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Encore une grève à l’hôpital de Bonifacio, sur fond de conflit entre syndicats


le Mercredi 9 Juillet 2025 à 16:58

Ce mercredi 9 juillet, la CFDT, syndicat minoritaire à l’hôpital de Bonifacio, a appelé à la grève pour protester contre le projet de mutation de deux agents cadres vers Sartène. Face à la grogne, l’Agence régionale de santé (ARS) aurait décidé de surseoir, proposant une table ronde intersyndicale le 16 juillet. Une proposition refusée par le STC, le syndicat majoritaire.



C'est le quatrième mouvement de grève en moins d'un an à l'hôpital de Bonifacio.
C'est le quatrième mouvement de grève en moins d'un an à l'hôpital de Bonifacio.
En dépit d’une mission d’inspection diligentée en novembre par l’ARS, les mois passent et le climat social ne s’apaise toujours pas au sein de l’hôpital de Bonifacio, lequel vient de vivre ce mercredi son quatrième mouvement social en un an. En effet, au matin, une cinquantaine d’agents, sur un effectif de 220, se sont déclarés grévistes. A l’appel du syndicat minoritaire, la CFDT, ils entendaient protester contre le projet de l’ARS de muter deux agents cadres de l’hôpital bonifacien vers Sartène. « Alors qu’on leur reconnaît un travail remarquable, on les sanctionne », s’en émeut Franck Andarelli, le délégué régional de la CFDT. 

Et ce mercredi à 12 h 30, une réunion en visio-conférence s’est tenue en présence de la CFDT, du directeur Nicolas Ballarin et de Marie-Hélène Lecenne, la directrice régionale de l’Agence régionale de santé. Au sortir de cette réunion, Franck Andarelli a fait part de sa satisfaction « car il a été acté que cette proposition de mutation allait être retirée. A la place, Marie-Hélène Lecenne a annoncé la tenue d’une réunion de travail le 16 juillet, en présence du directeur de l’hôpital et de tous les partenaires sociaux, en vue d’apaiser le climat social. » Sollicitée par Corse Net Infos, l’ARS n’a pas confirmé en ces termes les dires de Franck Andarelli, préférant évoquer, sans les détailler, "des propositions qui ont été formulées par l'ARS pour tenter de sortir du conflit".  Mais le directeur de l’établissement de santé bonifacien, Nicolas Ballarin, précise aussi avoir entendu l’ARS proposer une table ronde sur site, le 16 juillet, en présence de Marie-Hélène Lecenne et des représentants syndicaux de l’hôpital.

Le STC réclame la tenue d'un CSE
Cette proposition, Antoine-Pierre Culioli, délégué syndical du syndicat majoritaire STC, la balaie d’un revers de la main : « Nous la refusons, car nous n’avons nullement l’intention de discuter avec un autre syndicat. Nous estimons que l’instance qui doit décider de l’organisation de l’hôpital, c’est le Comité social et économique (CSE). Nous souhaitons qu’il se réunisse pour une session extraordinaire. » M. Culioli continue de réclamer l’application du protocole de sortie de grève, signé il y a bientôt un an. En effet, le 16 juillet 2024, le STC avait appelé à la grève, sur fond de conflit avec certains cadres de l’hôpital. A l’époque, M. Culioli avait évoqué « un défaut d’encadrement » et demandé la mise en place d’un nouvel organigramme. Une revendication qui avait été consignée dans le protocole de sortie de crise et que le directeur de l’hôpital, Nicolas Ballarin, avait tenté de faire appliquer. Mais il s’était pris en retour une levée de boucliers de la part de la majorité des cadres de l’hôpital, qui avaient fait grève à leur tour, créant à cette occasion une section syndicale CFE-CGC à l’hôpital de Bonifacio.

"Malaise de fond"
Ce mouvement avait déclenché la tenue d’une mission d’inspection de l’ARS, tandis que le directeur Nicolas Ballarin était mis sur la touche temporairement. C’est dans ce contexte que la CFDT avait décidé cet hiver de faire grève à son tour, obtenant satisfaction auprès de l’ARS sur un certain nombre de leurs revendications.  « Mais le malaise de fond, celui qui a été identifié dans le cadre de l’inspection et qui est une vérité depuis au moins 2017, n’est toujours pas résolu », s’inquiète Nicolas Ballarin. Le directeur fait référence à un conflit de personnes, sur fond de rivalités intersyndicales : « Je comprends les raisons de chacun. Personne n’a tort ou raison… » Et alors que les élections professionnelles se profilent (elles auront lieu en fin d’année 2026), la situation se fige autant qu’elle se tend à Bonifacio. "L’une des organisations syndicales n’a pas donné un avis favorable à ces propositions qui n’étaient que des propositions", communique l'ARS, faisant référence au refus d'une table ronde, notifié par le STC. L'agence signale néanmoins "rester disponible pour accompagner les échanges et encourager la poursuite du dialogue". De son côté, la CFDT conditionne la suspension de son mouvement de grève à la réception d'un courrier, qui stipulera "que l'ARS retire ces projets de mutation", expose Franck Andarelli.