuis très longtemps. On a été enseignante ensemble. Elle avait déjà assuré une traduction d’un de mes contes pour un magazine en langue corse pour les enfants. Puis en 2017, elle a traduit L’école des cas désespérés : a scola di casi addisperati. On a beaucoup de complicité. Je me suis donc tout naturellement tournée vers elle pour ce livre. Sa traduction en corse est très inventive, très aboutie.
- Cette histoire aura-t-elle une suite ?
- Cette histoire aura-t-elle une suite ?
- e donnerai suite à cette collection jeunesse des éditions Eoliennes mais pas forcement une autre histoire avec cette petite fille.
- Des projets plein la tête ?
- J’ai un roman historique en projet. En fait je l’ai écrit en deux versions. Je dois faire un choix. C’est la vie d’un jeune italien, artisan à Pietrasanta, qui s’étant créé quelques ennuis dans sa ville, vient se réfugier à Sartène.
- Le Festival Arte Mare ?
- Pratiquement bouclé ! Le titre de cette édition en octobre 2021 sera : «Faites sauter la banque ». Elle aura pour thème l’argent, la richesse, la pauvreté, la crise économique. Il y aura plein de nouvelles sections dans le festival avec notamment la musique au cinéma. C’est une édition très ambitieuse mais aussi très fragile en raison de cette période difficile que nous vivons.
- Ghjermana De Zerbi, comment avez-vous procédé pour la traduction en corse de ce livre pour enfant ?
- Mon plaisir a été d’ajouter ma petite touche de créativité, tout en respectant l’esprit de l’auteur ! Il m’a fallu parfois changer le son, parfois l’image, c’est là que s’est située ma recherche. La traduction est une respiration. J’essaye de respecter l’esprit dans les deux sens : Michèle, et sa façon spirituelle d’écrire. Cela passe par une adhésion à ce qu’elle fait. C’est un petit travail de création. Il y avait des images avec une musicalité qu’il m’a fallu traduire en corse et il m’est arrivé, pour garder cette musicalité, de lui demander de transformer un peu le texte. Par exemple, pour la composition des confitures et des sirops j’ai pris des noms corses qui chantaient plus. Entre deux mots corses je prends toujours le langage le plus relevé, le mot le plus rare pour ne pas qu’il disparaisse. De la sauvegarde en quelque sorte.
- Le titre ? Zampugnotta ?
- J’ai eu du mal pour traduire le titre. J’avais proposé plusieurs mots qui étaient dans le dictionnaire, mais très difficiles à prononcer pour les non corsophones. J’ai donc cherché autre chose. En lisant le livre m’est venue l’image de la cornemuse. J’ai pris sa traduction en Corse en rajoutant «otta» à la fin, en clin d’œil à Galipotte. C’est donc un mot trafiqué, mais ça sonnait bien. Je l’ai d’ailleurs testé sur ma petite fille