Dr Paul-André Colombani, député nationaliste de la 2ème circonscription de Corse du Sud, membre du groupe parlementaire Libertés & Territoires, médecin généraliste à Portivecchju, Président de l’Observatoire régional de la Santé de Corse.
- Votre question au gouvernement sur les faux-passes fait le buzz. Qu’est-ce qui l’a motivée ?
- Depuis le début, je dis que tout le monde a la liberté de faire ce qu’il veut. Je ne porte pas de jugement de valeur sur les gens qui ont envie de se faire vacciner ou pas. Mais là aujourd’hui, on assiste à un certain nombre de débordements concernant les faux-passes sanitaires, une situation que je ne pensais pas voir arriver un jour en Corse. A Portivechju, par exemple, des gens ont réussi à faire des faux-passes dans le centre de vaccination que nous dirigeons. Nous nous sommes aperçus rétrospectivement qu’ils ont profité des failles du système, c’est-à-dire qu’ils ont utilisé, soit nos identifiants, soit nos numéros d’agrément pour réaliser ces faux-passes. C’est comme s’ils étaient entrés dans mon cabinet pour voler mes ordonnances ! Ce sont des problèmes qu’ont habituellement les médecins de banlieue sur le continent. Je pensais qu’en Corse, on était à l’abri de ces comportements-là, qu’on était encore protégé par certaines valeurs ! En plus, ces faux-passes ont été vendus : il y a donc, tout un commerce organisé autour, qui jette l’opprobre sur les médecins, les infirmiers, tous les professionnels de santé qui sont investis dans les centres de vaccination. Et pas qu’en Corse !
- En quoi le personnel de santé subit-il l’opprobre ?
- Quand des identifiants sont volés, les médecins ou les professionnels de santé doivent porter plainte, des enquêtes sont effectuées, et ils se retrouvent en butte à des suspicions. Cela n’a pas encore été jusque-là en Corse, mais c’est déjà le cas pour des collègues sur le continent qui, pour certains, sont embêtés depuis le mois de juillet. Il y a plusieurs affaires en cours de jugement, notamment celle de Lyon. En même temps, ce problème met le doigt sur une nouvelle incohérence du système voulu par le gouvernement, qui est très simple à prendre en défaut.
- C’est-à-dire ?
- Environ 70% à 80% des médecins ne sont pas dans les centres de vaccination et ne se sont pas préoccupés de ce système parce que ce n’est pas leur rôle. Ce n’est pas le rôle d’un chirurgien ou d’un radiologue de se préoccuper de la vaccination. Or, il est assez facile de réussir à trouver leurs identifiants sur Internet. L’identifiant, c’est le numéro de sécurité sociale qui est inscrit sur toutes les ordonnances et qui permet de paramétrer très vite l’accès au site de la sécurité sociale. Les médecins ne pensent pas à se protéger. Moi, je m’en suis occupé parce que j’ai participé depuis le début à la vaccination. Donc, si quelqu’un essaye de trafiquer mon compte, je reçois un message d’alerte sur mon téléphone portable, mais le médecin, qui n’a jamais touché à la vaccination, n’a pas cette protection. Son identifiant piraté permet de prendre des commandes, de faire des faux-passes avec, et de les vendre 200 € ou 300 € l’unité. C’est insupportable ! Sans compter la pression ! Des médecins se sont faits bousculés dans les centres de vaccination. Ce n’est pas acceptable ! On peut tout entendre, mais la réciproque est vraie aussi !
- Comment traquer ces faux-passes ?
- C’est très difficile ! L’outil technique n’est pas adapté ! Sur les 182 000 faux-passes aujourd’hui identifiés, seulement 3600 ont été désactivés. Le faux-pass est dangereux pour la personne qui l’utilise parce qu’il l’empêche de recevoir des soins à la hauteur de son besoin. Il met en danger la vie des gens par défaut de prise en charge. Lorsque ces gens tombent malades et développent des formes graves, ils n’osent d’abord pas dire qu’ils n’ont pas été vaccinés. L’équipe médicale, qui ne s’attend pas à des formes très graves sur les vaccinés, ne comprend pas tout de suite et peut ne pas prendre en charge correctement le patient. C’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement qu’il mette tout en œuvre pour désactiver ces faux-passes. La réponse, qui m’a été faite, est que le constat est partagé, mais qu’il n’y a pas de réponse concrète au problème. Si la réalisation des passes n’est pas contrôlable, cela veut dire que le système n’est pas fiable, qu’il n’est pas à la hauteur ! Et c’est encore une bonne raison pour ne pas voter le pass sanitaire ou vaccinal, qui est non seulement une grave atteinte aux libertés, mais qui s’appuie sur des dispositifs qui ne fonctionnent pas. Il ne peut, donc, pas être appliqué !
