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Hausse du tarif de la consultation de 1€50 : "Un déni de réalité" pour les médecins corses


M.V. le Mardi 25 Avril 2023 à 10:02

Les consultations médicales seront bientôt revalorisées de 1€50, au grand dam des médecins libéraux. Sur l'île, l'annonce du "règlement arbitral", présenté ce lundi 24 avril, fait réagir la profession. "C'est un déni de réalité, une forme certaine d’ingratitude et de désaveu.", déplore Laurent Carlini, vice-président de la confédération des Syndicats Médicaux Français de Corse.



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Il coûtera bientôt plus cher d’aller chez son médecin traitant. Deux mois après l'échec des négociations entre médecins et Assurance maladie,  ce lundi 24 avril l’ancienne inspectrice des affaires sociales Annick Morel, désignée pour "arbitrer" ce dossier, avait rendez-vous avec les six syndicats représentatifs des médecins libéraux. Une réunion au cours de laquelle celle-ci a dévoilé le règlement arbitral qui doit fixer la revalorisation des consultations médicales que réclamaient les syndicats.
Cette hausse s’élèvera donc à 1,50 euro pour toutes les consultations des médecins généralistes et spécialistes. Des revalorisations, qui doivent encore être approuvées par le ministre de la Santé, François Braun, et qui entreront ensuite en vigueur "à l'expiration d'un délai de six mois", soit au plus tôt fin octobre. 

Concrètement, les tarifs des consultations médicales vont augmenter de 1,50 euro avant la fin de l'année, soit 26,50 euros minimums chez les généralistes et 31,50 euros chez les spécialistes, en revanche, "aucune revalorisation subordonnée à un engagement territorial" n'a été retenue. Les syndicats s'étaient en effet arc-boutés contre ce deuxième niveau de prix (30 euros pour les généralistes) réservé aux praticiens acceptant certaines contreparties: prendre plus de patients, faire des gardes de nuit, exercer dans un désert médical, travailler le samedi matin. 

Sur l'île, l'annonce a fait réagir la confédération des Syndicats Médicaux de Corse que dans un communiqué définit "la proposition de 1,5€ de hausse de la consultation" dérisoire.  Selon Laurent Carlini, vice-président de la CSFM Corse et médecin généraliste à Ajaccio cette proposition est "un déni de réalité, une forme certaine d’ingratitude...de désaveu...à l'égard de l’engagement des médecins libéraux." 

Les généralistes corses réclament "revenir à de vraies négociations" afin d'améliorer leur pratique au plus près des besoins des habitants de l'île. Le Dr Laurent Carlini insiste en particulier sur le fait qu'ils attendent des mesures immédiates et adaptées à l'urgence de la situation."On réaffirme notre volonté à assurer collectivement notre engagement territorial, de proximité au plus près des besoins de notre population, mais on demande une revalorisation juste et adaptée de la consultation médicale tenant compte des situations complexes de plus en plus nombreuses.  À travers celle-ci, on pourrait améliorer l’accueil de nos patients, la logistique de nos cabinets et le désengorgement administratif." explique le médecins qui martèle "Nous attendons des mesures à la hauteur de l’urgence de la situation." 


Créer 10.000 postes d'ici fin 2024
L'ancienne inspectrice des affaires sociales a par ailleurs repêché plusieurs mesures chères à l'exécutif. Pour "dégager du temps médical", l'aide financière au recrutement d'assistants médicaux sera ainsi "élargie et assouplie". Emmanuel Macron a fixé un objectif de 10.000 postes fin 2024, contre un peu plus de 4.300 à ce jour.

Contrairement aux hausses de tarifs, cette décision s'appliquera sans délai, tout comme la création d'une nouvelle consultation à 60 euros pour l'acceptation d'un malade chronique sans médecin traitant. Là aussi, le chef de l'État a promis que les 700.000 personnes dans cette situation se verraient "proposer un médecin traitant avant la fin de l'année". Pas de délai non plus pour la "réponse aux soins urgents et non programmés". L'arbitre a choisi de "pérenniser" les incitations destinées aux libéraux qui participent à la "régulation" téléphonique des Samu (100 euros de l'heure) et à recevoir des patients sous 48 heures (majoration de 15 euros). Deux points clés de la "mission flash" que François Braun a mis en œuvre dès son arrivée à l'été 2022.