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La magie de la harpe et des voix lyriques séduisent le public à Borgo


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Mardi 30 Août 2022 à 15:18

S’il est un instrument peu commun, c’est bien la harpe. En Corse, les amateurs de musique ont rarement le plaisir d’en écouter. Son répertoire varié, ses sonorités cristallines et magiques, séduisent pourtant tous les publics.
L’association Pianolude, créée à Brando, il y a une quinzaine d’années, pour promouvoir la musique classique, pourrait bien changer la donne, avec une première concrétisation cet été et des projets plein la tête pour les années qui viennent !



Photo Jeanne Leboulleux-Leonardi
Photo Jeanne Leboulleux-Leonardi
Vendredi 26 août, avec sa soirée Harpes et voix lyriques, Pianolude clôturait, dans l’église Sainte Dévote d’u Borgu, une série de trois représentations données en région bastiaise. 
Les musiciens avaient concocté un programme qui faisait la part belle aux Ave Maria, visitant quatre siècles de musique et deux continents, avec des airs connus comme l’Ave Maria de Donizetti, ou des découvertes comme celui du contemporain costaricain William Gomez, écrit en espagnol … 

Accompagnées au piano par Martine de Barros et à la harpe par Noelia de Freitas, Agnès Soldati – soprano – et Estelle Sananès – contralto –  interprétaient ces airs, selon le cas en solo ou en duo. De la musique baroque avec Haendel ou Vivaldi, jusqu’à Fauré ou Debussy, en passant par des romantiques comme Saint-Saëns ou Verdi, les interprètes ont offert aux spectateurs une large palette d’airs religieux mais aussi profanes, chantés souvent, mais parfois seulement instrumentaux. 

La Corse n’était pas oubliée avec deux belles surprises : une transposition pour harpe, en version instrumentale, de Corsica, du regretté Petru Guelfucci et un chant de notre compositeur national, Henri Tomasi : Le lied que chante mon cœur. Ce lied avait été improvisé alors qu’Henri Tomasi, de retour sur son île avec sa jeune épouse, faisait acheminer son piano à dos d’âne vers son village, Penta-di-Casinca, sous les yeux des habitants médusés, venus nombreux assister à ce convoyage hors norme. 

Des échanges avec les interprètes
Les auditeurs n’étaient pas aussi nombreux que la qualité du programme l’aurait fait espérer. Cela leur a laissé la possibilité, après des applaudissement nourris, d’échanger longuement avec les interprètes, et de s’essayer à la harpe : un instrument magnifique datant de 1915, superbement sculpté, marqueté… et venu tout droit des États-Unis avec une belle histoire : « Je l’ai achetée à Boston », explique Noelia de Freitas, qui, après un Master d’orchestre à Genève, en partenariat avec l’orchestre de la Suisse Romande, achève maintenant ses études musicales par un Master complémentaire de pédagogie. « Cette harpe, elle a été tirée d’une poubelle ! », poursuit-elle. L’instrument était fendu et la précédente propriétaire l’avait abandonné aux ordures. Récupéré in extremis par un restaurateur, il a été remis en état avant de traverser l’Atlantique... et la Méditerranée !

De beaux projets en cours de réalisation
Cette harpe, certains ont pu déjà en goûter les sonorités l’an passé, quand Noelia a accompagné la mezzo-soprano russe Katerina Kovanji dans sa tournée sur notre île. Elle y résonnera sans doute de plus en plus fréquemment, puisqu’à l’issue de son parcours de formation, Noelia compte rentrer en Corse où, enfant, elle a fait ses premières armes : elle a inauguré la classe de harpe du Conservatoire de Bastia qui a pratiquement ouvert pour elle, avant de poursuivre ses études musicales à Aix-en-Provence. 

Noelia de Freitas a déjà de beaux projets et un objectif : démocratiser, sur notre île, cet instrument à l’image trop bourgeoise, voire aristocratique… pour tout dire classique en diable ! La harpe se prête pourtant à tous les styles de musique, du jazz à la variété, et Noelia entend bien le démontrer ! 
 
Un spectacle pour le jeune public
Les premiers convaincus seront sans doute les enfants. Depuis deux ans, sur le continent, Noelia a monté dans cet esprit, un spectacle qu’elle présente dans les médiathèques et auprès des scolaires. « C’est un conte musical égyptien, destiné aux primaires. Une paysanne qui tombe amoureuse d’un pharaon ». Le conte est interprété en costumes, accompagné en duo par la harpe et, selon le cas, la flûte ou la trompette… le tout sur fond d’ombres chinoises ! 
Dès cette année, la harpiste espère bien tester le concept en Corse : « J’en ai déjà parlé : des instituteurs et d’autres aussi se sont montrés très intéressés ! ». Peut-être la beauté de l’instrument suscitera-t-elle des vocations ? Donner envie aux plus jeunes de s’initier à la harpe, c’est l’un de ses objectifs.
 
Du côté des moins jeunes, cette interprète qui, en février 2020, avait déjà accompagné la chanteuse Battista Acquaviva pour un Ave Maria lors de l’hommage annuel rendu à Pasquale Paoli en l’église Saint-Pancrace de Londres, espère également s’associer très vite, peut-être dès l’été prochain, avec des chanteurs corses qui pourraient se révéler intéressés par la harpe…  
 
Dans cette optique, la transposition réussie de la chanson de Petru Guelfucci, pourrait bien être la meilleure des cartes de visite…
 

Photo Jeanne Leboulleux-Leonardi
Photo Jeanne Leboulleux-Leonardi