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Epave des Sanguinaires : une cargaison génoise perdue au XVIe siècle ?


le Dimanche 19 Septembre 2021 à 15:29

La fouille de l’épave Sanguinaires C : une cargaison génoise dans la cale d’un navire d’Europe du Nord perdue au XVIe siècle sous les eaux corses ? C'est la question à laquelle vont tenter de répondre au cours des semaines à venir l’ARASM (Association pour la recherche archéologique sous-marine), le DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, Service à compétence nationale du ministère de la Culture) et la Marine nationale qui ont décidé de collaborer dans le cadre du programme de recherche pluriannuelle 2021-2023 dédié à la fouille de l’épave Sanguinaires C.



Epave des Sanguinaires : une cargaison génoise perdue au XVIe siècle ?
Découverte en 2005 lors d’une prospection du DRASSM, l’épave Sanguinaires C gît par 19 m de profondeur, à la sortie du golfe d’Ajaccio (Corse-du-Sud). Ce navire, construit à clin, constitue une découverte exceptionnelle puisqu’il s’agit seulement de la troisième épave à clin sur l’ensemble du pourtour méditerranéen.


Recouverte par un important tumulus de pierres mesurant de 18 m de long, 12 m de large et 2,80 m de hauteur, la fouille dirigée par Hervé Alfonsi (ARASM/FFESSM) en codirection scientifique avec Marine Sadania (DRASSM, MC) a permis de mettre au jour une épave solidement construite en chêne, un chargement de calcaire dolomitique, un ensemble de céramiques pisanes et ligures datées du début du XVIe siècle ainsi que du mobilier de bord.


Parmi les mobiliers découverts, il convient de souligner la présence d’au moins deux ancres à jas en bois, de deux grandes meules en conglomérat et surtout d’un rarissime couvercle en bois d’une boîte de compas de navigation qui témoigne de la richesse de la culture matérielle de cette épave. L’étude de l’architecture navale associe des spécialistes de la discipline tels qu’Éric Rieth (CNRS, Université de Paris 1, Musée national de la Marine) et Élisabeth Veyrat (ARKAEOS). La fouille, soutenue financièrement notamment par le ministère de la Culture et la Collectivité territoriale de Corse, a d’ores et déjà permis de formuler de premières hypothèses néanmoins de nombreuses problématiques restent en suspens.


L’opération 2021, qui se tiendra du 20 septembre au 16 octobre, prend une envergure particulière avec le soutien humain, logistique et technique de la Marine nationale.
Ainsi un détachement de huit spécialistes du groupe de plongeurs démineurs (GPD Med), embarqués à bord du bâtiment-base des plongeurs démineurs (BBPD) Pluton commandé par le capitaine de corvette Aymeric Barrazer de Lannurien, vont procéder au démontage partiel et méthodique de l’impressionnant chargement de pierres.
L’objectif est de retirer environ 0,80 m à 1,20 m de pierres de manière à fouiller en sécurité ce site tant pour protéger les vestiges architecturaux que pour les archéologues. Ce démontage méthodique comprendra une succession de photogrammétries de manière à enregistrer au fur et à mesure des informations sur la nature des pierres retirées.
Une fois cette étape effectuée, les archéologues ouvriront une fenêtre sur l’arrière de l’épave. À partir d’un navire scientifique du DRASSM, des résultats essentiels à la compréhension du site sont espérés. Une part de l’histoire du commerce maritime méditerranéen du début du XVIe siècle se cache sous les eaux corses.