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Fêtes de fin d'année : Malgré l’inflation, les Corses ne se privent pas


David Ravier le Jeudi 21 Décembre 2023 à 18:11

À quelques jours du Réveillon de Noël, CNI est allé à la rencontre des Corses pour savoir si l’inflation avait changé leur repas de fêtes. Si la flambée des prix peut restreindre les quantités achetées, les habitants n’hésitent pas à faire un effort supplémentaire pour ce moment convivial en achetant moins, mais mieux.



Pour les fêtes, les clients ne désertent pas les étals de la boutique U Montagnolu, rue César Campinchi.
Pour les fêtes, les clients ne désertent pas les étals de la boutique U Montagnolu, rue César Campinchi.
À l’intérieur du magasin Leclerc de Bastia, en cette fin du mois de décembre, Sandra pousse son chariot de course, les yeux rivés sur sa liste. « Ne regardez pas forcément ce qu’il y a dans mon caddie, je suis juste venu chercher les derniers articles qui me manquait », s’exclame la mère de famille. Dans son panier, des toasts briochés, du saumon, un peu de charcuterie, du vin et des biscuits apéritifs. « Je reçois de la famille à la maison cette année, alors j’ai étalé les courses en plusieurs fois pour ne pas avoir une grosse facture à la caisse ». À sa sortie du magasin, alors qu’elle range les courses dans son coffre, elle nous montre la facture: 48€ pour une petite dizaine d’articles qu'elle n'achèterait pas en temps normal.  « Je n’ai pas forcément fait de grosses dépenses, mais c’est vrai qu’en période de fêtes, je me lâche un peu plus niveau alimentation ». Entre l'alcool, les apéritifs, le repas et le dessert, Sandra estime avoir dépensé en tout plus de 160€ pour les repas du réveillon et du 25 décembre.

 

Comme elle, les fêtes de fin d’année sont l’occasion pour de nombreux Corses de se faire plaisir. Que ce soit pour recevoir ou pour offrir, une partie du budget du mois est dédié aux grands repas du réveillon. Malgré l’inflation, le budget des ménages résiste malgré tout à la crise, et ce n’est pas Antoine Filippi qui dira le contraire. Ce commerçant est à la tête depuis 1982 d’une des institutions de la rue César Campinchi: l’épicerie fine U Montagnolu. Autant dire qu’il connaît par cœur les habitudes des clients bastiais. « Contrairement à ce que l’on peut penser, nos meilleurs mois de vente ne sont pas en été, lorsque les touristes sont présents, mais plutôt autour des fêtes de fin d’année. Durant cette période, les gens dépensent beaucoup plus pour la nourriture », souligne d’emblée de patron des lieux. Dans sa boutique, le panier moyen des fêtes tourne aux alentours de 70€, mais peut grandement varier d’un client à l’autre. « Vous pouvez avoir une personne qui vient pour acheter des biscuits à 5€ et le voir le client d’après qui prend pour 900€ de marchandise ». Malgré tout, selon lui, « les clients font des efforts à Noël pour dépenser. Ils peuvent se restreindre au niveau de l’achat de certains chocolats, choisir des boîtes moins grandes, des vins un peu moins chers, mais en général, ils ne lésinent pas sur la dépense malgré que les temps soient durs ».

 

Privilégier la qualité tout en surveillant les prix

 

Tout juste entré dans la boutique, Matthieu se précipite vers les biscuits. Quelques minutes plus tard, le jeune homme de vingt ans se retrouve avec les bras chargés de paquets de canistrelli. « Avec mes parents, on va passer les fêtes chez la famille qui vit sur le continent, indique-t-il. On leur ramène des produits de l’île, c'est pas grand-chose, mais c'est au moins de quoi grignoter ». Si l’addition finale s’élève à un peu plus d’une quarantaine d’euros, Matthieu assure être dans la mesure du raisonnable concernant ses achats. « Ce sont les fêtes et ce sont des présents pour nos proches, c’est le seul moment de l’année où l’on peut faire plaisir sans vraiment regarder le budget même si, avec l’inflation, je réfléchis à deux fois avant de dépenser mon argent ». Cette problématique du pouvoir d'achat n’est pas uniquement l’apanage des petits budgets; tous cherchent à concilier aliments de qualité, plaisir de partager et réalité du porte-feuille. 

Sur le boulevard Paoli, à la caisse du Casino, Marie-Thérèse vient pour faire le plein de biscuits corses. Même pour cette sexagénaire qui se décrit elle-même comme faisant « partie de la classe moyenne aisée », qui « n’a pas trop besoin de faire attention à la dépense pour les courses du réveillon », la simplicité est de rigueur. Si elle constate comme tout le monde que les prix augmentent, elle n’est pas décidée à changer ses habitudes. « Je n’ai jamais été dans la gabegie, mais pour les repas de fêtes, où mes grands enfants rentrent tous de Paris pour le réveillon, je fais un effort supplémentaire, assure-t-elle. C’est convivial donc j’essaie de leur faire plaisir en leur cuisinant des plats corses et en privilégiant les spécialités d’ici. Par exemple, je vais prendre des huîtres, puisque nous avons la chance d’avoir des huîtres de Diana, ainsi que du foie gras et de la pintade locale, avec une bûche en dessert. Je passe faire un tour chez le charcutier pour leur prendre de la charcuterie corse de qualité, mais c’est tout, j’achète raisonnablement sans faire trop de folie. Il n’y aura pas de homards ou d’ortolans sur la table, je préfère rester dans un repas simple qui ne me coûtera pas forcément cher ».