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Journée du don d'organes à Bastia : "Cette greffe a changé ma vie"


David Ravier le Jeudi 22 Juin 2023 à 18:53

Jeudi 22 juin était la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et de tissus. À cette occasion, le service de coordination du don de l’hôpital de Bastia a tenu un stand afin de sensibiliser le public à la nécessité d’exprimer sa volonté auprès de ses proches. Pour parler de ce sujet encore trop souvent tabou, plusieurs personnes greffées étaient sur place pour raconter leur parcours, leurs choix, et leurs espoirs vis-à-vis de la transplantation.



L’équipe de Coordination Hospitalière des Prélèvements d’Organes et de Tissus (CHPOT) du Centre Hospitalier de Bastia derrière le stand d'information dans le hall de l'hôpital.
L’équipe de Coordination Hospitalière des Prélèvements d’Organes et de Tissus (CHPOT) du Centre Hospitalier de Bastia derrière le stand d'information dans le hall de l'hôpital.
"La vie peut s'arrêter d'un moment à l'autre, je suis donc content de pouvoir revivre normalement". Atteint de la maladie de Berger, Ange a été greffé une première fois en 2017 "ça faisait longtemps que j'étais fatigué des reins, et ça s'est aggravé au fil du temps. J'ai reçu une première greffe il y a six ans qui n'a pas pris, j'ai donc dû attendre un nouveau donneur. Entre les deux transplantations, j'ai attendu cinq ans à faire des dialyses trois fois par semaine pour survivre", explique le septuagénaire qui dû faire preuve de patience pendant cinq ans avant de recevoir une greffe du rein gauche en octobre 2022.

Comme d'autres, greffés, l'homme était au centre hospitalier de Bastia ce jeudi 22 juin pour raconter son parcours et sensibiliser le public sur l'importance du don d'organe. A l'occasion de la 23e journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe et de reconnaissance aux donneurs, le centre hospitalier de Bastia, a en effet organisé une journée d'information et de sensibilisation pour que le grand public prenne connaissance de cette pratique encore tabou.  
 

63 personnes attendent une greffe en Corse 
Chaque année, en France, 6000 personnes reçoivent une greffe, mais 27000 personnes restent sur liste d'attente, dont 63 personnes en Corse. En principe, nous sommes tous donneurs, sauf si on a fait la démarche de s'inscrire sur le registre des refus. Et puis il y a la famille qui décide : or bien souvent, elle n'est pas au courant des volontés d'un proche défunt, et refuse donc le prélèvement d'organes. "Souvent, c'est trop lourd à porter pour des familles, donc nous respectons leur choix, bien que ce ne soit pas le point de vue de la loi, indique Séverine Géronomi, infirmière à la coordination du don d'organe centre hospitalier de Bastia. Cette question arrive toujours à un moment délicat, où la mort est survenue après un accident brutal, une maladie foudroyante... Quand nous sommes en entretien avec les proches, il ne faut pas oublier que nous sommes en face de parents, frères ou sœurs du défunt, on ne peut pas se permettre de ne pas les écouter dans ces moments-là. C'est dommage, c'est un sujet tabou qui a un rapport avec la mort, mais où les gens ne réalisent pas ce que cela entraîne, c'est-à-dire le sauvetage de la vie d'autrui".

À cause de cette procédure, le taux d'opposition de la part des proches est important. Selon le centre hospitalier de Bastia, sur 15 recensements effectués l'an dernier sur de potentiels donneurs, seuls quatre prélèvements ont pu être réalisés. Pour autant, la sensibilisation est en train d'évoluer puisque depuis le début de l'année, les 4 potentiels donneurs ont pu être prélevés pour sauver la vie de personnes en attente de greffes. 
 

Après cinq ans d'attente, Ange a pu recevoir un nouveau rein gauche en octobre 2022. Avant cela, il subissait trois dialyses par semaine.
Après cinq ans d'attente, Ange a pu recevoir un nouveau rein gauche en octobre 2022. Avant cela, il subissait trois dialyses par semaine.

Benoît : "sentir un coeur qui bat dans sa poitrine, c'est magique"

Benoit, 44 ans, ne pouvait pas manquer à cette journée. En 2012, les médecins ont diagnostiqué sa maladie cardiaque et ont jugé nécessaire une transplantation. Initialement, il a reçu des soins à Monaco où un pacemaker et un défibrillateur lui ont été implantés, par crainte d'une mort subite. Il a ensuite été transféré à Marseille, au centre de la Timone, où il a été inscrit sur la liste des donneurs d'organes. Après avoir manqué une première greffe, Benoît a vécu avec un cœur artificiel pendant deux ans et demi avant de recevoir un nouveau cœur en mars 2021. "Après tout ce temps avec des machines, on ne sait plus ce qu'est un cœur qui bat dans une cage thoracique. Émotionnellement, on est une machine, on ne ressent plus les choses de la même façon. Une fois ma greffe achevée, la première chose que j'ai faite a été d'écouter une chanson. Ça a été féérique, sentir ce cœur qui bat dans sa poitrine, c'est magique. Le sentir battre au rythme de la musique, ça donne la chair de poule. détaille le quadragénaire que chaque  jour  marche et fait du sport, "même si ce n'est pas toujours évident parce qu'il y a une fatigue permanente, mais je me force avec l'aide des kinésithérapeutes à entretenir mon cœur, afin de ne pas mettre la santé de ma greffe en jeu."
Après dix ans de combat, Benoît a reçu sa greffe de cœur en mars 2021.
Après dix ans de combat, Benoît a reçu sa greffe de cœur en mars 2021.