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Il était une fois… le théâtre de Bastia


Laurent Hérin le Dimanche 15 Octobre 2023 à 18:37

Cette fois, c’est la bonne. « Le poumon culturel » de la ville comme le surnomme Delphine Ramos, directrice des affaires culturelles, va fermer ses portes pour subir sa mue. Hier soir, samedi 14 octobre, était organisée une grande soirée pour rendre hommage à ce théâtre emblématique de Bastia et aux artistes qui le font vivre.



C’est à l’architecte italien Andrea Scala que l’on doit le théâtre municipal de Bastia. Inauguré en 1876, l’édifice est composé de trois corps de bâtiments dont cette fameuse salle d’opéra, conçue selon un dérivé de la Scala de Milan.

Ci era una volta
C’est elle qui a accueilli, ce samedi soir, pour la dernière fois sous sa forme actuelle, un spectacle qui lui était entièrement dédié et qui a débuté avec la Traviata, interprété par la soprano Julia Knecht. Tout un symbole puisque ce classique du répertoire italien avait été présenté, en décembre 1981, pour la réouverture de ce bâtiment fermé en 1943, suite aux bombardements qui l’avaient gravement endommagé. Un épisode qu’a tenu à rappeler le maire de Bastia, en préambule, tout en insistant sur l’avenir. « Ce projet nous tient à cœur, il est à la hauteur de nos ambitions, a insisté Pierre Savelli. Bastia est une ville de quartier avec de fortes identités et où la culture est très présente. Avant ces travaux, estimés à 30 millions d’euros, qui pourront être réalisés grâce au financement de l’état et de la collectivité de Corse, nous allons célébrer, ce soir, 40 années de la nouvelle version de ce théâtre. » Le Maire, avant de laisser la parole à son adjointe à la culture a également tenu à remercier ceux qui ont œuvré pour ce spectacle, pour le théâtre et pour la culture à Bastia : « Tout d’abord la directrice, Frédérique Balbinot, celle des affaires culturelles, Delphine Ramos, toute leurs équipes mais aussi tous les techniciens de ce formidable lieu », finissant même sur une note d’humour : « Je vous rassure, pendant 3 ou 4 ans, ils ne seront pas en vacances, nous allons les occuper ! » À ses côtés, Mattea Lacave insiste. « Merci à eux, à nos artistes qui font rayonner notre ville. Merci à Frédérique avec qui je travaille depuis 10 ans. Merci à Charlotte Arrighi de Casanova ou encore à Rumanu Giorgi » déclare-t-elle avant d’énumérer, en duo avec le Maire, « mais sans chanter », le nom de tous les techniciens qui travaillent dans ce lieu emblématique du centre-ville.

Que le spectacle commence

Tzek et Pido
Tzek et Pido
Pourtant, sur la scène du théâtre, c’est un autre duo qui se (re)forme pour la première fois depuis très, très longtemps. Éric Fraticelli, venu secourir Julia Knecht à la fin de sa prestation, est très vite rejoint par…Jacques Leporati. C’est un public ébahi et très vite hilare qui retrouve les célèbres Tzek et Pido sur cette scène qu’ils ont tant arpentée. Et même « s’ils ont un peu morflé » comme ils l’avouent, ils n’ont rien perdu de leur humour et de leur complicité. La compositrice de cette soirée, Frédérique Balbinot et son chef d’orchestre Charlotte Arrighi de Casanova, sont même obligées, sous forme de macagna, d’intervenir pour les sortir de scène sous les rires du public.

S’enchaine alors pendant près de trois heures, une quarantaine d’artistes, chacun dans sa discipline : musique, théâtre, danse, art lyrique et humour accompagnée d’archives visuelles. Ils offrent à une salle pleine des moments de partage et de communion, de rires mais aussi de l’émotion comme lors de la lecture d’un texte du regretté Christian Ruspini, grand habitué des lieux. Un spectacle capable de mêler l’esprit d’antan à celui d’aujourd’hui incarné notamment par des jeunes élèves d’une classe de théâtre accompagnés par la nouvelle génération des comédiens insulaires.

Un hommage à Christian Ruspini
Un hommage à Christian Ruspini

Rendez-vous dans 3 ou 4 ans

Avant la touche finale du Dio vi salvi Regina, chanté en cœur par les artistes réunis sur scène et le public debout, la conceptrice de cette événement, Frédérique Balbinot, tient à remercier tous ces artistes « qu’il serait trop long de citer un par un. Ceux qui se sont succédés sur la scène de ce théâtre qui va fermer ses portes. » Elle ajoute : « Ce spectacle, dont j’ai eu l’idée, n’aurait pu se faire sans Pierre Savelli, Mattea Lacave, Delphine Ramos, Jocelyne Casta, Rumanu Giorgi ou encore Éloise Casanova et toute son équipe. » Enfin, Frédérique énumère à son tour le nom de tous les techniciens les invitant à la rejoindre sur scène : « Ce n’est pas moi qui fais vivre ce lieu, ce sont eux ! »
La directrice du théâtre appelle aussi « l’infatigable Charlotte, mon ami et compagnon artistique Paul Cesari et le talentueux Armand Luciani » pour clôturer avec eux cette très belle soirée, construite à huit mains. Et avant d’inviter le public et les artistes à poursuivre la soirée dans le péristyle, elle conclut : « Le théâtre est mort, vive le théâtre ! »
Une cinquantaine d'artistes sur scène
Une cinquantaine d'artistes sur scène