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Fin de vie : "une loi pour éviter les drames et les morts douloureuses"


M.V. le Mercredi 1 Mars 2023 à 19:17

Après trois mois de débats, les 184 participants à la convention citoyenne se sont prononcés en faveur d’une évolution de la loi pour une "aide active à mourir". Un changement de la loi que l'antenne corse de l'association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) attend depuis des années



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Les participants à la convention citoyenne sur la fin de vie se sont prononcés, dimanche 19 février, majoritairement en faveur d’une évolution de la loi pour une « aide active à mourir », lors d’un vote au Conseil économique, social et environnemental (CESE).

A l’issue de près de trois mois de débats, 84 % d’entre eux ont estimé que le « cadre d’accompagnement de la fin de vie » ne répondait pas « aux différentes situations rencontrées »A la question : « L’accès à l’aide active à mourir doit-il être ouvert ? », 75 % ont voté « oui », 19 % ont voté « non », selon les résultats du scrutin retransmis en direct depuis le CESE, où la convention citoyenne est réunie à l’appel du gouvernement.

Concernant les modalités d’accès à cette aide à mourir, 72 % se sont prononcés en faveur d’un suicide assisté, 66 % en faveur d’une euthanasie. « À ma grande surprise, le vote de la convention citoyenne ne souffre pas de contestation. Je ne pensais pas que le consensus en faveur d’une évolution de la loi pour une aide active à mourir serait aussi large. En cela et c’est très bien, ce vote reflète les opinions et les souhaits de la population dans sa grande majorité.» commente Christiane Muretti, ancienne déléguée adjointe corse de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), qui milite depuis des années pour la légalisation de l'euthanasie et du suicide médicalement assisté en France.

Faire évoluer la loi
Si la fin de vie reste un sujet délicat sur lequel l’exécutif veut avancer à pas de loup, la possibilité d’autoriser une « aide active à mourir » débouchera « vraisemblablement » sur une loi, a déclaré ce jeudi 23 février le porte-parole du gouvernement tout en restant prudent sur son contenu. « Je note qu’il y a manifestement un esprit d’ouverture vers une légalisation de l’aide active à mourir sous la forme d’euthanasie, suicide assisté », a dit Olivier Véran sur France Inter. 

Emmanuel Macron, qui a voulu cette convention formée de citoyens tirés au sort, envisage de faire évoluer la loi. Le président de la République doit recevoir les membres de la convention après la fin de leurs travaux prévue le 19 mars, probablement dès le 20 mars selon une source gouvernementale. Le 9 mars, selon cette même source, il doit recevoir à dîner plusieurs personnalités pour évoquer le thème de la fin de vie, dont les représentants des principaux cultes. Ensuite, d’ici fin mars, le chef de l’Etat posera « les bases d’un calendrier » et déterminera « les conditions d’une modification de la loi », a expliqué le porte-parole du gouvernement.

Christiane Muretti, espère que le gouvernement adopte « dans des délais extrêmement rapides une loi autorisant l’aide active à mourir ou le suicide assisté.» Selon elle, cette législation, qui devrait respecter la liberté individuelle et tenir compte de la clause de conscience des médecins, «  éviterait les drames et les fins de vie douloureuses, ainsi que les départs prématurés vers la Suisse pour ceux qui peuvent le faire financièrement et physiquement.»

Des questions en suspens
Certes, certaines questions restent en suspens, en particulier celle de  de la conscience des personnes en fin de vie et de l'euthanasie. Treize sociétés savantes et associations de médecins et d’infirmiers ont rédigé un « avis éthique » dans lequel elles refusent « catégoriquement la démarche euthanasique » et rejettent en effet cette pratique jugée incompatible avec leur métier. Pour eux, cette pratique modifie en profondeur la notion même de soin. Pour Christiane Muretti « personne a priori ne souhaite mourir ou alors le plus tard possible, mais quand la vie n’est plus la vie que faire ? »

Actuellement, et depuis 2016, la loi dite Claeys-Leonetti permet d’aller jusqu’à une « sédation profonde et continue » de certains malades jusqu’à leur mort, sans pour autant permettre de provoquer activement leur décès ou de leur en donner les moyens.