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Jérôme Seguy : Un nouveau défi à relever au sein du Groupe ADP Aéroports de Paris


Jean-Paul-Lottier le Mercredi 24 Avril 2019 à 10:01

Jérome Seguy, sous-préfet de l'arrondissement de Calvi - Haut-Nebbio - Conca d'Oro quittera Calvi d'ici quelques jours pour rejoindre le Groupe ADP Aéroports de Paris. Une réception pour son départ sera donnée en soirée dans la salle du Palais des Gouverneurs à la Caserne Sampiero. Avant son départ, Jéröme Seguy a accordé un entretien à CNI



Jérôme Seguy, sous-préfet de Calvi durant 32 mois
Jérôme Seguy, sous-préfet de Calvi durant 32 mois

Après deux ans et huit mois à la tête de la sous-préfecture de l’arrondissement, quel premier bilan en tirez-vous ?

"L’immense diversité du champ d’action d’un sous-préfet d’arrondissement. J’y ai trouvé beaucoup de bonheur et de richesse intellectuelle. J’espère que mes interlocuteurs ont pu sentir la passion que j’ai mis à être à leurs côtés.

Je le dis souvent, le sous-préfet a deux métiers : l’inévitable contrôle, qui garantit la légalité et donc l’égalité des citoyens, mais aussi l’indispensable accompagnement : aider les élus au quotidien, c’est aider un territoire, c’est aider nos concitoyens.

Dès mon arrivée, j’ai souhaité aller sur le terrain, à la rencontre des maires, ces acteurs essentiels de la vie des villages et de la démocratie. J’y ai fait des rencontres formidables, découvert des trésors d’investissement, des hommes et des femmes très attachants et investis au service de leurs administrés".

Sur le fond, des dossiers majeurs ont pu aboutir ou progresser significativement au cours de ces années : la fusion des intercommunalités, la création du PETR du Pays de Balagne, la signature de l’un des tous premiers contrats de ruralité de France, la labellisation du Grand site de la Conca d’Oro, vignoble de Patrimonio, golfe de Saint-Florent, l’évolution de la situation des plages, l’élaboration des documents d’urbanisme des communes avec le soutien concret de l’État ou encore la première labellisation nationale d’un établissement culturel en Corse, je pense à Voce. Pour n’en citer que les plus emblématiques.

Et puis, je ne saurais oublier ce qui rend l’affectation à Calvi si particulière : la présence du 2e régiment étranger de parachutistes. Régiment d’élite, il occupe une place particulière : j’ai été fier d’être à ses côtés tout au long de ces mois. Je vois comme un symbole, d’ailleurs, d’assister une dernière fois à la cérémonie de Camerone, quelques heures avant de m’envoler pour Paris".

Quel a été pour vous le dossier le plus sensible à gérer ?

"Je ne parlerai pas de dossier, mais d’événements. Pour moi, les moments les plus marquants ont été les inondations qui ont frappé le Nebbiu Conca d’Oro en novembre 2016 et les incendies qui ont parcouru les coteaux de l’arrondissement. J’ai pris mes fonctions durant le feu de Barbaggio, j’ai passé des jours et des nuits auprès des maires et des services de lutte contre l’incendie lors des incendies d’Olmeta-di-Tuda, Calenzana, Ville-di-Paraso… À chaque fois, le même sentiment de gâchis d’un patrimoine naturel extraordinaire et la mise en danger des hommes et des femmes qui vivent dans les villages.

Être présent pour soutenir, accompagner, voire contribuer à la réparation des dégâts est essentiel mais peut paraître dérisoire : c’est pour cela, que je me suis investi, à la demande du préfet Gavory, dans un vaste programme d’amélioration de la sécurité des massifs, les Agriate, Bonifato, le Fango, Tartagine… Pour ne citer que ceux de l’arrondissement. Ce travail de prévention s’est accompagné, aussi, par une relance des commissions de sécurité des campings et, surtout, par un accompagnement actif de la sous-préfecture dans l’élaboration des plans communaux de sauvegarde des communes. Mieux préparer les crises, c’est mieux affronter les événements pour mieux protéger nos concitoyens".

Quelle est aujourd’hui la situation des plages de Calvi et de l'Ile-Rousse par rapport au Décret Plage de 2006 ?

"La Balagne se trouvait dans une situation particulière en Haute-Corse, avec les deux seules concessions de plages, arrivées à échéance. Il m’appartenait d’amener les exploitants à s’intégrer dans une réglementation qui n’existait pas en 2000-2001, dates de signature des concessions, le tout dans le contexte de l’introduction du PADDUC voté par l’Assemblée de Corse.

Avec le concours des maires, nous avons agi afin de venir au droit, progressivement. Je me réjouis que d’ores et déjà le Mayakoba beach, le Marinella ou la Siesta, pour n’en citer que quelques-uns, aient abouti, démontrant ainsi que non seulement c’était possible, mais aussi que les exploitants comme les communes y trouvaient un intérêt évident : économique, bien sûr, mais aussi patrimonial.

