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Les médecins libéraux de Corse en grève le 13 octobre pour plus de reconnaissance


le Mercredi 4 Octobre 2023 à 21:22

Dans le cadre d’un mouvement national, de nombreux médecins libéraux de l’île fermeront leurs cabinets le 13 octobre prochain afin de demander une revalorisation de leur travail



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Ils veulent envoyer un message fort afin de demander au Gouvernement d’investir pour rendre leurs métiers plus attractifs. Les médecins libéraux appellent à une large grève partout en France le vendredi 13 octobre. En Corse, le mouvement est porté par le Collectif Médecins Libéraux Corsica qui compte environ 220 professionnels sur l’île, soit environ la moitié des effectifs réels, devrait être particulièrement suivi. « Une majorité de cabinets vont être fermés. Cela concerne à la fois les médecins généralistes, mais surtout les spécialistes. Beaucoup de chirurgiens vont arrêter les blocs vendredi. Et certains prévoient déjà de prolonger cette grève. C’est un mouvement de grande ampleur qui ne va pas se limiter à la fermeture des cabinets, mais aussi à d’autres formes de résistance », indique le Dr Francescu Suzzarini, médecin généraliste membre du collectif.
 
« Ce que nous disons c’est qu’il faut un choc d’attractivité pour la profession », explique-t-il par ailleurs en soulignant l’importance de revaloriser la valeur du travail du médecin, notamment grâce à une hausse des tarifs des consultations mais aussi des cotations. « Chaque acte fait l’objet d’une cotation, or ces cotations n’ont plus été revalorisées depuis une quinzaine d’années alors qu’il y a eu une augmentation des coûts du matériel, une évolution vers le numérique, il y a une vraie discordance entre la réalité et le système de cotation », précise-t-il. 
 
Appuyant sur la volonté des professionnels insulaires de « bien soigner notre population », le jeune médecin déplore : « Le constat que nous n’y arrivons plus, car tout est saturé. Nos cabinets sont saturés, l’hôpital est saturé. Il y a une complexification des prises en charge avec des erreurs de diagnostic et des errances médicales qui sont liées à la fois aux tensions hospitalières, mais aussi aux politiques de rabotage économique au niveau de la santé. Nous le ressentons dans nos consultations, et en Corse plus qu’ailleurs, car nous sommes dépendants de l’offre médicale de notre territoire. Bien sûr il est possible d’aller sur le continent, mais cela implique des coûts et des déplacements, ce n’est pas facile ».
 
De facto, le Dr Suzzarini pointe une « situation qui est très compliquée » face à laquelle diverses actions doivent être mises en place. « Il faut valoriser les étudiants, développer des CHU et inciter à l’innovation. Il y a beaucoup d’exemples d’actions à mettre en place pour créer de l’attractivité dans le secteur médical », pose-t-il en insistant sur l’important de la revalorisation du travail des médecins dans ce panel de solutions. « Si nous avions plus de moyens, cela nous permettrait d’avoir un secrétariat, d’embaucher une infirmière, d’avoir des locaux dignes de ce nom ou encore du matériel récent. Et puis c’est important de remettre la consultation dans la réalité du marché aujourd’hui : si on compare une consultation médicale avec d’autres professions à équivalence de durée d’études et de responsabilités, le compte n’y est pas », souffle-t-il avant de conclure : « Nous sommes attachés au système de solidarité, mais ce n’est pas au médecin de le porter à bout de bras à chaque consultation en dévaluant la valeur de son travail ».