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Le groupement Air Corsica-Air France remporte la DSP aérienne vers Orly


le Jeudi 29 Février 2024 à 20:49

Ce jeudi l’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité le rapport octroyant la desserte des lignes de service public entre les quatre aéroports corses et Paris Orly pour la période 2024-2027, au détriment de la compagnie catalane Volotea.



Le groupement Air Corsica - Air France remporte la DSP pour la totalité des lignes vers et depuis Paris Orly (Photo : Archives CNI)
Le groupement Air Corsica - Air France remporte la DSP pour la totalité des lignes vers et depuis Paris Orly (Photo : Archives CNI)
C’est un grand ouf de soulagement pour les salariés d’Air Corsica et d’Air France dans l’île. Nombre d’entre eux, présents dans les travées de l’Assemblée de Corse, ont d’ailleurs salué le vote de longs applaudissements. Ce jeudi en fin de journée, l’hémicycle a adopté à l’unanimité le rapport octroyant la délégation de service public (DSP) pour la desserte aérienne entre les quatre aéroports de l’île et Paris Orly au groupement Air Corsica-Air France, au terme de plusieurs mois d'expectative du côté des deux compagnies.
 
Pour rappel, le renouvellement des lignes aériennes de service public pour la période 2024-2027 avait dû être séquencé en deux temps. En novembre dernier, l’Assemblée de Corse avait en effet attribué les lignes de bord à bord à Air Corsica, mais avait renvoyé la décision pour la desserte d’Orly. En cause, des fonds insuffisants dans l’enveloppe de dotation de continuité territoriale pour répondre aux offres présentées par les deux candidats en lice, celle-ci n’ayant plus été revue à la hausse depuis 2009. « Nous avons 187 millions d’euros en tout et pour tout pour abonder la desserte aérienne et maritime de la Corse », a ainsi reposé en préambule la présidente de l’Office des Transports de la Corse (OTC), Flora Mattei, en saluant le travail des députés corses qui « ont réussi à arracher 40 millions d’euros supplémentaires pour alimenter la dotation de continuité territoriale cette année ». La suite en revanche s’annonce plus difficile. « La discussion est en cours avec l’État. Le mois prochain l’Exécutif présentera un rapport sur l’ensemble des démarches que nous avons entrepris pour faire ré-indexer cette dotation de continuité territoriale afin qu’elle puisse abonder sereinement les dessertes aériennes et maritimes de l’île », a précisé la présidente de l’OTC. 
 
 
Des tours de négociation supplémentaires pour rendre les offres « plus performantes »
 
Par ailleurs, la procédure de renouvellement de la DSP aérienne avait été compliquée par l’entrée en course d’un autre candidat qu’Air Corsica et Air France, pour la première fois depuis les années 1990. En se positionnant sur les lots entre Bastia/ Ajaccio et Marseille et Bastia/ Ajaccio et Paris, la compagnie catalane low cost Volotea avait provoqué la surprise l’été dernier. Si elle n’avait pas été retenue pour les lignes vers Marseille, la perspective de la voir remporter l’appel d’offres pour la desserte de Paris avait suscité de vives inquiétudes du côté des salariés d'Air Corsica et d'Air France dans l'île. D’autant plus quand la décision avait été prise de prolonger pour trois mois la DSP précédente afin d’avoir le temps de mener de nouveaux tours de négociations avec les candidats. Des négociations supplémentaires qui se sont avérées « musclées et difficiles afin de rendre les offres plus performantes » selon l'aveu de Flora Mattei. 
 
« En parallèle, nous avons appris qu’Air France souhaitait se désengager à partir de 2026 de la plateforme aéroportuaire d’Orly. Nous avons exigé qu’elle nous donne les garanties que, pendant toute la période de la DSP, elle soit en capacité et en mesure d’assurer les moyens de productions et les moyens humains aussi bien dans les quatre plateformes aéroportuaires de l’île que sur Paris Orly », a par ailleurs indiqué la présidente de l’OTC avant de détailler les raisons qui ont poussé la commission d’appels d’offres à faire le choix d’attribuer le lot de Paris Orly au groupement Air Corsica-Air France. « Tout d’abord sur le critère financier, malgré sa grille tarifaire innovante, Volotea n’a pas obtenu le maximum de points car la société n’a pas fait évoluer l’offre à la baisse avec une cotation carburant qui est demeurée inchangée du début à la fin, alors même que les cours du carburant étaient revus à la baisse. Au fil des négociations, nous avons dans le même temps obtenu pour l’offre améliorée un différentiel de 12% entre l’offre financière d’Air Corsica- Air France et l’offre financière de Volotea », a-t-elle dévoilé. Sur le critère de qualité de service, elle a noté que le groupement Air Corsica- Air France « est particulièrement irréprochable » avec « une expérience acquise de longue date et des personnels d’escale aussi bien sur Orly qu’en Corse qui sont particulièrement bien formés à l’exercice et directement aptes à reconduire les flux de façon mécanique pour assurer à partir du 25 mars la continuité du service public ». « Les personnels de Volotea, avec certaines sous-traitances pour les escales, auraient pour leur part eu besoin de plus de temps d’adaptation, et auraient constitué plus de fragilité », a-t-elle souligné en ajoutant que « la proximité de suivi des dossiers et le volet commercial », « une notion également du service à la personne irréprochable » et « l’implantation de bases en Corse et à Orly », ainsi que des avions plus récents, et de facto moins polluants, donnaient un large avantage au groupement Air Corsica-Air France. « Enfin, sur le critère robustesse juridique et financière, Air France et air Corsica ont montré tout le bien fondé de leur trésorerie », a-t-elle encore abondé. À l’analyse de ces offres, elle a donc proposé à l’hémicycle d’accorder la signature des conventions de DSP au groupement, pour une mise en service des lignes parisiennes depuis et vers les 4 aéroports corses à partir du 24 mars. La compensation financière est pour sa part estimée de 65 millions d’euros par an.
 