- Vous allez, donc, une nouvelle fois, avec les autres députés nationalistes, voter contre le pass sanitaire
- Oui ! Il y a eu plusieurs votes. Nous avons voté pour la première mouture du pass sanitaire qui était en accord avec le dispositif que nous avions demandé pour protéger la Corse, notamment les dispositifs permettant de faire des tests aux gens qui arrivaient sur notre île. Cela aurait été complètement incohérent de voter contre ! Par la suite, nous avons voté contre toutes les autres moutures à cause d’un certain nombre d’incohérences de plus en plus criantes. Le pass vaccinal proposé aujourd’hui est encore plus rempli d’incohérences, par exemple sur les transports. Un étudiant corse, qui n’est pas vacciné et qui étudie à Marseille ou ailleurs, ne pourra plus rentrer en Corse pour voir sa famille. Ce n’est pas acceptable ! C’est une atteinte à la liberté individuelle de se déplacer ! Incohérence aussi sur le télétravail ! Depuis deux ans, rien n’a été mis en œuvre pour donner des règles au télétravail, c’est un peu la jungle ! Et comment exercer des droits syndicaux à l’intérieur de l’entreprise quand tout le monde est en télétravail ? C’est là aussi une atteinte aux libertés syndicales ! Il y a aussi le problème de la vaccination des adolescents qui est très compliquée et qu’il est impossible de défendre. Nous avons voté, avec la quasi-totalité de l’Assemblée nationale, l’amendement qui rétablit le pass sanitaire jusqu’à 16 ans. Ce fut un vote par dépit !
- L’obligation de vacciner les enfants fait peur. Quelle est votre position en tant que médecin ?
- L’obligation vaccinale pour les enfants fait peur à juste titre. Il y a un certain nombre d’incertitudes notamment sur l’efficacité de cette vaccination, ses effets secondaires... On doit, encore une fois, rester sur un principe de liberté et de cas par cas avec une discussion entre parents et praticiens pour mesurer le bénéfice et le risque. Des enfants ont besoin de cette vaccination parce qu’ils ont des facteurs de fragilité, d’autres parce qu’ils côtoient des personnes extrêmement fragiles. Il y a aussi des enfants dont les parents réclament la vaccination, on ne peut pas déontologiquement la refuser alors qu’elle existe. Et puis, il y a ceux qui doivent être libre de faire ce qu’ils veulent… C’est tout ! Il ne faut pas hystériser les débats ! Le contexte de l’élection présidentielle rend difficile des débats sereins.
- Justement, le débat à l’Assemblée nationale est extrêmement houleux. Comment expliquez-vous une telle violence ?
- Ce débat se déroule dans une atmosphère pesante qu’on voit très peu dans cette assemblée avec un ministre très souvent hautain, qui prend tout de haut, qui donne des leçons à tout le monde, et qui est même parfois très violent ! Il s’en prend aux uns et aux autres, fait fi du secret médical. Je ne suis pas certain que le dossier médical de Jean-Luc Mélenchon a quelque chose à faire dans un débat à l’Assemblée nationale ! Et les propos d’Emmanuel Macron, mardi soir, ne font que rajouter de la violence !
- Comment réagissez-vous aux mots du Président de la République qui veut « emmerder les non-vaccinés » ?
- Quand on est élu, que ce soit comme maire, conseiller municipal, député ou président de la République, on est élu pour toute la population, pour tous les gens, qu’ils soient vaccinés ou non. On se doit de respecter les opinions des uns et des autres, même si on n’est pas d’accord. On n’a pas à « emmerder », à « contraindre »... Ces propos d’Emmanuel Macron sont proprement inacceptables ! On n’a jamais entendu ça de la part d’un président de la République ! On ne fait pas une loi pour « emmerder » les Français ou pour « emmerder » le monde, on fait une loi parce qu’il y a une crise sanitaire. On respecte l’ensemble de ses concitoyens, y compris ceux dont on ne partage pas l’opinion. Cette façon de procéder est insupportable ! L’ensemble des oppositions a, d’ailleurs, demandé la venue de Jean Castex dans l’hémicycle pour éclaircir la position du gouvernement. Ce climat est voulu, parce que l’élection présidentielle arrive dans quelques semaines et que le gouvernement fait de la surenchère par rapport aux Républicains (LR).
