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Liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne : un modèle à construire


le Vendredi 2 Février 2024 à 07:40

Alors que la question des transports entre les îles sœurs est récemment revenue au cœur de l’actualité du fait d’une nouvelle interruption des liaisons durant plusieurs jours, la séance de questions orales de l’Assemblée de Corse de ce jeudi a été l’occasion pour le président de l’Exécutif de faire un état des lieux



Liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne : un modèle à construire
Du fait du mauvais temps, incidents techniques, et d’autres avaries, les liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne font régulièrement l’objet d’annulations qui laissent les passagers désireux d’effectuer le court voyage entre les deux îles sur le carreau. Dernier exemple en date la semaine dernière, où du fait des conditions météorologiques, la compagnie opérant les rotations entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura avait annulé toutes ses traversées, bloquant par la même occasion de nombreux Corses sur l’Isula Surella durant plusieurs jours. 
 
La goutte d’eau de trop pour Core in Fronte qui a décidé de bloquer un ferry à quai au port de Propriano le 23 janvier dernier  afin de protester contre « la dégradation des rotations maritimes entre la Corse et la Sardaigne ». Le parti indépendantiste a également tenu à profiter de la séance de questions orales de l’Assemblée de Corse de ce jeudi pour porter ce sujet au cœur de l’hémicycle par la voix de Serena Battestini. « Depuis le 1er janvier 2018, 106 traversées ont déjà été annulées entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura. Cette situation impacte forment les relations économiques et humaines entre les deux îles », a-t-elle déploré en arguant que « les évènements récents doivent nous interpeller collectivement quant à la nécessaire restructuration et adaptation des lignes et des moyens à mettre en synergie pour assurer un service pérenne ». Dans cette optique, elle a souhaité questionner l’Exécutif sur l’état d’avancement de la création d’un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) entre la Corse et la Sardaigne. Dans la même optique, une seconde question orale de Jean-Paul Panzani de Fà Populu Inseme a également interrogé le président de l’Exécutif sur le devenir des liaisons maritimes corse-sardes. 

 

« Ce qui devait être fait par la Collectivité de Corse a été fait et bien fait » 
 
En réponse, Gilles Simeoni a rappelé que « pour des raisons politiques, la Corse et la Sardaigne se sont tournées le dos pendant des décennies contre l’évidence géographique, culturelle, économique et linguistique ». « Notre vision politique mise en œuvre depuis 2015 a consisté à faire que la Corse se repense politiquement, économiquement, comme une île de Méditerranée ayant vocation naturelle à se connecter à l’ensemble de son environnement : le continent français, mais également le continent italien, et les îles de Méditerranée, au premier rang desquelles la Sardaigne », souligne-t-il, en notant que sa majorité a commencé à travailler sur un GECT dès son accession aux responsabilités. « Je voudrais dire à ceux qui s’impatient que si le GECT est porté à titre principal par la CdC et la région Sardaigne, ne peut pas se passer d’une validation d’une part des États membres, et de l’autre de l’Union Européenne », poursuit le président de l’Exécutif en notant que le décret de l’État italien a rapidement été pris, celui de l’État français est pour sa part intervenu le 13 janvier 2020, « hors délai ». « L’Union Européenne qui avait validé en son principe le GECT a constaté la carence de l’État français et nous a invité à redéposer un dossier. Nous sommes actuellement en instruction », détaille-t-il encore en glissant que « ce qui devait être fait par la Collectivité de Corse a été fait et bien fait ». 
 
Par ailleurs, Gilles Simeoni précise que l’actuelle ligne entre Bonifacio et Santa Teresa di Gallura est régie par la région autonome de Sardaigne et que la CdC ne peut donc pas s’immiscer dans les décisions relatives à celle-ci. Il pointe en outre que dans une délibération de 2019, l’Assemblée de Corse avait prévu une convention de service public entre la Corse et la Sardaigne, mais qu’ « aucune candidat ne s’est présenté ». 
 
Enfin, il avertit : « Si on va au bout du GECT et qu’on arrive à mettre en place une DSP il faudra la financer. Or l’enveloppe de continuité territoriale est aujourd’hui structurellement insuffisante pour près de 50 millions d’euros pour couvrir les besoins de service public avec la France continentale. De plus, la dotation continuité territoriale ne peut aux termes de la loi que financer des lignes entre la Corse et le continent français. Si demain nous devons financer une DSP avec la Sardaigne se posera donc la question des crédits ». « Nous avons fait une étude sur la structure actuelle des rapports économiques entre la Corse et la Sardaigne. La réalité de ces rapports c’est qu’aujourd’hui la Corse n’est pas en mesure d’exporter vers la Sardaigne, et que la quasi-totalité de ce que la Sardaigne importe en Corse vient alimenter le secteur du logement et de la construction », pointe-t-il encore avant de conclure : «  Si on met en place une DSP dans les conditions actuelles sans concertation avec les professionnels de ces secteurs, sans avoir construit l’écosystème qui va avec et sans avoir consulté les entreprises corses, celles-ci vont bloquer le port car il y aura là une concurrence avec une TVA moins chères et avec des coûts extrêmement bas. Nous avons commencé à y réfléchir, mais cela mérite un vrai débat de fond ».