Flora Mattei, la présidente de l'Office des Transports de la Corse, a indiqué que des tours de négociation supplémentaires ont été nécessaires pour "rendre les offres plus performantes" (Photo Paule Santoni)
Flora Mattei, la présidente de l'Office des Transports de la Corse, a indiqué que des tours de négociation supplémentaires ont été nécessaires pour "rendre les offres plus performantes" (Photo Paule Santoni)
Préparer l’avenir  
 
Dans la foulée de cette présentation, si les différents groupes politiques se sont réjouis de l’attribution de la DSP depuis et vers Paris à Air France-Air Corsica, ils ont entendu marquer leurs craintes pour l’avenir de la desserte aérienne de l’île. À commencer par le co-leader du groupe Un Soffiu Novu, Jean-Martin Mondoloni. « Il faut qu’ensemble dans un calendrier très serré, sans faire œuvre d’attentisme ou de faiblesse, nous puissions répondre à une triple contrainte », a-t-il martelé en poursuivant : « La première est exogène, elle appartient à la direction d’Air France. La seconde question à laquelle il faut que nous puissions répondre c’est quel service public nous voulons entre Paris et la Corse. Il est très commode de dire qu’on voudrait continuer sur une DSP sauf qu’on voit bien ce qui s’est passé dans le maritime et que cela va glisser lentement vers l’aérien. On sait que les efforts faits pour défendre la DSP vont avoir peu de chances d’aboutir dans les années qui viennent. Il nous faut réfléchir à un plan B car le modèle de DSP est en train de disparaitre ». Dans ce droit fil, il a à nouveau affirmé son souhait de voir une étude sur les obligations de service public compensées se mettre en place. « Enfin, le troisième sujet, c’est la délégation de l’État en matière de solidarité nationale qui vise chaque année à octroyer 187 millions d’euros plus 40 depuis deux ans. Comment cela va se passer l’année prochaine ? », a-t-il lancé.
 
Dans la même ligne, le président de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti a lui aussi demandé à ce que l’avenir soit préparé dès maintenant avec la mise en place d’une commission d’études, tandis que du côté d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini a enfoncé le clou en enjoignant l’Exécutif d'entreprendre un débat sur la vision de la DSP. Enfin, la non-inscrite Josepha Giacometti-Piredda a plaidé pour le développement d’une « stratégie globale pour une logique de maitrise des transports ». « C’est fondamental pour les années à venir et encore beaucoup trop fragile aujourd’hui », a-t-elle soutenu. 
 
« La Corse continuera à avoir besoin d’une DSP dans le domaine aérien »
 
En conclusion, le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni a salué « un moment important et heureux » en glissant que le groupement Air Corsica- Air France « a remporté cet appel d’offres en application des règles », ayant « formalisé la meilleure offre » en revoyant notamment leur offre financière à la baisse au fil des négociations. « Sur l’offre finale, la différence entre les deux candidats n’est pas aussi importante en matière financière que ce qu’on pourrait le penser. Elle est de 3 millions d’euros par an sur le bord à bord de 5,5 millions d’euros par an sur le Paris », a-t-il signalé. 
 
« Au moment où ce vote va venir sécuriser en partie les 4 années à venir, il faut que nous nous remettions en configuration de combat politique », a-t-il par ailleurs concédé en affirmant : « Bien sûr qu’il faut aussi penser l’aérien dans 4 ans, et le modèle que nous devons construire commence à se faire demain matin. Ce qui est certain c’est que ce ne pourra pas être le modèle actuel, il finit sa trajectoire avec cette DSP. Mais nous pensons qu’il y a la place pour démontrer que la Corse continuera à avoir besoin d’une DSP dans le domaine aérien y compris avec Paris ».