- La question pour le gouvernement n’est pas l’adoption du pass vaccinal, mais son calendrier. Pensez-vous qu’il tiendra la date du 15 janvier pour son application ?
- Il n’y a pas de doute, le texte va être adopté rapidement. Je ne vois pas la majorité LREM lâcher son candidat à quelques semaines des présidentielles, c’est inimaginable ! De toute façon, des procédures existent : le vote bloqué, l’utilisation du 49-3 à n’importe quel moment si les débats s’éternisent… Pour notre part, nous continuerons d’être présents à chaque instant de ce débat pour essayer de faire adopter des amendements, malheureusement ce n’est pas facile.
- Le Conseil constitutionnel a, pour l’instant, validé le pass sanitaire. Pourrait-il censuré le pass vaccinal ?
- Il y a la notion très importante de proportionnalité. Le Conseil constitutionnel n’a pas censuré jusqu’à présent le pass sanitaire parce qu’il estimait que les mesures étaient proportionnelles à la crise épidémique. Mais, aujourd’hui, avec le recul que l’on commence à avoir, on est obligé de constater que le vaccin est un peu moins efficace, même si on est certain qu’il évite les formes graves. Donc, on se retrouve avec un outil inadapté et la perspective que dans un mois, on aura peut-être passé le pic de l’épidémie, comme c’est arrivé avec toutes les autres vagues. Si dans un mois, il n’y a plus de circulation virale, la population doit-elle continuer à vivre sous un état d’urgence sanitaire ? Le gouvernement peut-il mettre le pays sous cloche jusqu’à juillet prochain ? C’est cela l’enjeu de la proportionnalité. Et c’est pour cela que nous ne sommes pas d’accord avec ces atteintes à la liberté de l’individu ! Pour moi, je le répète, la vaccination reste indispensable, on n’a pas beaucoup d’armes pour lutter contre cette pandémie. Il faut tout faire avec les moyens du bord pour soulager des services de santé surchargés et des soignants qui n’en peuvent plus, entre vacances annulées, plans blancs, déprogrammations d’opérations à l’hôpital… C’est le résultat d’une politique qui, depuis 30 ans, a sacrifié l’hôpital. Il faut, donc, utiliser tous les outils scientifiquement prouvés, maintenir et accentuer au maximum les gestes barrières et poursuivre la vaccination. Le pass vaccinal ou sanitaire n’a pas d’effet scientifiquement prouvé sur l’épidémie, à part à inciter quelques personnes de plus à se faire vacciner.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Depuis le début, je dis que tout le monde a la liberté de faire ce qu’il veut. Je ne porte pas de jugement de valeur sur les gens qui ont envie de se faire vacciner ou pas. Mais là aujourd’hui, on assiste à un certain nombre de débordements concernant les faux-passes sanitaires, une situation que je ne pensais pas voir arriver un jour en Corse. A Portivechju, par exemple, des gens ont réussi à faire des faux-passes dans le centre de vaccination que nous dirigeons. Nous nous sommes aperçus rétrospectivement qu’ils ont profité des failles du système, c’est-à-dire qu’ils ont utilisé, soit nos identifiants, soit nos numéros d’agrément pour réaliser ces faux-passes. C’est comme s’ils étaient entrés dans mon cabinet pour voler mes ordonnances ! Ce sont des problèmes qu’ont habituellement les médecins de banlieue sur le continent. Je pensais qu’en Corse, on était à l’abri de ces comportements-là, qu’on était encore protégé par certaines valeurs ! En plus, ces faux-passes ont été vendus : il y a donc, tout un commerce organisé autour, qui jette l’opprobre sur les médecins, les infirmiers, tous les professionnels de santé qui sont investis dans les centres de vaccination. Et pas qu’en Corse !
- En quoi le personnel de santé subit-il l’opprobre ?
- Quand des identifiants sont volés, les médecins ou les professionnels de santé doivent porter plainte, des enquêtes sont effectuées, et ils se retrouvent en butte à des suspicions. Cela n’a pas encore été jusque-là en Corse, mais c’est déjà le cas pour des collègues sur le continent qui, pour certains, sont embêtés depuis le mois de juillet. Il y a plusieurs affaires en cours de jugement, notamment celle de Lyon. En même temps, ce problème met le doigt sur une nouvelle incohérence du système voulu par le gouvernement, qui est très simple à prendre en défaut.
- C’est-à-dire ?
