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En Corse aussi, l'uniforme à l'école fait débat


David Ravier le Mardi 12 Septembre 2023 à 09:59

Alors que le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, se montre favorable à une expérimentation de l'uniforme, les parents d'élèves corses demeurent partagés quant à son utilité.



Archives CNI.
Archives CNI.
Chaque année, le débat sur le retour de l'uniforme à l'école refait surface simultanément avec la rentrée scolaire. Dans une interview accordée à BFMTV le mardi 5 septembre, le ministre de l'Éducation nationale a indiqué que « plusieurs élus et établissements ont exprimé récemment leur souhait de pouvoir expérimenter l'uniforme ou une tenue scolaire unique. » Cependant, le retour de l'uniforme à l'école, qui n'est plus en vigueur depuis 1968, n'est pas perçu de manière positive par tous les parents d'élèves.

Contrairement aux arguments avancés sur le continent, l'introduction de l'uniforme à l'école en Corse ne vise pas à éliminer les signes religieux dans les établissements scolaires, mais plutôt à lutter contre la « course effrénée à la possession de vêtements de marque, créant une distanciation sociale entre les élèves », affirme Denis Luciani, président de l'Associu di i parenti corsi (APC). Bien qu'il admette que la question reste en suspens au sein de l'APC, ce parent d'élève ne s'oppose pas à l'uniforme scolaire, car il estime qu'il permettrait de rétablir l'égalité entre les élèves. « La préoccupation liée aux marques est présente dès l'école élémentaire, pas seulement au collège et au lycée. C'est une question sociologique plus large », ajoute-t-il.


Réduire les inégalités sociales
Pour de nombreux parents, les vêtements portés par les élèves revêtent une signification sociale et accentuent les écarts entre ceux dont les parents peuvent se permettre des vêtements de marque et les autres. Francesca Tisne-Borelli, présidente de l'association des parents d'élèves de Folelli, estime que ce sont plutôt les adultes qui ont un rôle à jouer dans cette course aux marques, car ils « privilégient les désirs de leurs enfants, ce qui renforce ce phénomène de mode et de marques. » Derrière la facilité avec laquelle les parents cèdent aux vêtements de marque se cache l'envie que leurs enfants ne soient pas stigmatisés à l'école. Cependant, Francesca Tisne-Borelli rappelle que « le harcèlement est un problème plus profond qui ne sera pas résolu uniquement par l'uniforme », même si cela pourrait contribuer à l'atténuer. Elle indique que « l'adoption de l'uniforme dans les écoles pourrait réduire les différences entre nos enfants, mais il est difficile de prendre position en faveur ou contre tant que tous les détails de sa mise en œuvre ne sont pas connus. »

L'uniforme scolaire est déjà en vigueur dans certains départements français, notamment en Martinique, où il est obligatoire de la primaire au lycée, sans susciter de controverse. Si un projet similaire devait être envisagé en Corse, les associations de parents d'élèves estiment que l'État devrait participer au financement de ces vêtements. De son côté, le ministre de l'Éducation nationale prévoit de planifier un calendrier d'expérimentation de l'uniforme dans les établissements scolaires qui le souhaitent d'ici l'automne.

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