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Fermeture de la maternité de Porto-Vecchio : Paul-André Colombani en appelle au Gouvernement


le Mercredi 14 Juin 2023 à 15:17

Le député de la seconde circonscription de Corse-du-Sud a profité de la séance de questions orales de mardi, pour demander au Gouvernement s'il entend reconsidérer le dimensionnement du financement accordée à la clinique de l'Ospedale



La clinique
La clinique
« S’il est bien un sujet qui fait l’unanimité dans ma région, c’est le maintien de la maternité de Porto-Vecchio ». Ce mardi 13 juin, le député de la seconde circonscription de Corse-du-Sud, Paul-André Colombani, a profité de la séance de questions orales à l’Assemblée Nationale pour interpeller le Gouvernement sur le maintien du service de maternité de Porto-Vecchio.
 
« Élus locaux, professionnels de santé, habitants de toute la région, tous sont vent debout contre la fermeture d’un service public qu’ils jugent indispensable. Il semblerait que cette union sacrée ait porté ses fruits et que la fermeture de la maternité ne soit plus d’actualité. Heureusement car la situation de l’Extrême-Sud de la Corse est tout à fait singulière », argue celui qui est aussi médecin généraliste à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio.

Dans ce droit fil, il rappelle qu’au « niveau national, on considère que lorsque l’on dépasse les 45 minutes d’éloignement d’une salle d’accouchement cela représente un danger ». « Dans notre cas, sans la maternité de Porto-Vecchio ce temps d’accouchement serait porté à minima à 2h30, soit le triple du seuil national. Cela conduirait immanquablement à des drames humains », appuie-t-il en ajoutant : « De plus, le contexte régional se tend. La fermeture de la maternité de la clinique Maymard à Bastia déstabilise profondément l’offre de soins et met sous tension toute la gynécologie en Corse. Cela va mécaniquement entrainer un surcroit d’activité à Porto-Vecchio et renforcer la nécessité d’y prévoir une prise en charge locale complète ».

La maternité en passe de devenir un centre périnatal de proximité ?

Notant le « rôle clef que remplit la clinique de Porto-Vecchio », Paul-André Colombani déplore que sa pérennité ne soit pas sécurisée, « le financement des deux missions de service public qu’il assure mettant en péril son activité globale ». « Les besoins sont estimés à 1,5 million d’euros pour le service de maternité et 2 millions d’euros pour le service des urgences », détaille-t-il en lançant à l’adresse du Gouvernement : « Entendez-vous reconsidérer le dimensionnement du financement attribué à cette clinique afin de garantir le maintien d’une offre de service public à la hauteur des besoins de notre population ? ».
 
C’est Jean-François Carenco, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur chargé des Outre-Mer qui lui répondra.  « L’Agence Régionale de Santé de Corse (ARS) s’est engagée avec l’établissement que vous évoquez par un avenant au contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens 2019-2024 alors que l’établissement rencontre de très grandes difficultés financières induites notamment par l’activité de maternité, fortement déficitaire », pose-t-il en premier lieu en précisant que pour l’année 2022, « l’accompagnement a atteint un montant total de 1,610 millions d’euros pris en charge par l’ARS ». 
 
Le ministre délégué en charge des Outre-Mer souligne par ailleurs qu’en 2021, « à l’occasion de l’élaboration du contrat territorial de santé de l’Extrême Sud, l’agence a missionné des experts médicaux sur les thématiques des soins urgents et de la périnatalité » qui ont avancé « en concertation avec les professionnels et les élus ». « La perspective d’une évolution de la maternité de Porto-Vecchio vers un centre périnatal de proximité avec garantie de prendre en charge des accouchement inopinés via les urgences est en train d’être travaillée sans toutefois être la seule mesure », annonce-t-il. 

" Le Gouvernement joue avec les mots "

Il note encore l’importance de renforcer les liens avec les centres hospitaliers d’Ajaccio et de Bastia « pour sécuriser les parcours grâce par exemple à des actions de coopération et de partage de dossiers, de la participation de la maternité de Porto-Vecchio au staff pluridisciplinaire ou pour mettre en place des consultations avancées de praticiens hospitaliers vers la clinique » en convenant que « le travail nécessitera d’inclure des réflexions sur la filière d’urgence et transport afin d’organiser la réponse à l’urgence obstétricale ».
 
Une réponse qui n’a toutefois pas été suffisante pour rassurer le député de la seconde circonscription de Corse-du-Sud. Sur ses réseaux sociaux, Paul-André Colombani a ainsi fait part de son inquiétude. « Nous avions compris, sur la base des échanges avec l’ARS de Corse, que le maintien de la maternité était acquis. Or, ce n’est visiblement pas le cas », déplore-t-il en regrettant que « le Gouvernement joue avec les mots en parlant du maintien de la périnatalité uniquement, ce qui ne veut pas dire sauvegarde de la maternité ». « La solution qui promet que les femmes pourront accoucher en urgence ou aux urgences ne nous convient pas », martèle-t-il.

Par ailleurs, il s’alerte qu’aucune garantie ne soit « apportée sur le financement de la clinique et sur l’arbitrage qui est en suspens », qui était au cœur de sa question. « Nous sommes surpris par le contraste entre les propos positifs prononcés il y a quelques jours par le Ministre de l’Intérieur, et la réponse apportée ce matin par le Ministre délégué en charge des Outre-Mer qui constitue un retour en arrière certain », conclut-il.