
De Bastia, où il tenait avec un talent redouté la rubrique judiciaire, ville qu'il n'a jamais oublié, il avait conservé le ton de la "macagna". Mais aussi une rancœur que l'on très souvent retrouvé dans son œuvre (*).
Et de Nice, un passage qu'il a sans doute rapidement effacé de sa mémoire en raison de ses rapports tendus avec sa hiérarchie qui l'ont mené pendant un temps à rendre compte des… obsèques des personnalités de la ville !
Né le 17 juin 1939 à Bastia, sous le nom d'Ange-Marie Rinaldi, il a grandi dans une île qui nourrira profondément son imaginaire littéraire. Après des débuts comme journaliste à Nice-Matin-Corse puis Nice-Matin et Paris-Jour, il s'imposa rapidement comme critique littéraire dans des publications telles que L'Express, Le Point et Le Nouvel Observateur, avant de devenir directeur du Figaro littéraire jusqu'à sa retraite en 2005.
Romancier prolifique, Rinaldi a publié une quinzaine d'ouvrages, et connu la consécration des prix d'automne à 31 ans seulement avec son deuxième roman, "La Maison des Atlantes", une confession, au soir de sa vie, d'un avocat originaire de Corse.
Comme critique littéraire, il était connu comme extrêmement exigeant quant au style, ce qui lui valut des jugements sévères sur des écrivains aujourd'hui consacrés, comme Milan Kundera, Marguerite Duras ou Patrick Modiano.
"J'ai toujours écrit ce que je pensais. Je ne dis pas que j'ai toujours eu raison. Il faut choisir entre son métier ou sa carrière. Si vous écrivez ce qui enchantera l'éditeur ou l'auteur, vous faites carrière, mais vous ne faites pas votre métier de critique littéraire", disait-il à La Revue des deux mondes en 2024.
Élu à l'Académie française en 2001 au fauteuil 20, il a succédé à José Cabanis, Rinaldi y rejoignait son compagnon Hector Bianciotti, faisant d'eux le premier couple homosexuel siégeant sous la Coupole . En 2011, il a démissionné de la présidence de l'association Défense de la langue française pour protester contre la remise d'un prix à Éric Zemmour, condamné pour provocation à la discrimination raciale.
Un lien complexe avec la Corse
Malgré son attachement à la Corse, Rinaldi entretenait une relation ambivalente avec son île natale. Et ses prises de position à certaines périodes lui avaient valu bien des reproches. Un retour prévu en 2024 à Bastia avait même été annulé en raison de "problèmes de santé", illustrant cette tension entre l'attachement et la distance.
En mars avait été réédité un recueil de 58 chroniques sous le titre "Les Roses et les Épines".
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Né le 17 juin 1939, à Bastia, dans une famille de paysans. Fils de Pierre-François Rinaldi, résistant mort pour la France, et d’Antoinette Pietri. A fait ses études au lycée de Bastia.
Écrivain et journaliste, il a été reporter et chroniqueur judiciaire en province, avant de devenir critique littéraire, après la publication de La Maison des Atlantes, qui obtint le prix Femina (1972). Il a publié une quinzaine de romans et un recueil de chroniques, recevant pour l'ensemble de son œuvre le prix Prince Pierre de Monaco.
Élu à l'Académie française, le 21 juin 2001, au fauteuil de José Cabanis (20e fauteuil), et reçu le 21 novembre 2002 par Jean-François Deniau.