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En Corse, plus de 14 000 personnes sont en situation d'illettrisme


David Ravier le Lundi 11 Septembre 2023 à 09:42

Avoir des difficultés à lire et écrire ne doit pas être honteux. Pour les 10e journées nationales d'actions contre l'illettrisme, qui se déroule du 7 au 15 septembre 2023, de nombreuses actions sont organisées en Corse pour aider ces personnes, qui représentent 7% de la population insulaire. À cette occasion, Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, revient pour CNI sur la situation de l’illettrisme sur l’île et les solutions mises en place par l’État pour endiguer ce fléau.



Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, à l'ouverture des 10e journées nationales d'actions contre l'illettrisme, à Bastia.
Michel Prosic, le préfet de Haute-Corse, à l'ouverture des 10e journées nationales d'actions contre l'illettrisme, à Bastia.
- Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de l'illettrisme en Corse en 2023?
- L'illettrisme est un sujet central qui représente une difficulté particulière pour la vie quotidienne de nos concitoyens qui ont du mal avec la lecture et l'écriture. Au regard de ce phénomène, nous estimons que 7% de la population en Corse, soit 14 000 habitants, sont touchés par des phénomènes de difficulté avec l'écriture et la lecture. Sur cette population, la moitié des personnes concernées ont plus de 45 ans. Avec le développement de l'usage du numérique, l’illectronisme, qui indique la difficulté à savoir se servir des outils numériques, concerne 25% de la population de notre île, soit près de 75 000 personnes. Le constat est donc clair: la lutte contre l'illettrisme est encore devant nous. C'est une réalité de notre territoire en Corse et cela représente aussi une vraie difficulté sur le marché de l’emploi. Aujourd'hui, 10% des demandeurs d'emploi et 20% des bénéficiaires du RSA sont touchés par ce phénomène de l'illettrisme. Cette question est donc un facteur clé des difficultés, et c'est là-dessus que nous devons concentrer une part importante de notre engagement.

 

- Quelles sont les solutions mises en place par l’État pour lutter contre ce fléau?
- Lorsque nous mettons en place des maisons France service pour aider les concitoyens dans leurs démarches du quotidien, que nous mettons en place des conseillers numériques, c'est justement pour pouvoir apporter une réponse humaine et permettre à nos concitoyens qui souffre d'illettrisme d'avoir un interlocuteur qui peut les accompagner dans la réalisation d'une partie de leur démarche. Pour lutter contre ce phénomène, la machine ne suffit pas, nous avons besoin de femmes et d'hommes pour résoudre ce sujet. C'est la raison pour laquelle l'État finance de nombreuses associations qui luttent contre l’illettrisme, de telle sorte à ce qu'elles soient présente auprès de nos concitoyens. Pour nous, c'est aussi une manière d'être présent partout sur le territoire. Tous les opérateurs (Cap solidaire, Opra, Pôle Emploi, les formations, CNFPT, A Prova...) se mobilisent pour identifier cette difficulté auprès de nos concitoyens qui souffrent de cet illettrisme. En parallèle, nous mettons en place des formations pour faire en sorte que dans la vie personnelle comme professionnelle, ces difficultés avec la lecture et l'écriture soient réduites. C’est la seule solution pour que les gens vivent mieux, échangent mieux et puissent évoluer dans un cadre normal, notamment dans le monde du travail.

 

- Comment peut-on prendre en charge les personnes affectées par l’illettrisme?
- La première condition, c'est de pouvoir poser un diagnostic et accompagner la personne dans sa difficulté. Les personnes qui ressentent des difficultés avec la langue, la lecture et l'écriture ont souvent tendance à le cacher grâce à des stratagèmes de dissimulation au quotidien. Le rôle des associations que nous accompagnons, c'est de pouvoir identifier ces personnes. L'école s'y emploie, et le service national universel est également un bon moment pour faire le point sur ces acquis. Ce n'est pas une honte, ces difficultés peuvent toucher tout le monde, aussi bien des personnes d'origine étrangère que des Français. Nous avons parfois des apprentissages qui n'ont pas été faits en temps et en heure, qui ont été oubliés ou fragilisés. Une fois cette étape faite, il est possible de poser un diagnostic et mettre en place des formations, des mesures d'accompagnement pour permettre à nos concitoyens qui souffrent d'y remédier. Tous les métiers sont concernés par ces difficultés, pas uniquement les emplois de bureau. Cette question est d'autant plus importante aujourd'hui qu'avec le développement des démarches en ligne, les difficultés avec la lecture et l'écriture sont nettement amplifiées. Notre objectif, c'est d'accompagner nos concitoyens pour faire en sorte que ces difficultés n'en soient plus. C'est notre rôle, notre engagement et la mobilisation d'une grande partie des associations qui œuvrent sur le terrain.