Corse Net Infos - Pure player corse

"Il y a, environ, 1 200 tombes de Corses à détruire autour de Paris"


le Mardi 1 Novembre 2022 à 17:44

Chaque année, en France, on estime qu’environ 200 000 tombes sont retirées des cimetières. Les raisons sont multiples : certaines concessions funéraires arrivent à échéance, d’autres souffrent de l’absence d'entretien. Une situation qui aboutit parfois à la destruction. Mais pour tous ceux qui considèrent que la destruction des vieux cimetières équivaut au crépuscule d'une civilisation, il est possible de bloquer , sur ce plan, les 35 100 mairies de France. Un de nos lecteurs - Serge Aroles - s'adonne avec passion à le faire avec succès. Et livre ses secrets pour mettre les communes en échec. Avec en sus un message à destination de notre région : selon lui, il y aurait environ 1 200 tombes de Corses à détruire autour de Paris.



La tombe, sauvée de Barthélémy Albertini, dans la région parisienne
La tombe, sauvée de Barthélémy Albertini, dans la région parisienne
- Quelles sont les méthodes préconisées ?
- On doit essayer de trouver un ayant-droit de la concession funéraire, faire valoir, si c'est les cas un titre de "Mort pour la France, nettoyer la tombe et y déposer des fleurs aux fins "de faire obstacle à ce prétexte de destruction qu'elle est en "état d'abandon". Mais ce n'est pas tout.

- Il existe d'autres procédés ?
- On peut, en effet, saisir gratuitement la justice administrative ou civile pour "atteinte au"droit au  corps" de votre aïeul. On peut encore saisir la justice pénale pour atteinte à "l'intégrité du cadavre" de votre ancêtre, les ossuaires et dépositoires ne sont qu'une variante parallélépipédique des fosses communes de jadis...

- On peut avoir, aussi, recours à l'État civil ?
- Oui, mais si les données de l'Etat civil centenaire sont insuffisantes pour sauver une tombe, on peut compléter avec celles des hôpitaux  qui sont bien plus riches.
Dès 1920 tout citadin y est venu pour naître, y consulter, y survivre (registre des sorties) ou y mourir. Ceci est faux en terre rurale où des rocs traversaient l'existence sans l'aide de médecins. Vous pourrez y abuser de cette fantaisie : quoique recélant des données médicales, les registres hospitaliers n'ont pas le statut d'archives médicales (communicabilité de 120 ans), mais celui d'archives administratives (50 ans).

-  Un exemple ?
- Prenons pour preuve Barthélémy Albertini, Corse solitaire qui n'a pas vu son village natal de puis 50 ans à tout le moins. D'orthographe malaisée pour une plume administrative des hôpitaux de Paris en 1919, Pero-Casevecchie est (presque) parfaitement écrit. Pour établir son acte de décès, l'employé de l'État civil ne fit que copier les données ci-dessous.
N'eut été sa force à se traîner sur 12 km jusqu'en ce lieu  - premier hôpital civil via la Nationale 6, pour y mourir sans retard, on n'eut rien su de ce vieillard encore en activité. Ces registres monumentaux mentionnent la profession en cours, non celle du passé. Y figurent ces années de guerre et de grippe espagnole, nombre de femmes de ménage âgées de 75 ans et plus. Ainsi que Barthélémy le fit, une multitude prit cabanes et baraques pour logis.


- Vous est-il déjà arrivé de contrer des destructions ?
- Plusieurs fois oui en usant des méthodes évoquées en début d'entretien. J'ai, justement, en mémoire, celle du tombeau de Barthélémy Albertini qui, logé en une baraque proche de Paris, travailla jusqu'à son dernier souffle de se vie en 1919. Il eut la force de rejoindre l'hôpital de la Pitié pour s'y éteindre aussitôt. 
J'ai fait prévaloir que sa tombe centenaire était claire et fleurie et qu'elle n'était absolument pas en un état de "non entretien" qui aurait légitimé sa destruction. Il est vrai que la pluie aida au nettoyage du socle rugueux qui était noirâtre...
"Monsieur le maire, épargnez les mousses qui accompagnent de longue date le défunt, nous remémorant une France paysanne, inclinée vers la terre pour s'y nourrir" ai-je soutenu. J'ai été entendu. Mais aujourd'hui, il y a, environ, 1 200 tombes de Corses qui peuvent être détruites autour de Paris. On peut, si on veut, en épargner quelques-unes.
Il faut contrer le triple saccage des pierres, des corps et des âmes en identifiant la tombe centenaire et son défunt, puis en retrouvant un ayant-droit.