- Environ 70% à 80% des médecins ne sont pas dans les centres de vaccination et ne se sont pas préoccupés de ce système parce que ce n’est pas leur rôle. Ce n’est pas le rôle d’un chirurgien ou d’un radiologue de se préoccuper de la vaccination. Or, il est assez facile de réussir à trouver leurs identifiants sur Internet. L’identifiant, c’est le numéro de sécurité sociale qui est inscrit sur toutes les ordonnances et qui permet de paramétrer très vite l’accès au site de la sécurité sociale. Les médecins ne pensent pas à se protéger. Moi, je m’en suis occupé parce que j’ai participé depuis le début à la vaccination. Donc, si quelqu’un essaye de trafiquer mon compte, je reçois un message d’alerte sur mon téléphone portable, mais le médecin, qui n’a jamais touché à la vaccination, n’a pas cette protection. Son identifiant piraté permet de prendre des commandes, de faire des faux-passes avec, et de les vendre 200 € ou 300 € l’unité. C’est insupportable ! Sans compter la pression ! Des médecins se sont faits bousculés dans les centres de vaccination. Ce n’est pas acceptable ! On peut tout entendre, mais la réciproque est vraie aussi !
- Comment traquer ces faux-passes ?
- C’est très difficile ! L’outil technique n’est pas adapté ! Sur les 182 000 faux-passes aujourd’hui identifiés, seulement 3600 ont été désactivés. Le faux-pass est dangereux pour la personne qui l’utilise parce qu’il l’empêche de recevoir des soins à la hauteur de son besoin. Il met en danger la vie des gens par défaut de prise en charge. Lorsque ces gens tombent malades et développent des formes graves, ils n’osent d’abord pas dire qu’ils n’ont pas été vaccinés. L’équipe médicale, qui ne s’attend pas à des formes très graves sur les vaccinés, ne comprend pas tout de suite et peut ne pas prendre en charge correctement le patient. C’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement qu’il mette tout en œuvre pour désactiver ces faux-passes. La réponse, qui m’a été faite, est que le constat est partagé, mais qu’il n’y a pas de réponse concrète au problème. Si la réalisation des passes n’est pas contrôlable, cela veut dire que le système n’est pas fiable, qu’il n’est pas à la hauteur ! Et c’est encore une bonne raison pour ne pas voter le pass sanitaire ou vaccinal, qui est non seulement une grave atteinte aux libertés, mais qui s’appuie sur des dispositifs qui ne fonctionnent pas. Il ne peut, donc, pas être appliqué !
- Vous allez, donc, une nouvelle fois, avec les autres députés nationalistes, voter contre le pass sanitaire
- Oui ! Il y a eu plusieurs votes. Nous avons voté pour la première mouture du pass sanitaire qui était en accord avec le dispositif que nous avions demandé pour protéger la Corse, notamment les dispositifs permettant de faire des tests aux gens qui arrivaient sur notre île. Cela aurait été complètement incohérent de voter contre ! Par la suite, nous avons voté contre toutes les autres moutures à cause d’un certain nombre d’incohérences de plus en plus criantes. Le pass vaccinal proposé aujourd’hui est encore plus rempli d’incohérences, par exemple sur les transports. Un étudiant corse, qui n’est pas vacciné et qui étudie à Marseille ou ailleurs, ne pourra plus rentrer en Corse pour voir sa famille. Ce n’est pas acceptable ! C’est une atteinte à la liberté individuelle de se déplacer ! Incohérence aussi sur le télétravail ! Depuis deux ans, rien n’a été mis en œuvre pour donner des règles au télétravail, c’est un peu la jungle ! Et comment exercer des droits syndicaux à l’intérieur de l’entreprise quand tout le monde est en télétravail ? C’est là aussi une atteinte aux libertés syndicales ! Il y a aussi le problème de la vaccination des adolescents qui est très compliquée et qu’il est impossible de défendre. Nous avons voté, avec la quasi-totalité de l’Assemblée nationale, l’amendement qui rétablit le pass sanitaire jusqu’à 16 ans. Ce fut un vote par dépit !
- L’obligation de vacciner les enfants fait peur. Quelle est votre position en tant que médecin ?
- L’obligation vaccinale pour les enfants fait peur à juste titre. Il y a un certain nombre d’incertitudes notamment sur l’efficacité de cette vaccination, ses effets secondaires... On doit, encore une fois, rester sur un principe de liberté et de cas par cas avec une discussion entre parents et praticiens pour mesurer le bénéfice et le risque. Des enfants ont besoin de cette vaccination parce qu’ils ont des facteurs de fragilité, d’autres parce qu’ils côtoient des personnes extrêmement fragiles. Il y a aussi des enfants dont les parents réclament la vaccination, on ne peut pas déontologiquement la refuser alors qu’elle existe. Et puis, il y a ceux qui doivent être libre de faire ce qu’ils veulent… C’est tout ! Il ne faut pas hystériser les débats ! Le contexte de l’élection présidentielle rend difficile des débats sereins.
