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Les indépendantistes corses et d'Outre-mer actent la création d'un "Front international de décolonisation"


VL le Dimanche 26 Janvier 2025 à 14:48

Réunis à Nouméa les 23 et 24 janvier, douze mouvements indépendantistes, dont le mouvement corse Nazione, ont acté la création du Front international de décolonisation (FID).



Photo illustration des 42e édition des Ghjurnate Internaziunale di Corti 2024 auxquelles une dizaine de délégations de peuples en lutte ont pris part
Photo illustration des 42e édition des Ghjurnate Internaziunale di Corti 2024 auxquelles une dizaine de délégations de peuples en lutte ont pris part

Un vent de souveraineté souffle sur les dernières colonies françaises. Ce vendredi 24 janvier, à Nouméa, la création d’un Front international de décolonisation (FID) a été actée par douze mouvements indépendantistes issus des territoires ultramarins français, rejoints par la Corse. Cette initiative, fruit d’un « congrès des dernières colonies françaises », marque une volonté commune de conduire ces « nations » à la « pleine souveraineté », comme stipulé dans la charte constitutive.


Une voix corse dans un mouvement international
Aux côtés des Calédoniens du FLNKS, des Polynésiens du Tavini Huiraatira, ou encore des Guyanais du Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (MDES), la Corse, représentée par le mouvement Nazione, figure parmi les nations inscrites sur la liste des territoires à décoloniser. Une revendication que le FID entend porter au niveau international, notamment en obtenant « le statut de membre observateur du Mouvement des non-alignés et l’inscription de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Corse sur la liste des pays à décoloniser de l’ONU ». 

Dans sa déclaration constitutive, le FID met en avant l’urgence d’une action concertée face à des enjeux multiples : colonialisme, changement climatique, tensions géopolitiques et risques de répression. « L’heure est désormais venue de faire front afin de conduire nos nations à leur pleine souveraineté et participer ainsi à la construction d’un monde meilleur », proclame la charte adoptée unanimement.

L’organisation s’est également engagée à organiser une solidarité active entre ses membres, qu’il s’agisse d’initiatives diplomatiques ou de soutien aux luttes menées sur le terrain. La Corse, par sa position stratégique en Méditerranée et son histoire marquée par des luttes pour l’autonomie et la reconnaissance de sa langue et de sa culture, s’inscrit pleinement dans cette démarche globale.

Une mobilisation en marche
Les représentants du FID ont également dénoncé l’utilisation des territoires sous domination coloniale comme bases géostratégiques dans les zones indo-pacifique, caribéenne et méditerranéenne, sans consultation des populations locales. La charte appelle à une vigilance accrue et réaffirme l’indépendance totale de ses membres à l’égard de toute puissance extérieure, tout en saluant les soutiens internationaux reçus.

La Nouvelle-Calédonie, terre d’accueil de ce congrès fondateur, a été au centre des hommages. Les participants ont salué la lutte du peuple kanak et du FLNKS, ainsi que leur hospitalité fraternelle. La libération des prisonniers politiques kanaks a été exigée, tout comme celle des militants anticolonialistes emprisonnés dans d’autres territoires, y compris en Corse.

Une initiative critiquée
L’écho de cette initiative a toutefois trouvé une résonance polémique sur la scène internationale. Le Baku Initiative Group (BIG), organisation promue par l’Azerbaïdjan très impliquée dans le soutien aux mouvements indépendantistes français, a relayé sur ses réseaux sociaux l’événement organisé à Nouméa. Son directeur, Abbas Abbasov, a publié une vidéo de soutien virulente contre la France, accusée de « violation des droits de l’homme » et de « répression brutale » lors des violences en Nouvelle-Calédonie, qui ont fait 14 morts depuis mai. « La France est attaquée et humiliée par le régime de Bakou qui organise des sommets internationaux sur son sol et contre elle », a déploré le député calédonien Nicolas Metzdorf (Renaissance), demandant la convocation de l’ambassadrice d’Azerbaïdjan en France.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dénoncé des « tentatives vaines menées par l’Azerbaïdjan dans nos territoires » ultramarins, appelant à ce qu’elles cessent « immédiatement », à l’unisson de son collègue des Outre-mer Manuel Valls.