Corse Net Infos - Pure player corse

I scontri di l’acqua : l'avenir de la gestion de l'eau en Corse en debat à Ajaccio


Angelina Rosano le Mercredi 29 Novembre 2023 à 19:17

Ce mercredi 29 novembre, la Collectivité de Corse a accueilli i "Scontri di l'Acqua," une journée de rencontres avec les élus des micro-régions de l'île dédiée à l'exploration des enjeux liés à l'eau. Sous la présidence de Gilles Giovannangeli, conseiller exécutif en charge de la politique de l'eau, ces discussions visent à redéfinir la gouvernance de l'eau en Corse, en cherchant des solutions plus efficaces, et locales, pour répondre aux besoins spécifiques des territoires.



Après la Balagne et le Centre Corse, les "Scontri di l’Acqua" se sont réunis ce mercredi à Ajaccio pour une sixième journée de discussions. Sous la présidence de Gilles Giovannangeli, conseiller exécutif en charge de la politique de l’eau et président de l’Office d’équipement hydraulique de Corse, cette rencontre fait suite à l’adoption en avril dernier par l’Assemblée de Corse d’un rapport relatif à la politique de l’eau. Ce rapport propose un programme décennal pour remédier au retard infrastructurel des réseaux d’eau et d’assainissement insulaires, tout en promouvant une gestion raisonnée de l’eau et la mise en place d’une trajectoire de sobriété. Avant les ateliers prévus avec les maires, vice-présidents d’intercommunalités et administratifs des territoires Celavu-Prunelli, Spelunca-Liamone et de la Capa, Gilles Giovannangeli a souligné la nécessité de repenser la gouvernance actuelle, majoritairement centrée sur l’État, la Collectivité de Corse, et les collectivités locales. « À partir de ça, un troisième élément entre dans le constat. Pour mettre en place ce programme, il faut repenser et réinventer la gouvernance autour de la gestion de l’eau. Aujourd’hui cette gouvernance qui repose en majorité sur l’État, la Collectivité de Corse et les collectivités fonctionne mal. Le débat de ces scontri est de voir comment on peut imaginer une autre forme de gouvernance, plus efficiente, qui reposerait plus sur un pilotage local entre la Collectivité de Corse et les territoires » a-t-il avancé.

Cette question de la gouvernance de l’eau inquiète, notamment dans les communes rurales qui se sont opposées de façon quasi unanime au transfert obligatoire des compétences « eau » et « assainissement » aux intercommunalités en janvier 2026 dans le cadre de la loi NOTRe. « Un certain nombre de communes s’oppose à ce transfert. S’il y a une volonté majoritaire des communes de conserver la compétence, c’est un élément qu’il faudra inscrire dans le processus d’autonomie pour permettre à la Collectivité de Corse, à la Corse, de déroger à cette loi si la volonté est unanime » reprend le président de l’Office d’équipement hydraulique.

Se confronter aux réalités des territoires
« Les communes souhaitent que ce transfert de compétences soit facultatif, que ceux qui souhaitent le transfert puissent le faire, mais que celui qui souhaite gérer son eau le puisse également. La loi NOTRe est en train de tuer le rural. Petit à petit, les maires perdent toutes leurs compétences et ils veulent garder leur compétence sur l’eau » explique Martin Baggioni, chargé de mission à la Chambre d’agriculture. « L’initiative de ces scontri, en partenariat avec la Chambre des territoires, a été prise avec la volonté d’avoir une vision plus globale et moins en silo de la politique de l’eau. Une vision sur tout ce qui concerne la gestion, la qualité, la préservation de la ressource ainsi que la définition des usages et des questions de gouvernances et de compétences des différents échelons institutionnels. Et in fine, de la question de la présence d’une agence de l’eau sur le territoire insulaire. La Corse est reconnue comme un bassin, car elle dispose de son propre Comité de bassin, mais elle partage l’agence de l’eau avec Rhône-Méditerranée. Il y a donc une vision depuis Lyon ou Marseille qui est un peu plus complexe par rapport à la vision que nous pouvons avoir en Corse, expose Pasquin Cristofari, adjoint à la DGA, aménagement et développement du territoire à la CdC. Pour ne pas reproduire l’erreur de cette vision un peu centralisée, l’idée, à travers ces scontri, est aussi de territorialiser la problématique, d’aller au plus proche des territoires pour faire l’état des lieux du besoin et d’ainsi connaître le sentiment des élus qui sont à la responsabilité sur ces questions ».

Les propos des ateliers du matin valident ceux qui avaient déjà été tenus sur le sujet lors des précédents scontri. La suite de ces rencontres est « de faire un retour, notamment sur la question de la gouvernance, aux instances de la Chambre des territoires et de la CdC au travers du conseil exécutif afin de replacer le débat de l’eau dans l’évolution institutionnelle. Cela aurait déjà pu être fait lors de la délibération d’avril, mais nous avons justement souhaité nous confronter aux réalités des territoires avec un plan d’action plus opérationnel », note Gilles Giovannangeli.