- Justement, le débat à l’Assemblée nationale est extrêmement houleux. Comment expliquez-vous une telle violence ?
- Ce débat se déroule dans une atmosphère pesante qu’on voit très peu dans cette assemblée avec un ministre très souvent hautain, qui prend tout de haut, qui donne des leçons à tout le monde, et qui est même parfois très violent ! Il s’en prend aux uns et aux autres, fait fi du secret médical. Je ne suis pas certain que le dossier médical de Jean-Luc Mélenchon a quelque chose à faire dans un débat à l’Assemblée nationale ! Et les propos d’Emmanuel Macron, mardi soir, ne font que rajouter de la violence !
- Comment réagissez-vous aux mots du Président de la République qui veut « emmerder les non-vaccinés » ?
- Quand on est élu, que ce soit comme maire, conseiller municipal, député ou président de la République, on est élu pour toute la population, pour tous les gens, qu’ils soient vaccinés ou non. On se doit de respecter les opinions des uns et des autres, même si on n’est pas d’accord. On n’a pas à « emmerder », à « contraindre »... Ces propos d’Emmanuel Macron sont proprement inacceptables ! On n’a jamais entendu ça de la part d’un président de la République ! On ne fait pas une loi pour « emmerder » les Français ou pour « emmerder » le monde, on fait une loi parce qu’il y a une crise sanitaire. On respecte l’ensemble de ses concitoyens, y compris ceux dont on ne partage pas l’opinion. Cette façon de procéder est insupportable ! L’ensemble des oppositions a, d’ailleurs, demandé la venue de Jean Castex dans l’hémicycle pour éclaircir la position du gouvernement. Ce climat est voulu, parce que l’élection présidentielle arrive dans quelques semaines et que le gouvernement fait de la surenchère par rapport aux Républicains (LR).
- La question pour le gouvernement n’est pas l’adoption du pass vaccinal, mais son calendrier. Pensez-vous qu’il tiendra la date du 15 janvier pour son application ?
- Il n’y a pas de doute, le texte va être adopté rapidement. Je ne vois pas la majorité LREM lâcher son candidat à quelques semaines des présidentielles, c’est inimaginable ! De toute façon, des procédures existent : le vote bloqué, l’utilisation du 49-3 à n’importe quel moment si les débats s’éternisent… Pour notre part, nous continuerons d’être présents à chaque instant de ce débat pour essayer de faire adopter des amendements, malheureusement ce n’est pas facile.
- Le Conseil constitutionnel a, pour l’instant, validé le pass sanitaire. Pourrait-il censuré le pass vaccinal ?
- Il y a la notion très importante de proportionnalité. Le Conseil constitutionnel n’a pas censuré jusqu’à présent le pass sanitaire parce qu’il estimait que les mesures étaient proportionnelles à la crise épidémique. Mais, aujourd’hui, avec le recul que l’on commence à avoir, on est obligé de constater que le vaccin est un peu moins efficace, même si on est certain qu’il évite les formes graves. Donc, on se retrouve avec un outil inadapté et la perspective que dans un mois, on aura peut-être passé le pic de l’épidémie, comme c’est arrivé avec toutes les autres vagues. Si dans un mois, il n’y a plus de circulation virale, la population doit-elle continuer à vivre sous un état d’urgence sanitaire ? Le gouvernement peut-il mettre le pays sous cloche jusqu’à juillet prochain ? C’est cela l’enjeu de la proportionnalité. Et c’est pour cela que nous ne sommes pas d’accord avec ces atteintes à la liberté de l’individu ! Pour moi, je le répète, la vaccination reste indispensable, on n’a pas beaucoup d’armes pour lutter contre cette pandémie. Il faut tout faire avec les moyens du bord pour soulager des services de santé surchargés et des soignants qui n’en peuvent plus, entre vacances annulées, plans blancs, déprogrammations d’opérations à l’hôpital… C’est le résultat d’une politique qui, depuis 30 ans, a sacrifié l’hôpital. Il faut, donc, utiliser tous les outils scientifiquement prouvés, maintenir et accentuer au maximum les gestes barrières et poursuivre la vaccination. Le pass vaccinal ou sanitaire n’a pas d’effet scientifiquement prouvé sur l’épidémie, à part à inciter quelques personnes de plus à se faire vacciner.
Propos recueillis par Nicole MARI.