La saison 2019 marquera la dernière étape, conditionnée à Calvi par l’approbation du plan local d’urbanisme : beaucoup d’établissements calvais nous ont apporté les garanties sur leur démolition, je ne doute pas que les autres vont le faire dans les jours prochains. A L’Île-Rousse, un seul établissement n’a pas encore finalisé, mais je suis confiant. La mise en œuvre de nouvelles concessions, dans ce contexte, sera bénéfique à Calvi comme à L’Île-Rousse puisque ce sont les communes qui en fixeront les conditions, notamment architecturales, comme elles en tireront les recettes".

La sécurité, avec notamment l’organisation de manifestations importantes à Calvi, a été votre priorité ?

"La sécurité est par nature l’un des axes essentiels de la mission qui m’a été confiée par Alain Thirion puis Gérard Gavory, les préfets de la Haute-Corse que j’ai eu l’honneur d’accompagner.

L’arrondissement compte parmi les plus belles manifestations qu’accueille la Corse durant la saison estivale : Calvi on the rocks, Les Nuits de la guitare à Patrimonio, Porto latino à Saint-Florent, les Rencontres internationales du théâtre du Giussani, le festival du cinéma de Lama, Festivoce à Pigna. D’autres événements majeurs s’y greffent ponctuellement, comme le Tour de Corse il y a quelques semaines… Que ceux que je ne cite pas ne m’en veuille pas, car la richesse culturelle est ici extrême. J’ai souhaité accompagner chacun de ces événements avec la compétence dont dispose l’État en termes de sécurité et de sûreté, afin de permettre à chacun de faire la fête sans se poser à chaque instant la question de sa propre sécurité. C’est l’occasion de saluer tous les services de l’État et des collectivités qui s’investissent aux côtés des organisateurs pour la réussite des événements.

La sécurité, cependant, n’est pas que celle des manifestations culturelles ou sportives, c’est aussi celle de la vie quotidienne. J’ai essayé, avec mes moyens et le concours des services de l’État, de contribuer à l’amélioration dans tous les domaines, je pense à la sécurité routière, à la prévention des risques ou encore à la sécurisation des massifs forestiers. J’ai connu, hélas, des incendies gigantesques, des inondations dramatiques, des tempêtes phénoménales. Au cours de ces événements, l’arrondissement n’a déploré qu’une seule victime – une de trop. Mais c’est au travail et à l’abnégation de tous que nous devons d’avoir préservé les vies humaines. J’y associe notamment les maires, qui, comme nous l’avons évoqué, ont multiplié ces deux dernières années leurs plans communaux de sauvegarde, outil essentiel de la collaboration des administrations à la protection des habitants".

Votre principale satisfaction à l’issue de votre fonction ?

"Avoir vu avancer les projets et ne pas en avoir été simplement le témoin d’une tranche de vie. À travers ce métier de sous-préfet d’arrondissement, j’ai modestement contribué au rôle essentiel que joue l’État auprès des collectivités locales, et par incidentes, auprès de la population. Rôle de garantie de l’équité, rôle de protection des populations, rôle de conseil et de facilitateur pour les élus…

Ce métier s’inscrit évidemment dans la volonté de l’État d’être au plus proche du terrain, au bénéfice du terrain. Je suis heureux et fier d’y avoir apporté ma contribution en étant chaque jour dans les villages pour y travailler, concrètement, avec les maires".

Pourquoi avoir choisi le Groupe ADP aéroports de Paris, plutôt que de continuer dans la Préfectorale ?

"Il s’agit d’un au revoir, non d’un adieu. Tout haut fonctionnaire se doit, dans sa carrière, de faire ce qu’on appelle une « mobilité » hors de son corps d’origine. Il se trouve que j’ai œuvré en collectivité locale, en administration centrale, dans d’autres ministères. Il me manquait une expérience, à mon sens essentielle, pour connaître l’intégralité du champ professionnel et humain qui fait le quotidien d’un sous-préfet : le monde de l’entreprise.

Lorsqu’un groupe comme ADP, fleuron de l’entreprenariat français, vous propose de le rejoindre pour exercer dans le cœur des missions confiées à mon ministère d’appartenance, la sécurité, vous ne pouvez refuser.

J’y vois à la fois une marque de confiance et un nouveau défi à relever. En tout état de cause, j’y mettrai la même énergie que celle déployée au bénéfice de l’arrondissement de Calvi, de ses communes, élus et administrés".

Sur le plan personnel que retiendrez-vous de ce séjour à Calvi ?

"Un enrichissement intellectuel incontestable dans ma vie professionnelle.

Dans ma vie personnelle, mon épouse et mes enfants ont je crois vécu ici des années merveilleuses : l’un des plus beaux cadres de vie qui soit, un climat enviable, la gentillesse et la chaleur des Balanins… Bref, de très beaux souvenirs, avec le ferme espoir de revenir, cette fois-ci en vacanciers !".


Jérôme Seguy quitte la préfectorale pour mieux revenir
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